Y-a-t-il un lien entre la visite de Benjamin Netanyahu à Washington et celle du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman au Caire Dimanche?
Une question qui se pose suite à la conversation téléphonique qui a eu lieu entre le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et son homologue américain Donald Trump, et ce , à peine quelques heures de la rencontre de Sissi avec son invité.
En effet, une grande partie de la visite de MBS n’a pas été couverte par les médias, notamment celle concernant les nouvelles mesures prises dans le processus de rapprochement avec l’entité sioniste, sachant que MBS estime que Sissi représente un soutien dans cette direction.
Au cours de cette visite en Egypte, il a été convenu d’allouer au royaume une vaste zone du Sinaï, soit un millier de kilomètres dans le cadre du projet saoudien Neom. Un projet dont beaucoup pense qu’il servira d’accès à la coopération saoudo-israélienne, surtout après l’abandon par l’Egypte des îles de Tiran et de Sanafir . Ces dernières permettent au royaume saoudien de se lier directement avec Israël , sachant qu’il s’est engagé à respecter les mêmes clauses auxquelles s’est engagé l’Egypte dans les accords de Camp David .
Or, au moment où MBS signait l’accord d’acquisition de nouvelles terres au Sinaï, Netanyahu a annoncé, lors d’une interview avec des correspondants israéliens à Washington, l’approbation de Riyad d’accorder à la compagnie Air India l’autorisation de survoler son territoire dans les deux directions : de Tel-Aviv à Riyad.
Par ailleurs, MBS n’a pas manqué de relancer sa campagne de propagande et de mobilisation contre l’Iran , sachant que ce dernier est l’objectif central de sa tournée à l’étranger. Cet objectif a été consacré dans une grande partie de son discours devant les médias égyptiens, en se déchainant de manière virulente contre l’Iran, allant jusqu’à la qualifier de l’une des nervures du triangle du Mal, voire comme étant un ennemi à l’Egypte et à l’Arabie Saoudite. ET ce malgré l’effort déployé par l’Egypte de ne pas tenir officiellement de discours hostile envers la République islamique de l’Iran .
Il est prévu que MBS utilise ce même discours ce Mercredi lors de sa visite au Royaume-Uni, et plus tard à Washington, avec en sous-jacent l’intention d’introduire les actions de la société Aramco dans le marché boursier.
Même son de cloche chez Netanyahu , qui a tout autant, focalisé l’attention contre l’Iran lors de sa réunion avec Trump .
Sauf que la décision de Sissi d’allouer mille kilomètres de la terre du Sinaï au prince héritier saoudien, a provoqué la colère de beaucoup d’Egyptiens . Nombreux pensent que cette affaire est un cadeau qui renforce le statut du prince dans son pays, puisqu’il a réussi à obtenir une superficie dix fois plus grande que les îles Tiran et Sanafir. D’ autres craignent que ces terres ne fassent partie de l’affaire du siècle de Trump, Netanyahu, MBS et Sissi.
Or, beaucoup estiment que des indices laissent supposer que les termes de cet accord n’ont pas encore été définis, ou du moins que cet accord n’a pas été finalisé. Parmi ces indices, la déclaration de Netanyahou après la réunion avec Trump dans laquelle il affirme qu’il n’a pas vu de projet ou de calendrier d plan US, sans compter son allusion au refus palestinien de s’asseoir à la table de négociations.
Cela dit, il est fort possible que la première étape de l’affaire du siècle soit sous forme d’ un partenariat d’investissement entre l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël afin de l’imposer comme un fait accompli aux palestiniens. Comme cela est arrivé dans le cas du transfert de l’ambassade américaine à alQods, bien que Le Caire et Riyad aient assuré Mardi « leur soutien total à l’ensemble des droits légitimes du peuple palestinien , en particulier le droit d’établir un Etat palestinien indépendant ayant comme capitale alQods-Est, sur les frontières de 1967, conformément à l’initiative de paix arabe et les résolutions internationale, basées sur la solution de deux Etats ».
Lors de sa visite au Caire, MBS a tenu à faire plaisir au régime dans le but de le gagner en tant qu’allié régional fort. Ainsi, en plus des dix milliards de dollars que le royaume offrira à une caisse commune dans le cadre du projet Neom, MBS a villipendé les opposants au régime égyptien, surtout les Frères musulmans, les accusant d’être associés à l’Iran pour déstabiliser la sécurité en Egypte et en Arabie Saoudite.
MBS a expliqué comment il a renvoyé les partisans des Frères du comité des haut-Oulémas et du pouvoir judiciaire, insistant sur son intention de poursuivre sa campagne de nettoyage dans les établissements d’enseignement . Il a ensuite attaqué la Turquie, la qualifiant de deuxième nervure du triangle Mal, quand à Qatar , il a minimisé la crise avec Doha la décrivant de « banale ».
À cet égard, il a indiqué son intention de convaincre les USA de cesser de « protéger le Qatar » , en utilisant la langage des chiffres, question de rappeler l’ampleur des investissements de son pays aux États-Unis, soit quatre fois plus que les investissements qataris.
Source: Médias