L’accord conclu dimanche entre le gouvernement syrien et le groupe terroriste Jaïsh al-Islam à Douma, dans la Ghouta orientale est entré en vigueur à partir de dimanche soir.
Vers 23h (heure locale), la milice soutenue par l’Arabie saoudite a commencé à libérer les personnes qu’elle avait enlevées durant les années au cours desquelles elle s’est emparée de la région de la Ghouta orientale.
La télévision syrienne officielle a filmé le bus transportant des femmes et des enfants sortir de Douma via le passage de Wafidine.
Selon l’agence syrienne Sana, la plupart des personnes avaient été enlevées après le massacre qui a eu lieu dans leur ville d’origine, Aadra, en décembre 2013.
Cette cité industrielle multicommunautaire située à l’Est de Douma était restée loyaliste et ses habitants ont refusé de rejoindre la rébellion en Syrie soutenue par les monarchies wahhabites du Golfe et leurs alliés les puissances occidentales.
Suite aux tueries perpétrées dans ses rues, les miliciens avaient investi ses maisons et obligé des familles entières, femmes et enfants inclus, à les suivre.
Selon ces rescapés, les auteurs de leur rapt sont aussi bien Jaïsh al-Islam, la milice soutenue par l’Arabie saoudite que le front al-Nosra, qui était encore la branche officielle d’Al-Qaïda en Syrie.
Durant leur séquestration, ils avaient été plusieurs fois montrés enfermés dans des cages qui étaient promenés dans les différents quartiers de la Ghouta.
L’agence Sana a publié les images et les témoignages poignants de ces civils libérés, lors de leurs rencontres avec leurs parents et proches dans le stade de sport de Fayha à Damas, où ils ont été évacués.
La plupart étaient des femmes, des adolescents et des enfants.
Dès l’âge de 10 ans, ces derniers étaient séparés de leur famille et utilisés comme esclaves pour creuser les tunnels.
« J’ai été enlevé de la cité industrielle de Aadra avec ma mère et tous les membres de ma famille. Je te jure par Dieu que nous avons été humiliés comme personne. J’avais l’âge de 11 ans, on m’a obligé de faire des travaux forcés très difficiles, dans les tunnels surtout », a dit un jeune adolescent rescapé de Douma, pour Sana.
« Cela fait quatre années et quatre mois, moins 4 jours que nous avons été enlevés de nos maisons, en plein jour, alors qu’ils criaient Allahou Akbar, ils étaient Jaïsh al-Islam et le front al-Nosra », a raconté une dame qui venait d’être libérée.
Et de poursuivre : « on nous a emmené à Douma via les tunnels et puis on nous a séquestrés dans une prison appelée al-Toubah (la rédemption, ndlr) … Lorsque la campagne militaire a été lancée par l’armée syrienne,- dont il faut embrasser les pieds de ses soldats, sinon nous serions encore sous séquestration, – ils nous ont distribués dans des maisons parmi les civils, ils nous ont enfermés dans des pièces qu’ils ont cloitrées au plomb. Durant 6 ou 7 mois, nous n’avons pas vu la lumière du soleil. On nous a privés de tous. Il y a des jours où à peine on nous donnait à manger 100 g d confiture. Il y avait des enfants avec nous. »
« J’étais enfermé dans une pièce, avec 6 personnes. Au début, ils nous sortaient voir un peu le soleil. 2 heures par jours. Après ils ne nous ont plus sortis… ils avaient mis l’artillerie au-dessus de nos têtes. Chaque fois qu’ils bombardaient, le toit s’effritait sur nos têtes », a raconté un petit de garçon de 6-7 ans.
Une fille rapporte avoir été enlevée à l’âge de 13 ans avec son père et sa mère et son oncle.
« Cela fait 5 ans que je suis emprisonnée avec mon mari et mes trois enfants. Ils nous avaient enlevés et voulaient nous égorger. Après, ils nous ont utilisés pour faire chanter notre Etat… nous avons passé 5 ans dans les caves souterraines, dans le noir. Sans lumière, sans air. On nous donnait à manger en quelques grammes », a aussi relaté une autre dame.
«J’étais un étudiant universitaire en éducation en quatrième année. Ils m’ont enlevé avec mes parents et mes deux sœurs… depuis le 29-12-2013. Nous n’avions rien fait. Nous en avons vu de toutes les couleurs. J’ai travaillé pendant 4 ans dans les travaux de creusement des tunnels. Nous étions comme des esclaves. Ils ont beaucoup menti. Ils sont traitres. J’ai vu mes parents crever de faim. Ils nous affamaient et ne nous donnaient à manger qu’en échange des travaux forcés. Ils nous frappaient et laissaient les gens malades, sans médicament », a rapporté quant à lui un jeune homme.
« Ils n’ont rien à voir avec l’Islam, ils parlent de l’Islam mais ne savent rien de l’Islam. Ils ne savent que la bassesse et l’ignominie », a quant à lui affirmé un vieillard qui venait d’être libéré.
Depuis la libération de ces otages et jusqu’à l’après midi de ce lundi, 33 bus transportant les miliciens et les membres de leur familles sont sortis de Douma et sont stationnés dans le passage de Wafidine pour former un premier convoi en direction de Jarablus , au nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie.
Un deuxième bus des civils enlevés de Aadra devrait aussi sortir.