Des millions de Yéménites ont afflué, ce samedi, vers la place Sabe’ine, à Sanaa, pour participer aux obsèques du président du conseil politique suprême, tué en martyr jeudi dernier (19 avril) avec six de ses compagnons, suite à un raid israélo-US contre son convoi dans la province de Hodeïda.
Ont notamment participé à ces funérailles des hauts responsables militaires et politiques, dont le nouveau président du conseil politique suprême, Mahdi Machat.
Dans une tentative de faire fuir cette marée humaine, les avions de la coalition ont mené des raids aux alentours de la place Sabe’ine. Or, les Yéménites ont répondu en criant : mort aux USA, mort à Israël et mort à Al-Saoud.
Les forces yéménites (armée + Ansarullah) pointent du doigt Washington comme le principal responsable de l’assassinat de Saleh Sammad.
Un haut responsable du mouvement Ansarullah a affirmé que M.Sammad avait été tué par les services des renseignements US. « L’Arabie saoudite et les Émirats ne disposent pas d’aéronef sans pilote comme celui qui a pris pour cible le véhicule de Saleh Ali al-Sammad », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que ce crime perpétré par Washington ne resterait pas impuni.
D’ailleurs, quelques jours avant la mort de Sammad, la DCA de l’armée et d’Ansarullah avait abattu un drone américain sophistiqué de type MQ-9 Reaper.
Pourquoi l’Arabie a intensifié ses raids
Il est à noter que l’Arabie saoudite a intensifié ses raids contre le Yémen, simultanément au troisième anniversaire de son offensive inhumaine contre son voisin du Sud.
Les avions de combat saoudiens ont bombardé à 32 reprises, au cours de ces dernières 24 heures, divers points au Yémen, faisant 2 martyrs et six blessés. En outre, l’artillerie de l’armée saoudienne a frappé plusieurs endroits dans la province de Saada, tuant un enfant et blessant un autre.
Dimanche, les chasseurs saoudiens ont également visé une fête de mariage dans la province de Hajjah, tuant et blessant des dizaines de civils.
La question qui se pose est de savoir pourquoi la coalition saoudienne a intensifié sa guerre contre le Yémen. La réponse la plus subtile à cette question est que l’intensification des attaques contre le Yémen est due aux évolutions internes en Arabie saoudite.
En mars 2015, Mohammed ben Salmane s’est servi de la guerre au Yémen comme d’un tremplin pour son ascension au pouvoir, mais après trois ans, non seulement cette guerre n’est plus à l’avantage de Ben Salmane, mais pis encore, elle a provoqué les critiques internes, régionales et internationales contre MBS. C’est pourquoi il pense qu’il pourra changer la situation à son profit grâce à l’intensification des opérations militaires au Yémen.
Outre cela, à cause de la purge anticorruption qu’il a menée contre d’autres princes du royaume saoudien, Ben Salmane se sent menacé. Sans s’attarder sur les modalités de la fusillade qui a éclaté, le dimanche 22 avril, près du palais de Ben Salmane à Riyad, cet événement a bel et bien montré que le prince héritier continue de susciter la méfiance de la famille Al Saoud.
Il y a une autre raison: les visites du prince héritier en Occident au cours du mois passé. En mars et en avril, il s’est rendu en Grande-Bretagne puis aux États-Unis. Ensuite, il s’est déplacé en France. Les trois pays qui ont attaqué conjointement en février la Syrie. Lors de ces voyages, il a tenté de conclure des contrats en armements et de distribuer des pétrodollars à Londres, Washington et Paris pour qu’ils soutiennent ses objectifs au Yémen.
Mohammad-Reda Kalhor, expert des questions du Moyen-Orient estime que Ben Salmane a tenté de profiter de l’influence des pays occidentaux pour baliser le terrain avant d’aggraver les sanctions contre Ansarullah. C’est exactement après la tournée occidentale de MBS que Londres, Paris et Washington ont intensifié leurs agissements contre le Yémen et Ansarullah au Conseil de sécurité de l’ONU.
Il semblerait que lors de ses déplacements, le prince héritier saoudien ait obtenu leur feu vert pour amplifier les opérations contre le Yémen, tout comme il avait lancé, en 2015, son offensive contre le Yémen, avec leur soutien.
Avec AlManar + PressTV