Des centaines de personnes ont manifesté mardi dans la capitale yéménite Sanaa, pour dénoncer « la complicité de l’ONU » dans la guerre saoudo-US qui frappe le Yémen depuis 19 mois.
Les protestataires se sont rassemblés devant un hôtel de l’est de Sanaa où logeait le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui tente en vain d’obtenir une cessation des hostilités et une reprise des pourparlers de paix en panne depuis début août, rapporte l’AFP.
« Dégage, dégage », scandaient les manifestants à l’adresse du médiateur de l’ONU qu’ils accusent d’être « de connivence avec les Al-Saoud », la famille régnante en Arabie saoudite qui dirige la coalition depuis mars 2015.
« L’ONU et le Conseil de sécurité sont complices des tueries des Yéménites », pouvait-on lire sur l’une des banderoles agitées par les manifestants qui arboraient des photos de victimes du carnage du 8 octobre à Sanaa où plus de 140 personnes ont péri dans des raids aériens de la coalition contre une cérémonie funéraire.
« Les Yéménites sont massacrés et nous tenons l’ONU pour responsable des pratiques de l’Arabie saoudite, des Etats-Unis et d’Israël », ont lancé des protestataires, encadrés à distance par des civils en armes qui ont bloqué tous les accès du secteur où se tenait la manifestation.
Les manifestants se sont ensuite dispersés, alors que le médiateur de l’ONU devait quitter Sanaa.
La guerre saoudienne contre le Yémen a fait près de 6.900 morts, pour plus de la moitié des civils, selon l’ONU.
‘20.000 Yéménites bloquées’
De plus, cette coalition impose un embargo aérien et maritime contre le Yémen.
« Des milliers de personnes parmi lesquelles des étudiants, des malades ou de simples citoyens ne peuvent plus voyager », constate le directeur de l’aéroport de Sanaa, Khaled al-Chayef, en faisant remarquer que cela vaut aussi pour des Yéménites se trouvant à l’étranger.
« Le préjudice est énorme », renchérit le directeur du trafic aérien, Mazen al-Soufi.
« Il y a 20.000 personnes qui sont bloquées à l’étranger et qui veulent rentrer au Yémen », affirme-t-il.
« Des personnes atteintes de maladies graves meurent chaque jour », faute de pouvoir être évacuées pour des soins à l’étranger, « et il y a des étudiants qui sont en train de rater leur année scolaire » dans les universités étrangères.
Le coordinateur humanitaire de l’ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, a déploré ces restrictions aériennes. « L’un des plus gros problèmes auxquels nous faisons face, ce sont les vols aériens yéménites qui ne viennent pas à Sanaa ».
« Nous appelons toutes les parties à permettre la reprise de ces vols afin que les gens obtiennent le répit dont ils ont tant besoin », a-t-il ajouté.
Les restrictions dans les mouvements de l’aide humanitaire d’une manière générale sont une préoccupation constante. Il y a « de nombreuses difficultés », explique Adham Musslam, directeur adjoint au Yémen du Programme alimentaire mondial, en citant notamment les permissions pour faire entrer de l’aide qui « prennent 4 à 5 mois ».
Source: Agences