Gary Cohn, le conseiller économique de la Maison Blanche, a présenté sa démission, a annoncé la présidence américaine mardi 6 mars. Cet ancien banquier de Goldman Sachs s’opposait à la décision de Donald Trump d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium. La date de son départ n’a pas été précisée.
L’ex-numéro 2 de Goldman Sachs est l’un des principaux artisans de la grande réforme fiscale de l’administration Trump. Finalement promulguée en décembre, celle-ci fait passer de 35% à 21% l’impôt sur les sociétés et leur apportant d’autres avantages dont la possibilité de rapatrier à taux favorable leurs énormes réserves d’argent détenues par leurs filiales à l’étranger.
Mais rester à la Maison Blanche tout en s’opposant à l’idée d’augmenter les taxes sur l’acier et l’aluminium devenait impossible, car Donald Trump lui, y tient.
Le président a répété son intention d’augmenter ces tarifs douaniers lors d’une conférence de presse mardi, à l’occasion de la visite du Premier ministre suédois, au cours de laquelle l’absence de Gary Cohn a d’ailleurs été remarquée.
Le départ de Gary Cohn, qui devrait être effectif dans les semaines à venir, laissera le champ libre aux partisans d’un protectionnisme renforcé à la Washington.
Ironie de l’histoire, sa démission a été annoncée quelques minutes seulement après que Donald Trump a déclaré : « tout le monde veut travailler à la Maison Blanche. Tout le monde rêve de la Maison Blanche. »
Un « très gros choc » pour l’économie mondiale
Entre-temps, le patron de la banque centrale australienne a fustigé mercredi les menaces de Trump de taxer certaines importations, parlant d’une « mauvaise politique » susceptible de provoquer un « très gros choc » pour l’économie mondiale.
Le gouverneur de la Reserve Bank of Australia, Philip Lowe, a jugé « hautement regrettable » le projet américain, parlant de « mauvaise politique ».
« L’histoire est claire. Le protectionnisme a un coût. Cela a un coût pour le pays qui met en oeuvre le protectionnisme, et cela a un coût pour tous les autres. Ce n’est juste pas la bonne chose à faire », a déclaré M. Lowe lors d’un forum d’entrepreneurs à Sydney.
« L’étendue des dégâts reste à voir. Si cela se borne au projet actuel de hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium », je crois que cela sera gérable pour l’économie mondiale. »
« Cela pourrait virer très mal, cependant, en cas d’escalade. »
Le Canada, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et d’autres partenaires des Etats-Unis ont tous critiqué la politique préconisée par M. Trump.
Pour M. Lowe, elle pourrait entraîner un cycle de représailles mutuelles, ce qui « pourrait déboucher sur un très gros choc pour l’économie mondiale ».
« La meilleure chose à faire, peut-être la plus difficile, mais la meilleure, est de ne rien faire, de ne pas répondre et de continuer à militer pour le libre échange », a poursuivi le gouverneur.
L’Union européenne a dit préparer des mesures de rétorsion contre des importations américaines dont les motos Harley-Davidson, et les jeans Levi’s.
Le Brésil dépose une plainte
Pour sa part, le Brésil a déposé lundi une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les États-Unis et contre les nouveaux tarifs douaniers décidés par la Maison-Blanche.
Il a par ailleurs exhorté l’administration américaine à reconsidérer sa décision. « Le Brésil a ainsi déclaré à l’OMC que le système commercial mondial ne vivait pas des temps normaux et que cette institution devait désormais faire face à de sérieux défis, y compris des défis existentiels », indique le communiqué du ministère brésilien des Affaires étrangères.
Le communiqué ajoute : « Le protectionnisme est au centre des menaces [pesant sur l’OMC] et la récente annonce unilatérale d’un membre important de l’OMC, à savoir Donald Trump, porte le danger à un nouveau niveau. »
Selon une étude de la Confédération nationale de l’industrie du Brésil, de tels tarifs pourraient entraîner des pertes de 3,15 milliards de dollars américains par an pour l’industrie brésilienne.
Avec RFI + AFP + PressTV