Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a invité mardi l’Allemagne à tenir son engagement d’une hausse de ses dépenses militaires, alors que le sujet agite la coalition gouvernementale d’Angela Merkel.
« Il est pour moi décisif que l’Allemagne et les Etats-Unis soient d’accord sur le fait que nous devons investir plus dans notre sécurité », a affirmé Jens Stoltenberg, dans un entretien au quotidien économique allemand Handelsblatt.
Le nouveau président américain Donald Trump a critiqué l’Allemagne en particulier, allant jusqu’à affirmer le pays d’être endetté auprès des Etats-Unis et de l’Otan du fait de dépenses militaires insuffisantes dans le passé.
Il insiste pour que l’Allemagne et les autres pays de l’alliance respectent un engagement pris en 2014 de porter d’ici 2024 le niveau de leurs dépenses dans ce domaine à 2% de leur Produit intérieur brut.
« Il ne s’agit pas de donner satisfaction aux Etats-Unis. Il s’agit de la sécurité de l’Europe. L’Europe est bien plus proche des crises et des menaces que les Etats-Unis, plus près de la Russie, plus près de la Syrie et de l’Irak », a affirmé le secrétaire général de l’Otan.
Tout en saluant les efforts de l’Allemagne dans ce domaine, avec sa participation à de nombreuses missions à l’étranger en particulier, le patron de l’Otan n’a pas caché sa volonté de voir le pays atteindre l’objectif de 2%.
Seuls cinq pays y sont jusqu’à présent parvenus et l’Allemagne n’est qu’à 1,2%.
« La Roumanie y arrivera cette année, la Lituanie et la Lettonie l’année prochaine. Ce n’est pas facile à atteindre, mais nous ne nous attendons pas non plus, à ce que l’Allemagne y arrive en un ou deux ans », a estimé le chef de l’Otan.
Le problème est que le sujet divise la coalition de la chancelière formée de son parti conservateur et des sociaux-démocrates, un conflit attisé par la proximité d’élections législatives en septembre.
Les sociaux-démocrates, sous l’impulsion du ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, refusent de sacrifier les autres budgets, sociaux notamment, pour parvenir à 2%, un objectif « irréaliste » qui coûterait des dizaines de milliards d’euros supplémentaires chaque année jusqu’en 2024.
La chancelière, affichant sa volonté de tendre vers les 2%, a fait valoir lundi que le budget de la Défense en Allemagne avait déjà augmenté de 8% en 2016 et 2017 et que toute hausse supplémentaire devra intervenir après les élections.
« On ne peut pas absorber beaucoup plus que cela » actuellement dans l’armée allemande, a-t-elle dit. La chancelière veut aussi que les efforts de prévention des conflits, comme l’aide au développement, soient pris en compte dans les calculs.
Source: AFP