L’armée russe a affirmé ce vendredi avoir probablement tué en Syrie le chef de la milice wahhabite terroriste Daesh (Etat islamique-EI), Abou Bakr al-Baghdadi, lors de bombardements par son aviation visant une réunion de ses hauts dirigeants près de Raqqa.
Le bombardement a été effectué dans la nuit du 27 au 28 mai contre un poste de commandement où se tenait une réunion des leaders de Daesh consacrée au retrait des terroristes de Raqqa par le « corridor sud ».
Selon le communiqué de Moscou, le commandement du contingent militaire russe en Syrie, basé à Hmeimim, avait « reçu fin mai des informations sur la tenue dans la banlieue sud de Raqqa d’une réunion de dirigeants de Daesh ».
« La vérification des informations a permis d’établir que le but de cette rencontre était l’organisation de convois de sortie pour les combattants de Raqqa via le +corridor sud+ », indique l’armée russe.
Après un vol de reconnaissance d’un drone, des avions Su-34 et Su-35 ont effectué des frappes le 28 mai entre 0H35 et 0H45 heure de Moscou (soit le 27 mai entre 21H35 et 21H45 GMT).
Au total, l’armée russe affirme avoir tué une « trentaine de chefs de guerre et jusqu’à 300 combattants » et plusieurs « hauts dirigeants » de l’EI. Elle évoque notamment Souleimane al-Chawakh, le « chef de la sécurité » d’al-Baghdadi, l' »émir » de Raqa Abou al-Hajji al-Masri et l' »émir » Ibrahim Nayef al-Hajj.
Interrogé par l’AFP sur la déclaration russe, le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition internationale menée par les Etats-Unis a répondu: « nous ne pouvons pas confirmer ces informations à ce stade ».
Déjà donné pour mort
Cette annonce intervient alors que l’étau se resserre sur les combattants de l’EI à Raqqa, leur bastion en Syrie, contre lequel a lancé une offensive la milice à majorité kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Selon l’AFP, les combats s’y poursuivent sur les fronts nord, ouest et est de la ville, mais l’avance des forces antijihadistes a été freinée ces derniers jours par des contre-offensives de l’EI. Les affrontements continuaient vendredi dans plusieurs quartiers.
L’armée syrienne est également entrée dans la province de Raqqa le 6 juin, depuis sa frontière occidentale avec la province est d’Alep. Elle a aussi gagné depuis du terrain face aux jihadistes takfiristes dans l’ouest et le sud-ouest, soutenue par d’intenses bombardements russes. Jeudi, elle reconquis le plus grand champ pétrolier de Raqqa.
L’armée russe avait déjà annoncé avoir frappé les 25, 29 et 30 mai des unités de l’EI tentant de fuir la ville par le Sud en direction de la cité antique de Palmyre, sous contrôle des forces du gouvernement syrien. Elle avait également frappé l’organisation par des missiles de croisière Kalibr, une première depuis novembre 2016.
Après avoir longtemps langui dans la lutte contre Daesh, la coalition internationale menée par les Etats-Unis s’est activée dès que les Russes sont entrés en action en Syrie à la demande de Damas, en octobre 2015.
En mars dernier, les Américains avait promis en mars lors d’une réunion d’éradiquer la « menace planétaire » du groupe Etat islamique et de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, pour la capture duquel Washington offre 25 millions de dollars. Le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait alors prédit la « mort » prochaine d’al-Baghdadi, assurant que ce n’était « qu’une question de temps ».
Qui est Baghdadi
Abou Bakr al-Baghdadi a fait sa seule apparition publique connue en juillet 2014 à Mossoul en Irak. En turban et habit noirs, barbe grisonnante, il avait proclamé le « califat » sur les vastes territoires conquis par l’EI.
De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le discret chef de l’EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad. Passionné de football, il a échoué à devenir avocat puis militaire avant d’étudier la théologie.
C’est lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003 qu’il créé un groupuscule jihadiste takfiriste sans grand rayonnement avant d’être arrêté et emprisonné dans la gigantesque prison de Bucca.
Libéré faute de preuves, il rejoint un groupe de guérilla wahhabite sous tutelle d’Al-Qaïda et en prend la tête quelques années plus tard. Profitant du chaos de la guerre civile, ses combattants s’installent en Syrie en 2013 avant une offensive fulgurante en Irak.
Le groupe, rebaptisé Etat islamique, se sépare d’Al-Qaïda, et ses succès militaires initiaux et sa propagande soigneusement réalisée attirent des milliers de partisans du monde entier.
Déjà donné pour mort par les Américains, il n’a plus donné signe de vie depuis un enregistrement audio diffusé en novembre 2016, peu après le lancement de l’offensive de l’armée irakienne sur le bastion des jihadistes à Mossoul.
Sources: AFP, Sputnik