La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a qualifié de «honte sans nom» les récentes déclarations de CNN et du Washington Post selon lesquelles la Russie aurait menti aux États-Unis pour prendre des photos de la rencontre Lavrov-Trump.
« CNN et ses « sources anonymes au sein de la Maison-Blanche », et le Washington Post qui déclare que « la délégation russe aurait pu faire entrer des équipements d’espionnage à la Maison-Blanche » — tout cela est une honte sans nom », s’est-elle indignée.
M. Zakharova a également rappelé que la chaîne CNN avait publié un article citant des sources au sein de la Maison-Blanche, selon lesquelles la Russie aurait trompé Washington en diffusant des photos prises lors de la rencontre entre Sergueï Lavrov et Donald Trump dans le Bureau ovale. Sachant que le principal adjoint de la porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Huckabee Sanders a confirmé que le protocole du tournage avait été respecté.
« Comme on s’y attendait, CNN a versé dans le mensonge », a souligné Mme Zakharova.
En outre, Mme Zakharova a appelé les journalistes qui avaient déjà utilisé des informations fournies par CNN à ne plus citer la chaîne.
« Ils (les collaborateurs de CNN, ndlr) inventent constamment des « nouvelles » et les diffusent pour faire sensation. Ils n’ont aucune « source » sérieuse au sein de la Maison-Blanche, cela est impossible parce que de manière générale personne ne les considère là-bas », a-t-elle conclu.
La peur des photographies russes
De vives discussions ont embrasé les médias américains à propos de l’admission d’un photographe russe à l’entrevue entre Donald Trump et Sergueï Lavrov, après que le ministère russe des Affaires étrangères a publié des photos prises lors de la rencontre en question, qui s’est tenue mercredi à Washington. Plusieurs journalistes américains se sont indignés de ne pas avoir été autorisés à couvrir la réunion.
« Aux États-Unis, on a eu peur des photographies russes. Je ne serai pas surprise qu’elles soient prochainement examinées au Congrès », a pour sa part indiqué Margarita Simonian, rédactrice en chef de la chaîne RT et de l’agence Sputnik sur son compte Twitter.
Selon l’AFP, l’administration américaine se trouvait jeudi dans l’embarras après la publication par Moscou de photos d’une rencontre à huis clos entre le président Donald Trump et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les clichés montrent un Donald Trump souriant en train de serrer la main de M. Lavrov et de l’ambassadeur russe à Washington Sergueï Kisliak, posant également à leurs côtés, lors d’une rencontre mercredi dans le prestigieux Bureau ovale.
Coup diplomatique du Kremlin
Toujours selon l’AFP, cet entretien était déjà perçu comme un joli coup diplomatique pour le Kremlin: un accueil avec tapis rouge à peine quelques mois après la mise en place de sanctions américaines contre la Russie pour son ingérence dans l’élection présidentielle de 2016.
Des diplomates expérimentés s’interrogeaient jeudi sur les raisons pour lesquelles le président avait accepté de recevoir les deux dignitaires russes, un honneur d’ordinaire réservé aux chefs d’Etat et d’autant plus mal venu qu’ils sont au cœur même d’un vaste scandale politique aux Etats-Unis.
L’administration reste en effet engluée dans des accusations de collusion entre l’entourage de M. Trump et des responsables russes, dont M. Kisliak, pour favoriser sa candidature face à sa concurrente démocrate Hillary Clinton. Trois enquêtes, au Congrès et au FBI, sont en cours à ce sujet.
La diffusion de ces photos participe à l’impression que la Russie a remporté une victoire diplomatique et que la Maison Blanche a été manipulée. « Félicitations Kollegi (collègues) d’avoir obtenu ces photos! Enorme coup », a déclaré Michael McFaul, ex-ambassadeur américain à Moscou.
« Le format de l’opération-photo ne permet pas de prendre des photographies à l’insu des personnes », a relevé Mme Zakharova.
« La partie américaine n’avait pas demandé de ne pas publier ces photographies », a-t-elle relevé.
En public, la Maison Blanche tente de garder la tête haute: « Il est normal qu’il rencontre le ministre des Affaires étrangères », a déclaré Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de l’exécutif, vilipendant les critiques.
Lavrov contre Tillerson
Selon l’AFP, en privé, les responsables de la Maison Blanche bouillaient face à ce qu’ils considéraient comme un abus de confiance.
Selon eux, le président russe Vladimir Poutine a réclamé cette rencontre entre son ministre et M. Trump, en réciproque à son récent entretien avec le secrétaire d’Etat Rex Tillerson à Moscou.
La Maison Blanche avait été informée qu’un photographe officiel russe serait présent, laissant entendre que les clichés seraient pour les archives mais n’avaient pas vocation à être diffusés immédiatement.
« Notre photographe officiel et le leur étaient présents, c’est tout », a indiqué un assistant peu après la rencontre.
Mais lorsque les images ont été publiées dans le monde entier par l’intermédiaire d’un média public russe, la fureur s’est emparée de la Maison Blanche d’avoir ainsi été trompée. Deux responsables ont reconnu ne pas avoir été prévenus de leur publication.
L’amiral Mike Rogers, directeur du service d’écoute et d’espionnage NSA, a indiqué jeudi lors d’une audition au Congrès, ne pas avoir été personnellement consulté concernant un éventuel risque de cyber-intrusion ou de piratage des communications lié à cet entretien dans le Bureau ovale, et ne pas avoir connaissance que la NSA ait été consultée.
Cette rencontre est intervenue quelques heures après le limogeage surprise par le président américain du patron du FBI James Comey, dont les services sont chargés d’enquêter sur l’éventuelle collusion entre la campagne Trump et les Russes.
Sources: AFP, Sputnik