La Turquie est dans une impasse en Syrie. Le rêve d’Erdogan d’aller sur Raqqa et Deir Ezzor, ou même la ville d’Alep, a été bloqué par un accord entre les États-Unis et la Russie.
Ses forces proxy sont coincées au nord-est de la ville d’Alep et n’ont aucun moyen d’aller plus au sud, à l’est ou à l’ouest. Elles ont conquis un morceau de terre rurale qui ne donne pas de levier de négociation à Erdogan, mais beaucoup de maux de tête potentiels.
Un petit contingent russe s’est installé dans l’enclave kurde du nord-ouest de la Syrie autour d’Afrin, bloquant tout mouvement turc sérieux contre cette zone.
La Turquie et ses financiers au Qatar, au Koweït et en Arabie saoudite ont perdu le combat pour la Syrie. Toujours tacitement soutenus par les États-Unis, ils en sont aux tentatives désespérées pour essayer d’avoir un certain pouvoir de négociation à la prochaine ronde de négociations à Genève. Il est probable que cela échoue encore.
Leurs forces proxy situées dans le nord-ouest, dont Al-Qaïda, se sont déplacées du nord vers la ville de Hama. Au cours des derniers jours, ils ont capturé 11 petits villages qui n’étaient que légèrement défendus. Les forces aériennes russes et syriennes sont en train de les bombarder et une contre-attaque de l’armée syrienne est en préparation et va bientôt les repousser.
Parallèlement à l’attaque de Hama, on a aussi assisté à une tentative pour occuper le terrain dans la périphérie est de Damas et dans le sud autour de Deraa. L’attaque de Damas n’a rien donné. Aucun terrain n’a été pris et gardé par les Takfiristes et la contre-attaque avance. L’attaque contre Deraa n’a pas réussi à briser les lignes de défense de l’armée syrienne.
Le chef du gang de propagande des « Casque blancs » a été tué dans le sud de Deraa dans une attaque à la bombe artisanale lancée par les forces alignées à Al-Qaïda. Ce n’était pas un bon Samaritain. Il a également commandé la division du 18 mars, un groupe insurrectionnel payé par l’étranger pour se battre contre l’État syrien.
Un grand mouvement de l’armée syrienne vers la province d’Idleb pour la libérer des Takfiristes est toujours en préparation. Aucune date n’a été fixée pour son lancement.
À l’est de la ville d’Alep, l’armée syrienne avait bloqué toutes les avancées des groupes armés proxy turques. Elle a progressé vers le sud pour reprendre le terrain tenu par État islamique et fait de bons progrès. La plus grande ville de la région, Deir Hafar, était aujourd’hui quasiment encerclée par l’armée syrienne, lorsque les combattants de l’État islamique ont soudainement fui. La ville est maintenant de nouveau entre les mains du gouvernement. [Les sources étaient fausses sur ce point. Deir Hafar est effectivement entouré mais pas encore entre les mains du gouvernement. – 27 mars 11h10] L’armée syrienne va continuer à se déplacer vers le sud et le sud-est vers Raqqa et Deir Ezzor.
La force proxy américaine dans le nord-est de la Syrie, les anarcho-marxistes kurdes du PKK / YPG, ont avancé sur Raqqa. Raqqa se trouve légèrement au nord de l’Euphrate. La seule voie au sud et à l’ouest de Raqqa qui a été laissée ouverte passe par le barrage de Tabqa, un barrage de l’Euphrate qui crée le lac Assad.
le 22 mars, les États-Unis et leurs forces proxy ont lancé une attaque surprise pour prendre le barrage (carte). Des hélicoptères ont transporté des combattants YPG au sud de l’Euphrate, et des ferrys improvisés (vidéo) ont transporté leur équipement lourd en traversant le lac. Les hélicoptères Apache et l’artillerie lourde étatsunienne ont couvert le mouvement. Ils ont bloqué la route entre Raqqa et Alep à l’ouest et ils se déplacent maintenant vers la ville de Tabqa, directement par le sud du barrage. En même temps, un groupe YPG / PKK se dirige du nord vers le barrage. On craint que les combattants d’État islamique ne fassent sauter le barrage, mais les premiers à se noyer dans l’inondation conséquente seraient tous les combattants d’EI et leurs familles installées à Raqqa et au-delà.
Dans les régions plus au sud et à l’est, il y a des combats entre l’armée syrienne et les groupes d’EI, autour de Palmyre et à Deir Ezzor. La situation y semble assez stable, avec de légères avancées tentées par les forces gouvernementales syriennes.
Israël a récemment fait quelques éclats, en bombardant les forces gouvernementales syriennes près de Palmyre. C’était à l’encontre de certains aspects de l’accord que les gouvernements russe et israélien avaient passé. Alors que la Russie n’empêchera pas les attaques israéliennes contre les transports d’armes du Hezbollah en direction du Liban, elle va montrer son désaccord si Israël frappait (de nouveau) toute force syrienne combattant EI ou d’autres jihadistes. Israël a été prévenu par un lancement de missiles anti-aériens syriens. Le gouvernement de Netanyahu, à Tel-Aviv, en a fait toute une histoire. Mais il ne s’agit là que d’une simple posture, destinée au public israélien. Netanyahu est sous enquête judiciaire et se bat pour sa survie politique.
On ne sait toujours pas comment l’administration Trump envisage de procéder au sujet de la Syrie. Le mouvement au sud de l’Euphrate pourrait bloquer les forces gouvernementales syriennes et les empêcher de se déplacer plus à l’est, vers l’enclave de Deir Ezzor qui est toujours assiégée par EI. Mais la traversée de l’Euphrate peut aussi être un mouvement purement militaire sans intention politique, pour simplement permettre la prise du barrage de Tabqa. En tant que mouvement purement militaire, il a tout son sens. S’il s’agit d’un mouvement politique, cela pourrait compliquer une situation déjà bien confuse.
Moon of Alabama | 23 mars 2017
Source: Arrêt sur Info