Le président roumain de centre droit Klaus Iohannis a demandé vendredi la démission de la Première ministre de gauche Viorica Dancila sur fond de bataille politique à propos d’un éventuel déménagement de l’ambassade de Roumanie à Jérusalem AlQuds occupée.
« Mme Dancila n’est pas à la hauteur de son rôle de Premier ministre de Roumanie et de ce fait, le gouvernement devient source de vulnérabilité pour la Roumanie. C’est pour cela que je demande publiquement la démission de Mme Dancila », a déclaré dans la matinée le chef de l’Etat lors d’une courte déclaration à la presse.
La Première ministre, qui n’est responsable que devant le parlement, dominé par le parti social-démocrate (PSD) au pouvoir, a « catégoriquement » rejeté cet appel, affirmant lors d’une interview télévisée n’avoir « aucune raison » de quitter ses fonctions.
Mettant en avant les « bons résultats » obtenus depuis sa nomination à ce poste en janvier, elle a estimé que les propos du chef de l’Etat « risquent d’affaiblir la position de la Roumanie sur le plan international ».
Iohannis, dont les relations avec le gouvernement social-démocrate sont notoirement tendues, avait invoqué un document adopté dans la plus grande discrétion par le gouvernement la semaine dernière et visant à étudier le déménagement de l’ambassade de Roumanie de Tel Aviv à Jérusalem. Les Etats-Unis ont prévu de déménager à partir de mai leur ambassade à AlQuds occupée.
Estimant un tel transfert contraire au droit international, le chef de l’Etat s’y oppose et déplore n’avoir pas été informé au préalable de cette décision.
Iohannis a qualifié l’initiative du gouvernement de « grosse erreur ». « En matière de politique étrangère, si on parle de documents secrets, le président doit être consulté » a-t-il insisté.
« Mme Dancila a préféré exécuter les ordres du parti », a encore déploré le chef de l’Etat, alors que la Première ministre est considérée par ses détracteurs comme une « marionnette » de l’homme fort du PSD, Liviu Dragnea.
C’est d’ailleurs ce dernier qui avait annoncé le projet de transfert de l’ambassade, prenant de court aussi bien M. Iohannis que le chef de la diplomatie Teodor Melescanu.
Dragnea a également accompagné Mme Dancila lors d’une visite en ‘Israël’ mercredi et jeudi. Au cours de ce déplacement, cette dernière a confirmé mener des consultations sur un transfert de l’ambassade mais admis ne pas disposer à ce stade « du soutien de la part de toutes les parties comme nous le voudrions ».
Interrogé par les journalistes, le chef du PSD a pour sa part réfuté le scénario d’une démission de la Première ministre, soulignant qu’elle bénéficiait toujours du soutien des sociaux-démocrates.
Empêché de prétendre au poste de Premier ministre en raison d’une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale et visé par deux autres dossiers de corruption, M. Dragnea avait fait chuter deux Premiers ministres de son propre camp en l’espace de sept mois, avant la nomination de Mme Dancila.
Selon les analystes, la cohabitation houleuse entre M. Iohannis et le gouvernement risque de se durcir, à un an et demi de la prochaine présidentielle, alors que la majorité de gauche s’emploie à réduire les prérogatives du président en matière de politique étrangère, de contrôle des services secrets ou encore de gardien de l’indépendance de la justice.
Source: Avec AFP