L’expert iranien des questions internationales, Hassan Hanizadeh, prévoit une intensification des pressions américaines dans les semaines à venir sur le Premier ministre d’Irak à qui Washington demande la « dissolution des Hachd al-Chaabi », l’objectif étant le déploiement définitif des forces américaines sur les frontières irakiennes avec la Syrie et la Jordanie.
Pour Hanizadeh, la libération de la ville stratégique de Mossoul est une victoire clé pour l’axe de la Résistance dans la mesure où elle permet la sécurisation définitive de la frontière syro-irakienne dans le nord-ouest d’Irak : » le QG Bagdad-Damas a une nette longueur d’avance par rapport aux Américains dans la lutte contre Daech d’où les efforts intenses de ces derniers jours aux États-Unis pour changer de tactique et « recaser » de nouveaux « pions ».
Protéger Israël
Washington fait feu de tout bois pour consolider la coalition qu’ils ont formée entre Israël et la Jordanie d’une part et l’Arabie saoudite de l’autre. Ils comptent mettre en place une « ceinture sécuritaire » destinée à protéger Israël et qui s’étendrait de Quneitra à Deraa dans le Sud syrien.
Interrogé sur la récente rencontre en marge du sommet du G20 des présidents russe et américain, Hanizadeh souligne » l’entente des deux parties sur le maintien d’Assad au pouvoir », mais va plus loin en affirmant que « cette entente signifierait que dans l’état actuel des choses, Assad ne présente plus aucune menace pour Israël ».
« Le nouveau jeu des Américains consisterait à armer et à renforcer les terroristes qaïdistes d’Al Nosra et à en faire un « supplétif » à Daech. Une fois Al Nosra renforcé, les Américains projettent de l’implanter dans le Golan occupé syrien, façon de contrer la montée en puissance du Hezbollah ».
Conditions pour Assad
Mais Damas pourrait-il se conformer à cet état de choses? Hanizadeh répond : ‘ » La Syrie vit une terrible guerre qui a dévasté la quasi-totalité de ses infrastructures. Tout accord à venir devrait reconnaître à l’État syrien un rôle pivot à défaut de quoi la Syrie s’affaiblira davantage.
Pour cet expert en géostratégie, » l’administration Trump posera sans aucun doute des conditions au maintien d’Assad au pouvoir. Il lui demandera de s’éloigner de l’axe de la Résistance et de renoncer à son alliance avec l’Iran et la Syrie, ce qu’Assad rejettera aussitôt. Dans ce contexte, un face-à-face USA/Résistance n’est plus à écarter ».
Créer une zone tampon
Ce point de vue rejoint celui du secrétaire général de l’un des mouvements irakiens les plus actifs dans la prise de Mossoul, à savoir le mouvement d’Al-Nujaba.
Interrogé par le journal iranien Etelaat, Cheikh Akram al-Kaabi, revient sur le plan US visant les frontières syro-irakiennes : « l’insistance américaine pour déployer les forces spéciales US et leurs mercenaires sur les frontières conjointes de l’Irak avec la Syrie s’explique par la volonté de Washington de créer une zone tampon d’où seraient bannies toute force hostile à la présence des Américains dans la région. » Les Américains visent à occuper à nouveau l’Irak, mais à la différence de 2003, ils veulent le faire de façon indirecte ».
Et Al Kaabi de poursuivre : « Leur stratagème consiste à faire en sorte que Mossoul, Al Anbar et Salaheddine soient placées sous l’administration de leurs conseillers. Viendra ensuite le second volet du plan qui prévoit la mise au point d’un ‘protectorat’ dans les provinces précitées, avec en toile de fond la nomination des mercenaires proaméricains à la tête des fonctions clés. C’est d’ailleurs ce même mécanisme qui a provoqué la chute en 2014 de Mossoul. En Syrie, Washington suit encore ce schéma et espère pouvoir déployer les Kurdes de FDS sur les frontières syro-irakiennes pour préserver un éternel foyer d’instabilité dans cette région, susceptible d’être débordé à tout moment du côté irakien ou syrien ».
Libération retardée par les US
Mais une telle perspective est-elle à portée de main des Américains ?
Rien n’est moins sûr : « la mission du mouvement d’Al-Nujaba a consisté, dès son engagement militaire en Syrie, à faire échec aux plans américains : nous avons agi contre la mise sur place de la zone no-fly en Syrie et nous agirons contre l’occupation de la frontière de l’Irak avec la Syrie par les États-Unis et leurs mercenaires ».
Al Kaabi a rappelé le plan pour la libération « totale » de Tal Afar , une libération « certes retardée » par les Américains et la Turquie et des parties liées à Washington, mais qui « ne tardera pas à se concrétiser » dans ses moindres de détails.
Source: Press TV