Le président Emmanuel Macron a placé mardi la lutte contre le terrorisme au coeur de la diplomatie française et assuré qu’il allait redonner à une France « indépendante » son rang dans le monde, dans son premier discours de politique étrangère devant les diplomates français.
« La sécurité des Français est la raison d’être de notre diplomatie, cette exigence est viscérale et nous devons y répondre sans faiblir », a lancé le chef de l’Etat français devant plus de 150 ambassadeurs français réunis à l’Elysée pour la traditionnelle rentrée diplomatique.
Fixant à ses diplomates « trois axes forts », la sécurité, l’indépendance et l’influence de la France, M.Macron a décliné, dans un long inventaire de l’état du monde, sa volonté d’une France « reprenant son rang parmi les nations » et « capable de se faire entendre ».
Depuis son arrivée au pouvoir en mai, ce président de 39 ans s’est fait remarquer sur la scène internationale par des coups d’éclat qui ont séduit ou irrité, mais c’est la première fois qu’il dessine les contours de sa doctrine étrangère générale.
« La lutte contre le terrorisme islamiste (est) la première priorité de notre politique étrangère. Oui, je parle bien d’un terrorisme islamiste et j’assume parfaitement l’emploi de cet adjectif », a déclaré le chef de l’Etat, assurant que « l’angélisme n’est pas de mise à cet égard ».
« Daech (acronyme arabe de la milice wahhabite) est notre ennemi », a martelé M. Macron, ajoutant que « le retour de la paix et la stabilisation en Irak et en Syrie sont une priorité vitale pour la France ». M.Macron, qui avait choqué l’opposition syrienne en juin en disant qu’il ne voyait pas de successeur légitime au président Bachar al-Assad, a assuré que « la reconstitution d’un Etat de droit en Syrie devra s’accompagner de la justice pour les crimes commis, notamment par les dirigeants ».
Une Europe à plusieurs formats
Concernant les autres terrains où la France est engagée dans cette lutte, M. Macron a annoncé la nomination d’un envoyé spécial sur le développement et la sécurité pour le Sahel, et une réunion fin septembre sur la Libye en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Sur le Moyen-Orient en général, le chef de l’Etat s’est refusé à « choisir son camp » entre les deux grands rivaux de la région, l’Arabie saoudite et l’Iran, et a réaffirmé l’attachement de la France à l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran, au moment où ce pays est menacé par la dégradation de ses relations avec les Etats-Unis de Donald Trump.
S’il n’a que très brièvement abordé certaines régions comme l’Asie et l’Amérique latine, le président français n’a pas hésité à qualifier le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro de « dictature », un mot qui n’a été que très rarement employé jusque-là, sauf par exemple par le président américain Donald Trump.
« Une dictature tente de se survivre au prix d’une détresse humanitaire sans précédent », a commenté M. Macron au sujet de la grave crise qui secoue le Venezuela depuis des mois et qui a déjà fait plus de 130 morts.
Le chef de l’Etat est en revanche longuement revenu sur l’Europe, « outil » de la puissance française, et a assuré que Paris ferait des propositions de réformes après les élections allemandes. Il a de nouveau plaidé pour une Europe « refondée » et « à plusieurs formats », tirée par une « avant-garde » des pays qui voudront « aller plus loin » dans la convergence de leurs économies et de leurs politiques.
Le Brexit montre que « quand l’Europe n’est qu’un marché, elle est rejetée », a-t-il dit. « Cela doit nous obliger à être plus innovants : nous devons penser une Europe à plusieurs formats, aller plus loin avec tous ceux qui souhaitent avancer, sans être entravés par les Etats qui désirent, et c’est leur droit, avancer moins vite ou moins loin », a-t-il poursuivi.
Enfin, sur le climat, un sujet dont s’est emparé M. Macron pour s’affirmer face à Donald Trump, dont le pays est sorti en juin de l’Accord de Paris, il a confirmé une conférence internationale dans la capitale française le 12 décembre et annoncé qu’il œuvrerait à l’ONU pour « un pacte mondial » sur l’environnement, sans plus de détails.
Source: Avec AFP