Les dirigeants palestiniens ont laissé éclater mercredi une colère inédite contre les Etats-Unis après la décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, une proclamation potentiellement explosive saluée avec effusion par les dirigeants sionistes.
Trump a confirmé les craintes des pays arabes et d’une grande partie de la communauté internationale, inquiète d’une flambée de violences. Il a annoncé la reconnaissance de Jérusalem AlQuds occupée comme la capitale d’Israël.
Avant même son allocution mercredi, des milliers de Palestiniens furieux avaient marché après la prière vers le monument du soldat inconnu à Gaza, où ils ont brûlé les drapeaux américain et israélien et chanté « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël ».
La municipalité de Bethléem a fait éteindre le sapin de Noël sur la place centrale de cette ville largement chrétienne de Cisjordanie occupée, en forme de protestation.
Le contraste était saisissant avec la projection, par la municipalité israélienne de Jérusalem AlQuds occupée, d’une vaste bannière étoilée à côté du drapeau à l’étoile de David sur les murs de la Vieille ville sainte.
Les Palestiniens ont appelé à trois « jours de rage » à partir de mercredi dans toutes les régions de la Palestine, dont à Jérusalem AlQuds.
Des Palestiniens ont prévu ce jeudi un rassemblement à Ramallah en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis 50 ans.
Dans le camp de réfugiés de Jabalia dans le nord de Gaza, les Palestiniens ont investi les rues en soutien à AlQuds.
« AlQuds est la ville historique des musulmans et peu importe la durée de son occupation, elle restera à jamais la capitale de la Palestine », a déclaré Mohamed Abu Askar, un dirigeant du Hamas devant les manifestants dans le camp de Jabalia.
« Les tentatives de judaïsation de la ville d’AlQuds et celle d’en faire la capitale d’Israël montrent au grand jour le soutien de Washington à ce régime et dévoilent le vrai visage des États-Unis », a affirmé Abu Askar, cité par PressTV.
Cette haute autorité du Hamas a demandé à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité autonome de la Palestine de révoquer la reconnaissance d’« Israël » comme étant un État indépendant.
Il a appelé les pays arabes et islamiques à entreprendre des actions en soutien à la ville d’AlQuds et à faire face à toutes les tentatives de normalisation de relations avec Israël, car AlQuds est une question qui importe tous les pays musulmans.
Ouverture « des portes de l’enfer pour les intérêts US »
« Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies », a déclaré le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, indique l’AFP.
La décision de M. Trump « ne change rien à la réalité de Jérusalem… ville palestinienne arabe chrétienne et musulmane », a dit M. Abbas.
C’est « l’arrêt de mort du projet de règlement au Proche-Orient », a réagi dans un communiqué le Jihad islamique, deuxième formation de résistance palestinienne.
Le vice-président du Jihad islamique, Ziad Nakhalé, a qualifié de « déclaration de guerre » la décision de Trump, tout en sollicitant au « soulèvement de la Nation (Oumma) face à l’arrogance américaine », indique le site PalToday.
La première, le Hamas a prédit que la décision de M. Trump ouvrait « les portes de l’enfer pour les intérêts américains dans la région ».
La droite israélienne, elle, se répandait en expressions de gratitude.
« Merci Trump », a déclaré la ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked, « les Palestiniens doivent savoir que les règles du jeu ont changé. Le navire a changé de cap. Je leur conseillerai de ne pas mettre à l’épreuve la tolérance israélienne avec leurs menaces terroristes ».
Un jour historique pour Netanyahu
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué un jour « historique » prétendant par ailleurs l’engagement israélien à maintenir le « statu quo » sur les lieux saints à Jérusalem AlQuds.
Netanyahu a en outre appelé les autres pays à suivre l’exemple des Etats-Unis et à transférer leur ambassade à Jérusalem.
Trump isolé sur la scène internationale
Avec cette décision, le président américain s’isole sur la scène internationale. A la demande de huit pays, dont l’Egypte, la France et le Royaume-Uni, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU a été fixée à vendredi matin.
La Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, a dénoncé « une violation du droit international » et de la charte des Nations unies. La Turquie a condamné une décision « irresponsable ».
L’Iran, bête noire de M. Trump, a jugé que la décision américaine provoquerait une « nouvelle Intifada ».
De son côté, le bureau du président syrien, Bachar al-Assad a annoncé dans un communiqué que la ville sainte d’AlQuds restera la capitale éternelle d’une Palestine indépendante.
« Aucun pays ou président ne pourra déterminer l’avenir de la ville sainte d’alQuds, mais par contre c’est l’histoire et la volonté des fidèles à la cause palestinienne qui en détermineront son destin », lit-on dans le communiqué du président syrien.
Le président français Emmanuel Macron a qualifié cette décision de « regrettable » et appelé à éviter à tout prix les violences. « Nous ne sommes pas d’accord avec la décision américaine », a déclaré la Première ministre britannique Theresa May, tandis que l’UE faisait part de sa « sérieuse préoccupation ».
Avant même son discours, des dirigeants du monde entier avaient appelé Donald Trump à peser ses mots et mesurer les conséquences de ses actes, tant Jérusalem AlQuds est un chaudron diplomatique.
« Je ne peux taire ma profonde inquiétude », a déclaré le pape François qui ne peut qu’accorder un intérêt tout particulier à la ville qui abrite les lieux les plus saints des trois grandes religions monothéistes.
Pour sa part, l’Algérie a vivement dénoncé la décision américaine. « C’est une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité qui remet en cause toute possibilité de relancer le processus de paix », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.
Le ministre algérien a réitéré son soutien total aux droits inaliénables du peuple palestinien. Il a appelé la nation arabe et la communauté internationale à se mobiliser pour la réhabilitation des droits du peuple palestinien et le rétablissement du statut initial d’AlQuds.
Washington lance « immédiatement » les préparatifs pour déménager l’ambassade US
M.Trump a estimé mercredi soir qu’ »il est temps d’officiellement reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ». Lors d’une brève allocution au cours de laquelle il a revendiqué « une nouvelle approche » sur ce dossier épineux, le président américain a prétendu que « les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties ».
Trump a par ailleurs ordonné de préparer le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, sans fixer de calendrier pour ce déménagement qui devrait prendre des années.
Le département d’Etat va lancer « immédiatement » les préparatifs tout en renforçant la sécurité pour protéger les Américains au Proche-Orient, a annoncé peu après le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson.
Un proche conseiller du secrétaire d’Etat, R.C. Hammond, a démenti des informations selon lesquelles Rex Tillerson et le ministre de la Défense Jim Mattis étaient opposés à l’annonce de Donald Trump sur Jérusalem AlQuds pour des raisons de sécurité. Mais, a-t-il ajouté, le chef de la diplomatie a demandé au président, et obtenu, de disposer de suffisamment de temps en amont pour contacter les ambassades américaines à l’étranger au sujet des mesures de sécurité à prendre en cas de manifestations violentes.
Les missions diplomatiques qui ont demandé à Washington des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité les ont reçus, a-t-il ajouté.
Source: Médias