Le groupe Etat islamique (EI) a perdu son fief syrien de Raqa, mais le sort de centaines de jihadistes étrangers qui étaient supposés se battre jusqu’à la mort demeure un mystère.
Conquise par l’EI en 2014, la ville est rapidement devenue un symbole de la terreur exercée par les jihadistes qui y ont mené les pires exactions et planifié des attentats à l’étranger comme ceux de Paris en 2015 et celui de Barcelone en août.
Qui étaient les combattants de l’EI à Raqa?
Après la proclamation du « califat » de l’EI en 2014 sur les territoires conquis en Irak et en Syrie, des milliers de combattants locaux et étrangers ont rejoint les rangs de l’organisation ultraradicale, Raqa devenant la « capitale » de facto des jihadistes dans le nord de la Syrie.
Au fil des ans, près de 40.000 combattants étrangers auraient rejoint les rangs du groupe jihadiste, se déployant sur un territoire qui, au moment de l’apogée de l’EI, était aussi grand que l’Italie, selon des responsables américains.
A Raqa, les jihadistes ont farouchement résisté aux Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance de combattant kurdes et arabes soutenue par Washington qui est entrée dans la ville début juin.
En plus de quatre mois, les FDS ont progressivement reconquis 90% de la métropole du nord syrien, où moins d’un millier combattants, syriens et étrangers, étaient retranchés.
Où sont passés les jihadistes?
Les hauts commandants de l’EI auraient quitté Raqa avant l’entrée des FDS dans la ville. Des centaines de combattants ont par ailleurs été tués dans les affrontements avec les FDS et par les frappes aériennes menées par la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.
Avec la fin de la bataille, des responsables locaux ont négocié un accord permettant aux jihadistes syriens de se rendre avec leurs proches aux FDS.
Mais selon le Conseil civil de Raqa, l’administration locale qui a mené les négociations, et la coalition internationale, aucun jihadiste étranger ne faisait partie des combattants qui se sont rendus ce week-end.
Durant les derniers jours de combats, la coalition et des responsables des FDS estimaient que des centaines de jihadistes, principalement des étrangers, étaient toujours retranchés dans la ville, prêts à se battre jusqu’à la mort.
Durant les dernières 24 heures d’affrontements, aucune information n’a filtré sur le sort de ces combattants. On ne sait pas s’ils se sont rendus ou s’ils ont été tués.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, un groupe de 130 à 150 combattants étrangers se sont rendus avant la fin de la bataille.
« Ils se sont rendus lundi, ils ont été livrés directement aux services de renseignement étrangers, les Français par exemple », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Le groupe comprenait également des combattants de nationalités arabes, des Européens et des jihadistes venus d’Asie centrale, selon l’OSDH.
D’autres informations de presse ont fait état de l’existence d’un convoi de combattants étrangers qui ont pu fuir Raqa et rejoindre les territoires encore aux mains de l’EI dans la province voisine de Deir Ezzor. Mais les FDS ont catégoriquement démenti.
Les combattants qui n’étaient pas concernés par l’accord, « se sont rendus par la suite, ou ont été tués », a indiqué à l’AFP un porte-parole des FDS, Talal Sello.
« Nous menons des opérations de ratissage et on cherche des cellules dormantes, il pourrait y avoir des terroristes cachés ici ou là », poursuit-il.
De son côté, le porte-parole de la coalition internationale Ryan Dillon a assuré qu’une centaine de combattants de l’EI dont quatre jihadistes étrangers se sont rendus lors de ces deux derniers jours. Il n’a pas été en mesure de préciser leur nationalité.
Que va-t-il arriver aux jihadistes?
Le colonel Dillon a assuré que la coalition ne détenait aucun jihadiste: « Ce n’est pas quelque chose que nous avons fait ».
« Nous avons des forces de la coalition qui vont les interroger (…) et essayer d’obtenir des informations, mais ils sont détenus par les FDS », a-t-il ajouté.
Selon l’accord négocié par les responsables locaux, les jihadistes syriens verront leur identité répertoriée dans un système biométrique, avant d’être livrés à des chefs tribaux « qui en sont responsables et vont s’en porter garants », a-t-il ajouté.
Les FDS devront ensuite contacter les pays d’origine des combattants étrangers, pour discuter d’une possible extradition en vue de les faire traduire en justice.
En septembre, les FDS ont remis un jihadiste américain à des responsables des Etats-Unis. Il est maintenant détenu en Irak.
Source: AFP