L’offensive turque sur la région d’Afrine, dans le nord de la Syrie, ne connaît pas de répit: de nouveaux raids aériens ont visé mardi plusieurs secteurs, dans le Nord-ouest de la Syrie et de violents combats frontaliers ont été rapportés.
Des tracts en trois langues
Particularité de ce mardi 30 janvier: l’Armée turque a largué des tracts à Afrine, où elles mènent l’opération Rameau d’olivier depuis le 20 janvier.
Ecrits en en trois langues, le turc, l’arabe et le kurde, ils appellent les « frères à Afrine à coopérer pour la paix, le calme, la confiance et la prospérité », indique le site francophone de l’agence turque Andalou,.
« Il est temps de mettre fin à l’oppression des terroristes du PKK/PYD/YPG et de Daech qui tirent sur leurs voisins et qui détruisent nos mosquées, lit-on dans les tracts. Ne permettez pas aux terroristes de se servir de vos enfants, et de piétiner sur vos maisons et votre avenir. Il est grand temps de dire ‘halte’ aux terroristes. Unissons-nous contre les terroristes. Tenez-vous à l’écart d’eux. Afrine appartient à son propre peuple. »
Offensive et dialogue
La poursuite de l’opération « Rameau d’olivier », lancée il y a 10 jours, intervient alors que la Turquie est un acteur central des pourparlers sur la Syrie qui se tiennent ce mardi sous l’égide de la Russie à Sotchi: sur les rives de la mer Noire, des représentants de la société civile et des politiques syriens tentent de discuter d’une solution au conflit ravageant leur pays depuis 2011.
Ciblées par l’offensive turque, les autorités semi-autonomes kurdes ont indiqué qu’elles n’y participeraient pas. Et, ce mardi, pour le dixième jour consécutif, l’aviation d’Ankara a pilonné leur enclave d’Afrine, située à la frontière avec la Turquie.
Dans le même temps, en Turquie, les autorités ont arrêté mardi 11 membres d’une association de médecins ayant critiqué l’offensive, durcissant ainsi leur campagne envers les voix discordantes.
Depuis le 20 janvier, 311 personnes soupçonnées d’avoir fait de la « propagande terroriste » sur les réseaux sociaux contre l’offensive d’Afrine avaient déjà été arrêtées, selon le ministère de l’Intérieur.
Affrontements avec les combattants pro gouvernementaux
Sur le volet militaire, les frappes aériennes turques de mardi matin ont visé les secteurs de Rajo et de Jandairis, dans le nord-ouest et le sud-ouest de la région d’Afrine, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Dans ces secteurs, de violents affrontements opposent les forces turques et leurs alliés parmi les rebelles syriens aux combattants kurdes, selon l’ONG.
« Depuis lundi, la Turquie a intensifié ses frappes aériennes », a fait valoir le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les avions turcs survolent également la ville même d’Afrine, où le bruit des bombardements dans les collines environnantes se fait entendre, d’après un correspondant de l’AFP.
Lundi, la Turquie a renforcé ses positions militaires dans le nord syrien, et un convoi composé de dizaines de véhicules militaires a franchi la frontière, dans l’objectif de rejoindre un secteur situé à une quarantaine de km au sud d’Afrine.
Mais, durant la nuit, des tirs fournis de combattants pro-gouvernementaux ont barré la route du convoi, l’obligeant à changer de destination pour se rendre finalement dans l’ouest de la province d’Alep, selon l’OSDH.
Lourd tribut
Depuis le 20 janvier, la Turquie mène une offensive dans l’enclave d’Afrine pour en chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme « terroristes » par Ankara, et soutenus par Washington.
Depuis le lancement de cette offensive, 85 combattants kurdes ont été tués, tandis que 81 rebelles pro-Ankara ont péri, selon l’OSDH.
Les civils ont également payé un lourd tribut, et 67 personnes dont 20 enfants ont été tués dans des bombardements turcs depuis le lancement de l’opération, d’après la même source.
Ankara nie viser les civils, assurant prendre pour cible uniquement les combattants et les positions militaires.
Evoquée depuis plusieurs mois, l’intervention turque à Afrine a été précipitée par l’annonce de la création d’une « force frontalière » incluant notamment des YPG, et parrainée par la coalition internationale emmenée par Washington.
Ankara n’a jamais accepté l’autonomie de facto établie par les Kurdes dans le nord de la Syrie à la faveur du conflit qui ravage ce pays depuis 2011, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.
‘Eliminer la menace’
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est une nouvelle fois monté au créneau mardi, devant la majorité parlementaire de son parti politique.
L’offensive « ne va pas s’arrêter avant que nous ayons éliminé la menace terroriste de notre frontière », a-t-il martelé.
Ignorant les appels de l’Otan et des Etats-Unis à la « retenue », Ankara se dit déterminé à élargir l’offensive vers l’est, notamment à la ville de Manbej tenue par les Kurdes et où sont stationnées des forces américaines.
Source: Avec AFP