Le chef du centre du Bahreïn pour le dialogue et la tolérance cheikh Maysam Al-Salmane a accusé les autorités bahreïnies de vouloir tuer le à feu doux le guide spirituel du peuple bahreïni, cheikh Issa Qassem.
Ayant soutenu le mouvement de contestation populaire qui avait secoué dans la foulée du printemps arabe cet émirat gouverné par la dynastie des Khalifa depuis plus de deux siècles, Cheikh Qassem a été déchu de sa nationalité et condamné à l’expulsion. Comme il a refusé cette sentence inique, il a été mis sous résidence surveillé et son quartier résidentiel est sous siège depuis 2016.
« L’ayatollah Qassem est toujours sous résidence surveillée et le siège dont il fait l’objet le prive de son droit élémentaire d’être soigné… le fait de le priver de son droit de se déplacer et de choisir librement le traitement hospitalier dont il a besoin veut dire qu’il est en train d’être tué à feu doux, dans sa maison », a déploré cheikh Samane, depuis la capitale libanaise Beyrouth.
Et de poursuivre : « chaque moment qui passe sans traitement raccourcit sa vie. Il passe la plupart de son temps au lit… il ne pèse plus que 40 kg… il urine du sang… même ses enfants n’ont plus le droit de lui rendre visite ».
Cheikh Samane a réclamé la suspension du siège imposé par les autorités bahreïnies à la région alDaraaz ainsi que la suspension de la résidence surveillée.
Condamnant la sentence juridique qui lui a été infligée, le militant bahreïni a rappelé que cheikh Qassem est l’un des auteurs de la première constitution du Bahreïn.
« Durant sa lutte non seulement il n’a jamais appelé à la violence mais il l’a strictement interdite », a conclu cheikh Salmane.
Dans l’après-midi de ce jeudi, des manifestations ont éclaté dans l’ile Satrat, à l’est du pays, pour réclamer sa libération et des accrochages ont eu lieu.
Intronisée par les Britanniques depuis plus de deux siècles, la dynastie des Khalifa gouverne d’une main de fer le peuple bahreïni. Avec l’aide des forces saoudiennes, elle réprime depuis 2011 le mouvement de contestation populaire pacifique qui réclamait des réformes politiques dont des instances représentatives et participatives de la population.
Des dizaines de Bahreïnis ont été tués et blessés durant les assauts lancés par les forces de l’ordre contre les manifestations pacifiques qui ont émaillé ce mouvement. Et plus de 480 personnes ont été déchues de leur nationalité. En même temps, Manama procède à un changement démographique de la pupulation en naturalisant des ressortissants bengalais, pakistanais ou autres.
Pour décrédibiliser ce mouvement, Manama mène une importante campagne de désinformation dans le monde. Elle l’accuse de collusion avec l’Iran et le Hezbollah, et fait brandir des velléités sectaires en montant les Sunnites contre les Chiites, qu sont majoritaires dans ce pays. Le siège qu’elle impose à Al-Darraz est présenté pour les médias occidentaux par ses ambassades comme visant à « renforcer les mesures de sécurité ».
Abritant la 5ème flotte de la marine américaine, Manama jouit d’un soutien infaillible de la part des puissances occidentales, d’autant qu’elle avance à grand pas vers la normalisation avec l’entité sioniste. Ce qui explique l’indifférence mortifère avec laquelle les revendications du peuple bahreïni sont accuellies.