Le président iranien Hassan Rohani a contesté mercredi la légimité d’un éventuel nouvel accord sur le nucléaire iranien, en réponse à des propos tenus la veille en ce sens par ses homologues français et américain.
« Ensemble, avec un chef d’un pays européen, ils disent: +nous voulons décider pour un accord conclu à sept+. Pour quoi faire? De quel droit? », a demandé M. Rohani dans un discours à Tabriz (nord de l’Iran), dans une référence implicite à Donald Trump et Emmanuel Macron.
« Vous voulez décider de l’avenir [de l’accord]? Alors vous devez d’abord nous expliquer ce que vous avez fait » jusqu’ici pour l’appliquer, a déclaré M. Rohani, à l’occasion d’une cérémonie célébrant le choix de Tabriz comme capitale touristique du monde islamique pour l’année 2018.
« Vous voulez dire comment cela devrait se passer dans les prochaines années. Dites-nous s’il vous plaît d’abord ce que vous avez fait au cours de deux dernières années », a ajouté le président iranien, dont le pays accuse régulièrement les Occidentaux de manquer à leurs engagements.
Les USA et Israël mentent à propos de l’Iran depuis des décennies
Rohani a ainsi accusé le Trésor américain de prendre en otage la terre entière avec ses sanctions visant les banques qui viendraient à commercer avec l’Iran. Téhéran reproche aussi régulièrement aux pays européens de céder aux pressions des Américains.
Rohani a aussi fait allusion au fait que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), émanation de l’ONU, certifie régulièrement que l’Iran est en conformité avec les engagements qu’il a pris à Vienne pour garantir la nature pacifique de son programme nucléaire.
Avec l’accord sur le nucléaire, « nous avons montré notre bonne volonté au monde […] Nous voulions prouver au monde que l’Iran ne cherche pas à se doter d’armes de destruction massive », a-t-il assuré.
« Avec cet accord, nous avons fait tomber les accusations et prouvé que les Etats-Unis et Israël mentent à propos de l’Iran depuis des décennies », a-t-il encore déclaré.
Ils paieront cher
« Si les États-Unis foulent aux pieds le Plan global d’action conjoint (PGAC), ils paieront le prix le plus lourd de leur histoire », a avertit M.Rohani.
« Les États-Unis et leurs partenaires sont libres de prendre leurs décisions comme ils le veulent ; la nation iranienne a toutefois tenu bon face à l’adversité et sauvegardé son intégrité territoriale face à toutes les vicissitudes. Il nous faut tirer des leçons des expériences acquises après notre Révolution », a indiqué le président iranien.
Et de souligner: « Depuis quelques mois, des murmures se font entendre sur l’éventuel désengagement de Trump envers l’accord nucléaire ; si nous apposons notre signature au-dessous d’un accord, nous le faisons en fonction de nos intérêts nationaux. »
« Le principe de la politique étrangère repose sur les prix que l’on est prêt à payer. Si l’on paie un prix bas pour la prise d’une décision dans l’arène diplomatique, cela signifie que notre politique extérieure a été un succès. Cependant, si nous payons un prix élevé pour les engagements que nous avons pris sur le plan diplomatique, cela n’aura d’autre sens que l’échec de notre approche diplomatique », a-t-il affirmé.
Le président Rohani a ajouté : « Depuis plus d’un an, Donald Trump ne cesse de répéter que l’accord signé avec l’Iran était au détriment de Washington, annonçant qu’il veut en sortir. Cependant, il ne l’a pas fait, à cause des répercussions défavorables d’une telle décision. Si les États-Unis foulent aux pieds le Plan global d’action conjoint (PGAC), ils paieront le prix le plus lourd de leur histoire. »
« Le peuple iranien ne permettra à personne de décider de son sort ; il trace lui-même son propre avenir », précise-t-il.
Pour ce qui est des relations entre la RII et ses voisins, le président iranien a indiqué que l’Iran gardait toujours de bonnes relations avec les pays voisins et qu’il coopérait avec eux pour assurer un développement mutuel.
Avec PressTV + AFP