Au lendemain de l’assaut lancé contre le domicile du leader spirituel des musulmans chiites à Bahreïn, les forces du régime ont perquisitionné et attaqué ce mercredi les maisons avoisinantes.
L’agression de mardi contre le domicile de Cheikh Issa Qassem, dans le quartier d’al-Daraz à l’ouest de Manama, s’est soldé par la mort de cinq civils bahreïnis. Selon le site Miraat Al-Bahrain, le bilan des blessés dont le régime de Manama empêche l’évacuation vers les hôpitaux, s’élève à des centaines de personnes.
Le ministère bahreïni de l’Intérieur a en outre confirmé l’arrestation de près de 300 personnes.
Au moment de l’attaque, des centaines de Bahreïnis observaient un sit-in devant la maison du cheikh, âgé de 80 ans.
Cependant, le sort de cheikh Qassem, déchu de sa nationalité bahreïnie en juin 2016, reste inconnu. Plusieurs sources médiatiques ont affirmé qu’il a été détenu, alors que d’autres évoquent qu’il a été assigné à résidence.
Dans la foulée de l’assaut de mardi, la connexion internet a été coupée à al-Daraz, façon d’empêcher les habitants d’informer le monde de ce qui se passe à Bahreïn.
Un chèque en blanc pour poursuivre la répression
Dans une tentative de fuite en avant, le ministère bahreïni de l’intérieur prétend avoir attaqué le domicile du cheikh Qassem car « des terroristes y prenaient refuge ».
Cette version des faits n’a pas convaincu Human Rights Watch qui a dénoncé le régime des Al- Khalifa à titre de facteur « déstabilisateur » qui « pratique la violence systématique » à Bahreïn. HRW établit dans son communiqué un lien de cause à effet entre cette attaque et la rencontre du président américain Donald Trump et le roi de Bahreïn.
Pour sa part, le Bahrain Institute for Rights and Democracy (Bird), une ONG en Grande-Bretagne, a estimé que « Trump a donné au roi Hamad un chèque en blanc pour poursuivre la répression de son peuple ».
« L’administration américaine a du sang sur les mains en fournissant sans conditions des armes au régime de Bahreïn dans sa campagne de répression de la société civile », a ajouté l’association.
Amnesty International a de son côté appelé à une enquête indépendante sur l’usage « excessif de la force contre les manifestants pacifiques ».
L’assaut contre le leader bahreïni, qui n’a cessé de prôner l’opposition pacifique aux politiques discriminatoires du régime des Al-Khalifa, a embrasé le petit royaume.
Toute la nuit de mardi à mercredi, les échauffourées se sont poursuivies entre policiers et manifestants. A Sitra et dans le secteur de Barbara, des manifestations ont été réprimées par les policiers qui tiraient sur la foule à balle réelle ou à coup de grenade de gaz toxique.
L’Arabie défend la répression à Bahreïn
Entre-temps, l’Arabie saoudite a défendu l’agression du régime contre les protestataires bahreinis.
La sécurité de Bahreïn « fait partie intégrante » de la sécurité du royaume, a déclaré mercredi un responsable du ministère des Affaires étrangères à Ryad.
L’Arabie saoudite a déployé en 2011 des troupes à Bahreïn en appui aux forces de ce petit pays, relié par un pont à la province Orientale saoudienne.
Cité par l’agence officielle Spa, le responsable saoudien a ajouté que le royaume « soutient les mesures prises par Bahreïn pour préserver sa sécurité et sa stabilité ».
Ces mesures à Daraz sont destinées à « contrer toutes les tentatives terroristes cherchant à déstabiliser » Bahreïn, a encore prétendu ce responsable.
Source: AlManar + PressTV + AFP