Des Palestiniens chrétiens ont manifesté samedi à Bethléem, en Cisjordanie occupée, pour protester contre la vente par l’Eglise grecque-orthodoxe de biens fonciers à Israël, à l’occasion du Noël orthodoxe que les chrétiens de tradition orientale fêtent dimanche.
Les municipalités de Bethléem et celles voisines de Beit Sahour et Beit Jala, toutes en Cisjordanie, ont appelé au boycott des célébrations de Noël.
Le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem Al-Quds a souvent été accusé par les Palestiniens de vendre ou louer ses biens fonciers à Israël.
Les manifestants ont tenté samedi de bloquer le convoi du Patriarche grec-orthodoxe, Théophile III de Jérusalem, qui se rendait à l’église de la Nativité à l’occasion des célébrations de Noël.
Des affrontements ont opposé manifestants et forces de sécurité palestiniennes mais le patriarche a pu rejoindre en toute sécurité l’église de la Nativité, construite à l’endroit où le Christ est né selon la tradition biblique, pour la traditionnelle veillée de Noël.
« Nous sommes là pour empêcher l’entrée du traître Théophile », a déclaré à l’AFP Salama Chahine, militante du Mouvement de la jeunesse arabe orthodoxe.
« Nous ne voulons pas de cet homme. Il doit être jugé car il a trahi la patrie, l’Eglise et tous les principes humains », a-t-elle ajouté.
Les municipalités ont appelé au boycott par les fidèles des célébrations pour protester contre la vente controversée de biens fonciers de l’Eglise grecque-orthodoxe à des groupes œuvrant à la colonisation israélienne à Jérusalem-Est occupée.
Dans l’église, le patriarche a été accueilli par des responsables palestiniens, notamment le gouverneur de Bethléem Jibrine Bakri, a indiqué l’agence officielle Wafa.
‘La pratique continue’
Le maire de la ville chrétienne de Beit Jala a réclamé la mise à l’écart du patriarche.
« Notre action aujourd’hui vise à protester contre le patriarche en raison de la vente de terres de (l’Eglise) orthodoxe », a précisé Nicolas Khamis à l’AFP.
En 2004, trois entreprises liées à l’association juive israélienne Ateret Cohanim, œuvrant pour la colonisation juive de Jérusalem-Est, ont acquis dans le cadre d’un bail emphytéotique trois bâtiments de l’Eglise grecque-orthodoxe dont l’hôtel Petra et l’Imperial Hotel ainsi qu’un immeuble résidentiel dans la Vieille ville de Jérusalem.
Ces acquisitions avaient provoqué la colère des Palestiniens, qui considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent, et entraîné la destitution en 2005 du patriarche Irénéos Ier, prédécesseur de Théophile III.
Mais selon M. Khamis, la pratique continue.
« Théophile III a ignoré toutes (nos) demandes et continué à vendre cette terre en dépit de l’opposition de la majorité (des chrétiens) », a-t-il déploré.
En août, le patriarche avait lui-même dénoncé une décision de la justice israélienne donnant le droit à Ateret Cohanim d’acquérir les biens appartenant à l’Eglise.
Il avait assuré que l’Eglise ferait appel devant la Cour suprême israélienne de ce jugement qu’elle considère « partial » et « politique ».
L’Eglise avait engagé des poursuites contre Ateret Cohanim, affirmant que ces acquisitions avaient été conclues illégalement et sans son autorisation. La bataille en justice a duré plusieurs années et le jugement rendu en août était le dernier rebondissement de longs démêlés politico-religieux et financiers qu’a connus le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem.
L’Eglise grecque orthodoxe compte près de 200 millions de membres dans le monde. Ses fidèles palestiniens sont estimés à quelque 90.000 et elle constitue la principale communauté chrétienne en Terre sainte.
Source: Avec AFP