La justice du régime bahreïni a dissous mercredi un mouvement de l’opposition libérale, l’accusant de soutenir « le terrorisme » et de justifier des actes de violence, a annoncé une source judiciaire à Manama.
Selon l’AFP, la dissolution de l’Action nationale démocratique (Waad) a été prononcée par le tribunal administratif après une plainte du ministère de la Justice qui reprochait à ce mouvement de ne pas respecter la législation sur les associations.
Waad avait été créé par Ibrahim Chérif, un opposant libéral sunnite, qui est actuellement poursuivi par la justice pour « incitation à la haine contre le régime ».
Ibrahim Chérif, qui ne dirige plus Waad, avait été libéré en juillet 2016 après avoir purgé un an de prison également pour « incitation à la haine contre le régime ».
Son incarcération était intervenue à peine un mois après sa libération en juin 2015 en vertu d’une amnistie royale. Il venait alors de passer plus de quatre ans en prison, alors qu’il avait été condamné à cinq ans pour une soi-disant implication dans les violences ayant accompagné les manifestations de 2011 dans la foulée des Printemps arabes.
Cet opposant avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de contestation, animé par l’opposition chiite, majoritaire dans le pays, et qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle à la dynastie des Khalifa dirigeant le pays depuis plus de deux siècles, grâce au soutien occidental.
Le principal mouvement d’opposition chiite, Al-Wefaq, a été dissous en 2016 et son chef, Cheikh Ali Salmane, est emprisonné depuis 2014.
Poursuivi pour complot contre le régime et « incitation à la désobéissance civile et à la haine confessionnelle », cheikh Ali Salmane a vu sa peine de neuf ans réduite en avril à quatre ans de prison.
Le petit royaume de Bahreïn, allié de grands pays occidentaux et siège de la Ve Flotte des Etats-Unis, fait l’objet de critiques croissantes de la part d’organisations de défense des droits de l’Homme pour la politique de la poigne de fer qu’il mène contre toute forme d’opposition.
Le pouvoir sunnite, qui a réprimé en 2011 avec l’aide de l’Arabie saoudite le mouvement de contestation, accuse régulièrement l’Iran d’alimenter des troubles à Bahreïn, ce que Téhéran dément.
Selon l’opposition, le régime véhicule ce genre d’accusation pour délégitimer son action.
Source: Avec AFP