Le prince héritier d’Arabie saoudite a déclaré que l’implication présumée de l’Iran dans la fourniture de missiles aux forces d’Ansarullah du Yémen était « une agression militaire directe par le régime iranien », a rapporté mardi l’agence officielle SPA.
« Cela pourrait être considéré comme un acte de guerre contre le royaume (saoudien) », a ajouté le prince Mohammed ben Salmane, 32 ans, lors d’un entretien téléphonique avec le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, a ajouté l’agence SPA.
Samedi soir, un missile tiré par Ansarullah depuis le Yémen a visé l’aéroport international de Ryad d’où sont lancés les raids meurtriers saoudiens contre le Yémen.
Zarif répond à Jubeir
L’Arabie saoudite a accusé l’Iran de fournir des équipements militaires clandestinement aux forces yéménites (armée + Ansarullah).
Plus tard, le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé que le tir de missile était « une action indépendante (des forces yéménites) en réaction à plusieurs années d’agression des Saoudiens » et que l’Iran n’avait rien à voir là-dedans.
Lundi, le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a prétendu que: « les ingérences iraniennes dans la région nuisent à la sécurité des pays voisins (…). Nous ne tolèrerons aucune atteinte à notre sécurité nationale ».
Son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, lui a répondu sur Twitter: « L’Arabie saoudite bombarde le Yémen et le réduit en mille morceaux, tuant des milliers d’innocents, dont des bébés, propageant le choléra et la famine, mais rejette bien entendu la faute sur l’Iran ».
La coalition dirigée par l’Arabie a dit qu’elle se réservait le droit de répondre à l’Iran « de manière appropriée et au moment opportun ». Elle a dans ce contexte décidé de renforcer le blocus du Yémen: cela revient à fermer de « manière provisoire » les frontières aérienne, maritime et terrestre, sauf aux cargaisons humanitaires.
L’ONU a pourtant indiqué lundi que deux vols humanitaires à destination du Yémen avaient dû être suspendus.
Le Yémen avertit les aéroports saoudiens et émiratis
Face à l’escalade saoudienne, l’armée yéménite a appelé toutes les compagnies aériennes du monde à ne pas emprunter les aéroports saoudiens et émiratis.
« Lors de l’offensive contre l’aéroport international du roi Khaled de Riyad, nous avons essayé de ne pas faire de victimes civiles », a ajouté le porte-parole des forces armées yéménites, cité par l’agence Tasnim News.
« Le missile tiré sur l’aéroport du roi Khaled était un tir de sommation. Nous appelons toutes les compagnies aériennes de ne pas permettre à leurs avions d’atterrir dans les aéroports saoudiens et émiratis », a-t-il indiqué.
Et d’expliquer : « les forces yéménites ont développé la portée et la précision de leurs missiles, en se servant des expériences de la Russie et de la Corée du Nord ».
Il a par ailleurs averti que « si les agressions contre le peuple yéménite se poursuivaient, les représailles se multiplieraient ».
La marine menace les navires de la coalition
Dans ce contexte, la force navale yéménite a dévoilé plusieurs missiles anti-navires de type « Mandeb ».
Un porte-parole d’Ansarullah a mis en garde la coalition contre tout acte stupide à l’encontre des côtes ouest du pays. « Le peuple yéménite réagira alors d’une façon décisive dans la mer rouge », a-t-il averti.
Les forces de la marine yéménite ont pour leur part menacé les navires de la coalition saoudo-US. Ils seront des cibles légitimes dans le cadre de notre riposte aux agressions de l’ennemi contre le peuple yéménite.
L’ONU exhorte l’Arabie Saoudite à mettre fin à un blocus « catastrophique »
Parallèlement, les Nations unies ont appelé mardi l’Arabie Saoudite à mettre un terme au blocus qui empêche l’acheminement de l’aide au Yémen, alors même que le pays connaît la pire crise humanitaire de la planète.
« Les opérations humanitaires sont bloquées à la suite de la fermeture ordonnée par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite », a déclaré le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d’un point de presse.
« Si ces canaux (…) ne sont pas maintenus ouverts, ce sera catastrophique pour les gens », a-t-il ajouté.
Il a exhorté la coalition à laisser entrer la « nourriture, le carburant et les médicaments », alors que quelque 7 millions de personnes au Yémen vivent dans des conditions proches de la famine.
Avec AlManar + AlMasirah +PressTV+ AFP