Les négociations tenues depuis mercredi dans la capitale kazakhe Astana ont débouché sur la signature par la Russie, l’Iran et la Turquie d’un accord portant sur la création de quatre zones de sécurité en Syrie.
« Le texte est adopté », a déclaré selon l’agence russe Sputnik une source qui fait partie d’une des délégations présentes aux négociations, ajoutant que le document est devenu plus compact.
Les chefs des délégations des trois pays, parrains des pourparlers de paix d’Astana, au Kazakhstan, ont signé le document, selon une journaliste de l’AFP sur place.
C’est la Russie qui avait proposé ce plan destiné à mettre en place en Syrie quatre zones d’apaisement des tensions dans plusieurs provinces du pays, ainsi qu’à instaurer des lignes de sécurité tout au long de ces zones afin d’éviter les heurts entre les parties.
Ces quatre zones se situent dans la province d’Idlib, au nord de la ville de Homs, dans la Ghouta orientale et dans le sud de la Syrie.
Selon le négociateur russe, Alexandre Lavrentiev, ces régions connaissent le gros des combats entre l’armée syrienne d’une part et les groupes rebelles dont ceux occupés par le front al-Nosra, branche d’al-Qaïda en Syrie, rebaptisé front Fatah al-Cham .
« Des zones de sécurité » constituées de postes de contrôle et de centres de surveillance tenus conjointement par l’armée syrienne et les rebelles seraient mises en place autour des « zones de désescalade ». Des unités militaires d' »observateurs » de pays non précisés devraient aussi être déployées, lit-on dans une version arabe du projet du memorandum.
Selon M. Lavrentiev, les combats devraient être suspendus à partir du 6 mai prochain et ce pour une durée de 6 mois, avec la possibilité de prolongement de la trêve.
« Au cas où trêve parvient à réaliser un apaisement stable dans les zones de désescalade, notamment dans la Ghouta, on pourra parler du retrait des factions proches de l’Iran », a-t-il ajouté estimant que la signature de ce mémorandum ouvrira la voie à la préservation de l’intégrité territoriale de la Syrie et à un règlement politique.
Le projet du document final indique que les pays-garants de la trêve en Syrie s’engagent à créer dans une période de cinq jours après la signature du mémorandum, un groupe de travail pour le mettre en œuvre.
« Cinq jours après la signature du mémorandum, les pays-garants créeront un groupe de travail au niveau des représentants habilités afin de déterminer les limites du désarmement, les zones de tension et de sécurité, et afin de résoudre les problèmes techniques liés à la mise en œuvre du mémorandum », indique un des paragraphes du projet.
Des unités militaires formés d' »observateurs » venus de plusieurs pays devraient aussi être déployées. Les noms de ces pays n’ont pas encore été précisés.
La Turquie partante
Mercredi, au cours d’une conférence de presse commune donnée à Sotchi, le président russe et son homologue turc ont annoncé s’être mis d’accord sur le projet de mise en place de zones de «désescalade» pour «pacifier» la Syrie.
«Notre position commune est que la création de zones de désescalade doit amener à une plus grande pacification et à un renforcement du régime de cessez-le-feu», a affirmé le président russe.
Pour le président turc Recep Tayyip Erdogan la création de telles zones permettrait de résoudre le conflit à « 50% ».
Les zones en question doivent s’accompagner de zones d’exclusion aérienne et pourront renforcer la trêve, a précisé M. Poutine.
Mais selon Press TV, des informations font état de divergences entre la partie russo-iranienne et la partie turque.
De même, le Président russe a affirmé avoir soulevé la question des zones de sécurité en Syrie avec son homologue américain Donald Trump qui soutient également cette idée.
Pas d’Iran
De leur côté, les représentants des rebelles syriens ont annoncé jeudi avoir décidé de reprendre les pourparlers d’Astana, après avoir suspendu leur participation mercredi.
« C’est le signe d’un manque d’auto-contrôle et d’expérience dans l’action politique et diplomatique … mais je ne pense pas que cela affectera l’évolution des évènements en Syrie », a commenté le représentant de la Russie aux négociation d’Astana.
Ils s’étaient retirés de ce quatrième round de discussions avec les représentants du pouvoir syrien « tant que l’armée syrienne n’aurait pas cessé ses bombardements ».
Ils ont également contesté le fait que l’Iran aussi parainne cet accord.
Israël s’inquiète
L’implication de l’Iran dans cet accord n’est pas sans inquiéter l’entité sioniste .
» Le plan russe qui aurait le feu vert implicite des États-Unis devrait impliquer l’Iran et c’est cela qui inquiète Israël « , note Debka, le site web proche du renseignement de l’armée israélienne, selon la télévision iranienne Press TV .
La crainte d’Israël est « vive » de voir les « officiers iraniens » présents au sein de la mission d’observation de la trêve et de surveillance des « zones de désescalade », poursuit le site qui prétend que l’idée a été discutée au cours du dernier contact téléphonique entre les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Donald Trump.
Debka poursuit: » C’est au cours de cette conversation téléphonique que Trump aurait donné son feu vert à Poutine pour créer des zones de désescalade mais là où Israël s’inquiète, c’est que ce feu vert concernerait aussi la présence militaire iranienne en Syrie. »
» L’une des zones où la désescalade devra avoir lieu, se situe dans le sud de la Syrie, sur les frontières avec Israël et les forces iraniennes pourraient être présentes dans le sud « , ajoute Debka .
Debka s’intéresse surtout à la province de Deraa, dans le sud syrien, limitrophe du Golan occupé et de la Jordanie, région d’où « Israël et la Jordanie devraient lancer une grande offensive contre l’armée syrienne et ses alliés ».
Sources: Sputnik, Press TV, AFP