Les protestataires contre la visite du prince héritier saoudien à Londres se sont rassemblés, mercredi 7 mars, devant le bureau de la Première ministre britannique.
Une manifestation anti-saoudienne s’est tenue à Westminster, un quartier du centre de Londres, afin d’exprimer leur opposition à la visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane au Royaume-Uni.
Selon un enregistrement vidéo, publié par le quotidien britannique The Independent, un groupe de manifestants portaient une pancarte sur laquelle était libellé : « Laissez le Yémen ! »
Plusieurs photos de cette manifestation anti-saoudienne ont été postées et partagées sur les réseaux sociaux.
Mohammed ben Salmane a quitté, le mardi 6 mars, Le Caire, capitale égyptienne, à destination de Londres. Son déplacement à Londres avait été, auparavant, reporté de crainte d’un tollé général. Mohammed ben Salmane a ordonné, en 2015, une offensive militaire contre le Yémen qui a abouti au massacre de la population civile et à la destruction des infrastructures de ce pays pauvre.
Depuis son arrivée au pouvoir, les politiques de l’Arabie saoudite vis-à-vis des pays du Moyen-Orient deviennent de plus en plus tendues et provocatrices.
Il y a quelques mois, le jeune prince héritier saoudien a ordonné l’arrestation d’un grand nombre d’hommes d’affaires et d’anciens hommes d’État saoudiens, sous prétexte de lutter contre la corruption.
La visite du prince héritier saoudien au Royaume-Uni est considérée par les militants des droits de l’homme comme une occasion permettant à l’Arabie saoudite d’intensifier ses crimes au Yémen.
Depuis le début de la guerre contre le Yémen, le Royaume-Uni a vendu à l’Arabie saoudite pour plus de 6,4 milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires.
Avant son entretien avec la Première ministre Theresa May, l’ONG Save The Children a levé le voile sur une statue représentant un enfant choqué se trouvant parmi les décombres, pour mettre l’accent sur les souffrances des enfants yéménites frappés par la famine et la mort.
Save The Children a ajouté que le blocus imposé par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite sur les ports du nord du Yémen augmente le nombre de morts. L’ONG a sommé la Grande-Bretagne à mettre fin à ses ventes d’armes à Riyad.
Qui se cache derrière cette gigantesque campagne marketing ?
Malgré ces protestations, l’accueil du prince héritier saoudien a été méticuleusement pensé par une agence de communication qui a lancé une campagne de Marketing impressionnante à laquelle participe également un diplomate britannique.
Résultat : les publicités à son effigie pullulent à Londres, que ce soit sur des panneaux publicitaires, des camionnettes, des taxis ou encore dans les pages des quotidiens anglais.
Dès son arrivée à l’aéroport de Londres, le futur dirigeant de la monarchie pétrolière pourra en effet admirer le long de l’autoroute M4 de grandes affiches qui expliquent qu’il «apporte le changement à l’Arabie Saoudite».
Sur Twitter, où le hashtag #WelcomeSaudiCrownPrince [BienvenueAuPrinceHéritierSaoudien] a été promu par l’agence de communication responsable de la campagne, de nombreux internautes londoniens ont partagé des images témoignant de cet accueil exceptionnel réservé à celui que l’on désigne souvent par ses initiales MBS.
Sur ces différents supports publicitaires, on peut par exemple lire : «Il est en train de créer une Arabie Saoudite nouvelle et vibrante». Un des journalistes du Financial Times ironise : «La presse britannique vous est livrée aujourd’hui par le royaume d’Arabie Saoudite».
Un diplomate britannique aurait piloté la campagne de communication
Une enquête du Bureau of Investigative Journalism (BIJ) a révélé qu’un diplomate britannique, Jolyon Welsh, avait été débauché par Consulum, l’agence qui pilote la campagne de communication autour de ce déplacement princier.
Ancien chef adjoint du Foreign Office, les affaires étrangères britanniques, il a reçu un congé spécial sans solde en 2014 pour devenir un des principaux directeurs de l’agence.
Ce conflit d’intérêt potentiel a suscité plusieurs réactions, dont celle du député Lloyd Russell-Moyle, membre du Comité des contrôles des exportations d’armement du Parlement britannique, a ainsi déclaré au BIJ : «C’est une chose pour le Foreign Office de couvrir politiquement l’agression des Saoudiens contre le Yémen, qui défie toute notion de proportionnalité et qui, je pense, dans certains cas constitue des crimes de guerre. C’en est une autre pour le Foreign Office d’avoir prêté son personnel à une entreprise travaillant pour l’opération de communication des Saoudiens.»
Avec PressTV + RT + AlQuds al-Arabi