Des responsables irakiens ont affirmé samedi que de récents raids aériens contre la milice wahhabite terroriste Daesh (groupe Etat islamique-EI) à Mossoul avaient tué des dizaines de civils, la coalition internationale reconnaissant de son côté avoir frappé un secteur où des pertes civiles ont été rapportées.
Selon des responsables irakiens et des témoins, des frappes aériennes ont en effet tué des dizaines de personnes ces derniers jours dans l’ouest de Mossoul.
Mais les chiffres évoqués n’ont pas pu être vérifiés de source indépendante et le bilan du raid mentionné par la coalition n’est pas connu.
« A la demande des forces de sécurité irakiennes, la coalition a frappé des combattants et du matériel (de l’EI) le 17 mars à Mossoul-Ouest dans le secteur correspondant à des allégations de victimes civiles », a indiqué la coalition internationale antijihadiste dans un communiqué.
Elle a précisé qu’elle cherchait à déterminer le « bien fondé de ces allégations ».
Au début du mois, cette coalition menée par Washington avait indiqué qu’il était « probable qu’au moins 220 civils avaient été tués involontairement dans des frappes » effectuées par son aviation.
L’armée de l’air irakienne, qui bombarde également les jihadistes dans la deuxième ville du pays pour soutenir ses troupes engagées au sol, n’a elle pas publié d’estimations de victimes civiles causées par ses frappes.
Les forces irakiennes ont lancé une offensive pour reprendre l’ouest de Mossoul le 19 février, après avoir repris l’est de la ville en janvier. Depuis, elles ont reconquis un certain nombre de quartiers mais la vieille ville, notamment, leur échappe toujours.
Samedi, Bachar al-Kiki, le chef du conseil de la province de Ninive, a fait état de « dizaines de corps encore ensevelis sous les décombres » après des frappes aériennes à Mossoul, sans préciser quand ces raids avaient eu lieu.
Le gouverneur provincial Nawfal Hammadi a lui accusé la coalition d’avoir mené des frappes sur le quartier al-Jadida ayant tué « plus de 130 civils ».
« Daesh essaie de stopper par tous les moyens l’avancée des forces irakiennes à Mossoul. Il rassemble des civils (…) et les utilise comme boucliers humains », a déclaré M. Hammadi à l’AFP.
D’autres responsables ont fait état de centaines de morts dans des frappes, sans qu’il soit possible de confirmer ces bilans de source indépendante.
‘Abasourdis’
Omar Mohanned Sumayr et son oncle Manhal, des civils qui ont aujourd’hui fui Mossoul, ont assuré qu’un immeuble avec 170 personnes à l’intérieur avait été détruit alors que les combattants de l’EI étaient pourchassés depuis les airs.
« Des snipers de Daesh sont montés (sur les toits), ils ont ouvert le feu sur les forces irakiennes » et un avion les a frappés avec un missile, a affirmé Manhal. « Notre immeuble est à côté de celui qui a été détruit. »
Un général irakien, sous couvert de l’anonymat, a par ailleurs indiqué que les frappes avaient endommagé plus de 27 bâtiments résidentiels, dont trois avaient été complètement détruits.
L’ONU a exprimé sa « profonde inquiétude » et appelé toutes les parties engagées dans le conflit à protéger les civils.
« Nous sommes abasourdis par ces terribles pertes humaines et exprimons nos plus sincères condoléances aux familles touchées par cette tragédie », a déclaré Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak.
Les combats se concentrent actuellement aux abords de la vieille ville, un dédale de petites rues fortement peuplé, guère propice à l’avancée des blindés et où l’usage d’armes lourdes risque de mettre en péril les milliers de civils pris au piège par les jihadistes.
Plus d’un mois après le lancement de l’offensive sur Mossoul-Ouest, plus de 200.000 personnes ont fui les combats, selon le ministère irakien des Migrations et des Déplacés.
« Le nombre de déplacés venus des zones situées sur la rive droite (ouest, ndlr) de la ville de Mossoul s’établit à 201.275 personnes », a-t-il indiqué.
Mais environ 600.000 personnes se trouvent dans les zones encore tenues par l’EI, qui représentent environ 60% de Mossoul-Ouest. Elles sont notamment 400.000 dans la vieille ville, a affirmé jeudi un représentant du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en Irak.
Les combattants de l’EI se sont emparés en 2014 de larges pans de territoires au nord et à l’ouest de Bagdad mais, depuis, les forces irakiennes les ont chassés d’une grande partie de ces secteurs.
Source: Avec AFP