Au lendemain de la conquête par les Forces démocratiques syriennes du plus important champ de gaz syrien Conoco, le journal libanais al-Akhbar a interviewé Tala Sello le porte-parole de cette milice kurde soutenue par la Coalition menée par les Etats-Unis.
Dans ses réponses, M. Sello a pris soin de ne pas présenter les évènements comme étant une course entre ses miliciens et les militaires syriens réguliers.
« Lorsque nous avons lancé notre campagne, l’armée syrienne se trouvait à l’ouest de l’Euphrate. Nous ne sommes pas en course avec elle », a-t-il dit, indiquant que l’usine se trouve dans les régions que les FDS ont déclaré vouloir libérer.
Le gouvernement syrien avait annoncé vouloir libérer la totalité de la province de Deir Ezzor.
« Notre position est claire. Nous sommes contre la dispersion des forces et pour leur consécrataion dans la lutte contre le terrorisme. Par la suite, nous pourrons lancer un processus politique pour discuter de l’avenir de la Syrie », a-t-il ajouté.
Selon lui, les kurdes ont longtemps réclamé d’être présentés dans les négociations qui se sont tenues entre les différentes composantes syriennes à Astana et Genève. « Mais jusqu’à présent, il ne s’est rien passé. Alors que nous sommes la véritable opposition sur le terrain. Nous combattons le terrorisme. Et nous avons le plus le droit de participer à ces pourparlers », a-t-il estimé.
Pas question pour M. Sello de livrer l’usine de gaz au pouvoir syrien. « Nous ne l’avons pas fait avant. Pourquoi le ferions-nous avec l’usine ? ».
Sur le processus politique en cours dans le nord syrien où s’est tenue la première phase des élections locales, le journal libanais s’est entretenu avec Mohammad Jamil un membre de l’Administration de Qamechlo. Cette dernière est la nouvelle appellation de la ville syrienne de Qamechli, occupée par les Kurdes.
« Pas question de renoncer aux phases suivantes », a-t-il pesté.
Selon le plan du bras politique des FDS, le Conseil de la Syrie démocratique, ce processus comprend des élections de conseils des villes et des provinces le 3 octobre prochain et des élections pour les gouvernorats et d’un parlement fédéral l’an prochain.
« La région traverse une phase transitoire où sévissent le chaos et le vide. Il faut remplir ce vide. La préférence revient à celui qui possède une organisation et un projet », a expliqué M. Jamil.
Selon lui, ce projet aspire à l’unité de la Syrie et non à sa division. « Ce sont les Etats régionaux qui ont divisé la Syrie sur des critères communautaires. Nous n’acceptons pas la scission, et nous refusons en même temps le pouvoir central ».
Bien sûr Damas ne voit pas les choses du même œil. Le fédéralisme est d’autant plus rejeté par les Syriens que l’exemple irakien est plus fort que jamais. Apres l’expérience du fédéralisme, les Kurdes d’Irak aspirent à la séparation.
Interrogé par Al-Akhbar sur ces derniers évènements, un responsable diplomatique syrien s’est contenté de dire : « beaucoup avaient misé sur la chute de Damas entre les mains des terroristes. Où sont-ils ceux-là ? »
Et de conclure : « Nous poursuivons une longue guerre depuis plusieurs années pour l’unité de la Syrie et son indépendance. La bataille ne se terminera que lorsque ces deux buts seront réalisés ».