Relayée par certains médias israéliens, la découverte de cette pièce a été démentie, mais pas avant que le Premier ministre israélien eût tenté d’en tirer des avantages politiques, a écrit ce mardi 29 août le journal français Le Monde.
L’histoire, d’abord rapportée par plusieurs médias israéliens avant d’arriver sur d’autres sites étrangers, s’est révélée complètement fausse. Mais elle s’est quand même retrouvée sur la page Facebook du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui l’a précipitamment enlevée et essuyant des accusations de l’avoir instrumentalisée pour en tirer des avantages politiques.
Au centre de la confusion, une pièce de monnaie retrouvée par une petite fille, Hallel Halevy, 8 ans, habitant dans la colonie de Halamish, au nord de Ramallah (Cisjordanie occupée).
En amenant sa petite sœur à l’école, elle découvre, dans la rue, une pièce. La voyant, son père tente de la faire authentifier, d’autant qu’en plus d’avoir l’air ancienne, elle a été ramassée près d’un site archéologique vieux de 2 000 ans.
Le début du processus d’authentification est assez informel puisque c’est un voisin, professeur spécialiste de l’histoire ancienne d’AlQuds, qui est mis à contribution.
En se fondant sur la typographie des mots gravés sur la pièce et son poids, il conclut qu’il pourrait s’agir d’un demi-sheckel datant de la Première Guerre judéo-romaine (66 ap. J.-C. et 73 ap. J.-C), et donc vieux de près de 2 000 ans.
Le professeur est cité dans un article d’Israel National News, qui sera largement repris : « La pièce apparaît authentique, au moins à l’œil nu, explique-t-il. Mais il est impossible de savoir avec certitude avant les tests en laboratoire. »
Il n’aura pas fallu attendre le moindre test pour découvrir que le demi-sheckel de plus de 2 000 ans n’en était pas un. The Times of Israel, qui avait aussi repris l’information, a été contacté par le docteur Haim Gitler, conservateur chargé de l’archéologie au musée d’ « Israël ».
La pièce de monnaie, leur a-t-il dit, « n’a aucune chance d’être authentique. L’appeler une pièce de monnaie serait même une exagération ».
Il s’agit d’une des dizaines de milliers de fausses pièces données en souvenir depuis une vingtaine d’années aux élèves qui viennent visiter le musée d’ »Israël ».
« On ne peut même pas la considérer comme une fausse pièce de monnaie, parce que son but n’est pas de se faire passer pour une pièce », a-t-il dit. C’est un simple souvenir, pris dans la précipitation pour un trésor archéologique.
Une des personnes prises dans cette précipitation a été Netanyahu. Sur sa page Facebook, le Premier ministre israélien, sous qui la colonisation a proliféré, a posté une photo de ladite pièce, l’accompagnant d’une légende à gros sous-entendu politique :
« Cette formidable découverte est une preuve supplémentaire du lien profond entre le peuple d’Israël et sa terre », a-t-il prétendu.
Une fois la confusion mise au jour, le post et les commentaires rédigés sont devenus gênants. Le message a été effacé « jusqu’à ce qu’on y voie plus clair », a indiqué un assistant de Netanyahu. Comme Internet n’oublie jamais, la capture d’écran, elle, est restée.
Avec Le Monde