Les Kurdes finissent-ils par battre leur coulpe? Alors que l’armée turque pilonne sans cesse la banlieue d’Afrin et que les frappes aériennes ne cessent sur la ville, des centaines de ses habitants ont manifesté contre le YPG, réclamant le retour de l’autorité de l’État dans leur ville.
À Manbij au nord-est de la province d’Alep, les Kurdes exigent eux aussi un changement de cap au bout des semaines de tension: les Manbijis ne veulent ni des Américains ni du YPG.
S’il est vrai que la ville ne ressemble en rien à Afrin, elle est bien sous tension dans la mesure où la Turquie menace d’étendre son action et d’attaquer la ville, une fois qu’Afrin sera “reprise”. À travers leurs slogans, les Kurdes de Syrie ont dénoncé les ingérences des Américains qui ont fait de leur ville une base de stationnement et, chose inouïe, ils ont réclamé leur soutien au président syrien.
Une source kurde à Manbij rejointe par le site Mashregh News reconnaît “la vive colère de la population kurde contre les États-Unis, leur lâchage et surtout l’instrumentalisation qu’ils ont fait des Kurdes”. Après tout, la situation à Afrin a servi de leçon aux Kurdes syriens: le YPG est composé d’une poignée de “mercenaires incompétents” et les Américains sont tout sauf des “alliés sur qui les Kurdes puissent compter”.
Toujours selon cette source, “cela fait deux ans que les forces du YPG font pluie et beau temps dans les villes kurdes du nord de la Syrie et les habitants n’osent pas faire entendre leur voix. La bataille d’Afrin a contribué à ce que la vérité soit démasquée et que le monde puisse comprendre que le YPG ne représente pas les Kurdes. Ces derniers mois, les combattants du YPG ont beaucoup nui aux populations kurdes: ils font chanter les gens et si ces derniers osent les contester, le YPG les arrête et les place en prison. Le YPG recrute aussi de force les jeunes et les envoie en guerre au risque de provoquer davantage de mécontentement de la population kurde”.
Cet activiste a abordé un autre aspect du “complot anti-kurde” planifié à la fois par les Américains et les Saoudiens et auquel a apporté sa contribution le YPG: “Les USA et l’Arabie saoudite travaillent à un changement du tissu démographique de la ville de Raqqa que les Kurdes ont repris aux terroristes de Daech. C’est un projet qui date de plusieurs mois. Mais quel est leur modus operandis ?
Dès qu’il y a la moindre protestation de la part des Kurdes de la ville de Raqqa, les autorités de la ville les arrêtent avant de les expulser. C’est à croire que la persécution de la population kurde est volontaire pour provoquer son exode. Les opposants kurdes aux Américains et aux groupes armés pro-Riyad ainsi qu’au YPG se trouvent en prison secrète”.
Ces évolutions se produisent sur fond de débâcle des combattants kurdes dans le nord de la province d’Alep, au risque de raviver les inquiétudes de la population locale. Les Kurdes de Manbij ont peur que la catastrophe d’Afrin ne se reproduise chez eux. Face à l’indifférence affichée par les Américains quant au sort réservé aux Kurdes, ces derniers se tournent désormais vers Assad.
Source: IUVMPRESS