Le chiffre 13 n’aura porté aux Libanais que 29 mois, au cours desquels l’élection du 13ème président aura été impossible et la vacance institutionnelle est restée de vigueur. Ce lundi, ce mauvais sort semble s’être dissipé.
Avec une majorité absolue des membres du Parlement libanais, le chef du Courant patriotique libre le général Michel Aoun a été élu président de la République libanaise.
Un score qu’il n’a obtenu qu’au second tour, entaché par quelques futilités : pendant les deux premières collectes des voix, un double bulletin a été glissé dans le coffre, apparemment volontairement, portant leur nombre à 128 au lieu de 127.
Au bout de la troisième collecte, ce sont 83 députés qui ont accordé leur voix à la candidature d’Aoun, contre 36 votes blancs et 8 annulés. Sachant que 127 député libanais étaient présents pour le vote, le 128ème ayant démissionné depuis deux mois.
Les blocs parlementaires qui lui étaient acquis dans leur grande majorité sont : celui du camp du Futur, qui a toujours refusé sa candidature et avec lequel un accord a été conclu dernièrement, celui du Hezbollah, celui du PSP, et celui des Forces Libanaises.
Quant aux élus du mouvement Amal, ceux du candidat qui s’est retiré Sleimane Frangiyeh et ceux des Phalanges (Kataëb), ils ont refusé de lui accorder leurs voix.
Discours d’investiture
Dans son discours d’investiture, le général Aoun a assuré vouloir oeuvrer pour l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, alors que celle qui est en vigueur date depuis les années 60 du siècle dernier.
Il s’est particulièrement inquiété de la présence de plus d’un million de réfugiés syriens au Liban. « Nous devons nous assurer du retour rapide dans leur pays des déplacés syriens et œuvrer pour que les camps de déplacés ne se transforment pas en zones hors de contrôle ». « Il ne peut y avoir de solution en Syrie qui ne comprennent pas, ou ne commencent pas, par le retour des déplacés », a-t-il souligné.
Il a soutenu une mise à l’écart du Liban des conflits externes et le respect des clauses de la Ligue arabe.
« Le Liban est épargné jusqu’à présent par les incendies qui consument la région, et notre priorité est d’empêcher qu’une étincelle atteigne (le Liban). Il est donc nécessaire d’éloigner le Liban des conflits régionaux », a-t-il déclaré.
Selon lui, le terrorisme doit toutefois « être combattu par des moyens préventifs ».
« Nous n’épargnerons aucun moyen pour libérer notre territoire occupé par Israël », a-t-il ajouté.
Le général Michel Aoun a toujours été le candidat favori du Hezbollah, qui l’a soutenu dès le début. Durant la guerre 2006, il avait appuyé sans faille la résistance dans sa guerre conte Israël. Raison pour laquelle le résultat du scrutin est présenté comme une victoire du parti de la Résistance islamique.
Le si cher au Hezbollah
C’est du moins l’avis des médias israéliens . Directement après le vote, le quotidien israélien Yediot Aharonot a titré: » Après 886 jours, le Liban élit président Michel Aoun, le si cher au Hezbollah ». « Nasrallah est le grand victorieux des élections présidentielles », intitule le site israélien NRG, dans un même son de cloche.
Quant au site Walla, il conclut dans son commentaire sur le scrutin présidentiel; libanais: » l’accession de Aoun à la présidence constitue une victoire pour l’axe soutenu par l’Iran face à celui appuyé par l’Arabie saoudite sur l’avenir du Liban. Hariri et son bloc ont tenté de faire face à la montée de cet axe , mais en vain. L’admission de Aoun par Hariri est une sorte de reconnaissance de la supériorité des alliés de l’Iran au Liban ».
Justement, l’une des premières réactions internationales est venue de l’Iran. « L’élection du général Michel Aoun est la preuve que le Liban est le pays de la cohabitation entre les différentes religions », a indiqué son ministère des affaires étrangères.
La Syrie exultait aussi. Le quotidien proche du pouvoir Al-Watan publie à la une la photo de Michel Aoun, avec ce commentaire: « C’est le triomphe de la résistance, de la Syrie et de ses alliés. C’est le triomphe de Michel Aoun. C’est la victoire pour l’option nationale ».
A l’heure de l’écriture de cet article, les Libanais se préparent pour fêter l’accomplissement de cette investiture. Un grand rassemblement devrait avoir lieu sur la place emblématique des Martyrs, ce lundi soir.
Tout de suite après, un nouvel enjeu sera au rendez-vous: celui de la formation du gouvernement libanais. Sa présidence est d’ores et déjà concédée à Saad Hariri, le chef du courant du Futur. La désignation des ministres risque toutefois de prendre quelques mois. A suivre.
Sources: al-Manar, AFP
Source: Divers