Ces derniers temps, les attaques des terroristes contre les bases militaires russes en Syrie sont au cœur de la guerre dans ce pays.
Le 31 décembre dernier, ils ont bombardé la base aérienne russe de Hmeimim. Le 6 janvier a suivi une vaste attaque de drones non seulement contre la base de Hmeimim, mais également contre le centre logistique russe de Tartous, écrit vendredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Ces attaques ont provoqué un nouveau cycle de tensions dans les relations entre la Russie et les USA. Le Pentagone a déclaré que les extrémistes utilisaient des drones disponibles à la vente mais le ministère russe de la Défense a rétorqué que pour une telle attaque, les terroristes devaient disposer d’une école d’ingénieurs de l’une des pays les plus développés au monde et des données de renseignement spatial. De plus, pendant l’attaque de drones contre les bases russes, un avion de reconnaissance Poseidon de la marine américaine sillonnait le ciel de la Méditerranée entre Tartous et Hmeimim.
Il semblerait que la Russie et les USA s’approchent de plus en plus d’un «affrontement indirect».
Le concept de base d’un tel affrontement est élaboré aux USA depuis 25 ans. La stratégie militaire nationale des USA présentée en 1995 évoquait déjà la possibilité d’un conflit limité avec des puissances nucléaires (la Russie et la Chine) sur le territoire de pays tiers. Mais après la guerre de Géorgie en 2008, les experts américains étaient préoccupés par le développement relativement rapide des systèmes antiaériens des rivaux des USA. Selon eux, la Russie et la Chine pourraient déployer des systèmes antiaériens dans certaines régions et les proclamer fermées aux USA et à leurs alliés. Certes, théoriquement, les USA pourraient neutraliser certains systèmes antiaériens. Mais la tâche sera compliquée à cause des lourdes pertes en matériel coûteux qu’elle induirait et du risque d’escalade du conflit avec les puissances nucléaires.
Pour sortir de l’impasse stratégique, le Centre pour la nouvelle sécurité américaine a mis au point en 2013 la «Troisième stratégie de compensation» (Third offset strategy), qui consiste à neutraliser la défense antiaérienne ennemie grâce à un «essaim» (swarm) de drones petits et bon marché, aussi bien de reconnaissance que d’attaque. En attaquant comme un essaim, ces drones de nouvelle génération pourraient détruire des systèmes antiaériens intégrés des ennemis potentiels en neutralisant le matériel informatique et offensif. En face, la destruction de l’essaim serait très difficile grâce à une organisation en réseau commun.
Officiellement, le Pentagone a adopté la Troisième stratégie de compensation en février 2015. Elle était initialement considérée par les sceptiques comme une réédition des concepts de l’administration de Jimmy Carter (1977-1980). Mais le test de ses composantes en Syrie pousse à l’analyser sous un autre angle. Cette stratégie n’a pas seulement une dimension militaire, mais également politique.
Les USA éprouvent un intérêt grandissant pour les guerres de l’époque préindustrielle, dont la plupart étaient limités en termes de cibles (imposition d’un compromis à l’adversaire) et de théâtre d’opérations (un territoire préalablement limité n’affectant pas directement les grandes puissances). L’expérience de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Syrie prouve qu’il ne faut pas exclure de telles guerres limitées. Un dilemme se pose donc pour les grandes puissances: soit élaborer un code de conduite dans les conflits régionaux, soit réduire le seuil d’usage de la force.
Source: Sputnik