Mohamad Deif, de son vrai nom Mohamad Diab al-Masri, était connu pour être l’homme aux 7 vies. Il avait échappé aux 7 tentatives d’assassinat israéliennes pendant les 36 années de sa traque. Il a toutefois perdu un œil, une jambe, et vivait avec un corps à moitié brûlé et un bras endommagé.
Pendant deux de ces tentatives, il a aussi perdu sa première épouse et un fils en 2007, puis la seconde épouse, un second fils nouveau-né et une fille de 3 ans en 2014. Le Mossad et le Shin Bet le pourchassaient partout, bombardant ses lieux de résidence qu’il changeait tous les jours, sans égards pour la vie des membres de sa famille. « Tous des terroristes » selon le lexique israélien qui condamne tous les palestiniens qui résistent pour leur libération. Il figurait sur la liste américaine des « terroristes internationaux » depuis 2015.
C’est dans la bande de Gaza que ses parents avaient trouvé refuge après avoir été expulsés de leur village natal, al-Qabiya, situé actuellement dans le gouvernorat de Ramallah en Cisjordanie occupé. En 1953, ce village a été victime d’un massacre au cours duquel l’armée d’occupation a détruit 56 maisons sur les têtes de leurs habitants et tué 64 d’entre eux. Cette attaque avait été orchestrée par David Ben Gourion et exécutée par Ariel Sharon.
Il avait deux ans lorsqu’Israël a occupé la bande de Gaza qui était auparavant sous gouvernorat égyptien.
Deif a fait des études en Physique, chimie et sciences de la vie à l’Université islamique de Gaza et s’est fait remarquer par ses activités culturelles et théâtrales.
Ayant déménagé en Cisjordanie occupée où on l’a surnommé Deif, l’invité, il a rejoint les rangs du Fatah puis ceux du Hamas avec l’éclatement de la première intifada. Il a été arrêté par l’occupation pendant 16 mois sans procès.
Il avait contribué pendant les années 80 et 90 au côté de Yahia Ayache, « l’ingénieur », à la planification des opérations de résistance anti israéliennes dans les territoires occupés surtout les opérations martyres. En 1994, il avait contribué à la capture du soldat israélien Nahshon Waksman, opération qui a impacté les tractations de l’accord d’Oslo entre l’occupation israélienne et l’Organisation de libération de la Palestine.
En l’an 2000, il a été arrêté par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne mais a pu prendre la fuite avec l’éclatement de la seconde intifada au cours de laquelle il a formé de concert avec les deux résistants Zakaria Sharbaji et Salah Shehadé des groupes qui avaient pour mission de prendre en captivité des soldats de l’occupation pour les échanger contre des détenus palestiniens.
A partir de 2002, il est désigné commandant des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas et a dirigé plusieurs opérations contre l’occupation israélienne dans la bande de Gaza, jusqu’au retrait israélien en 2005.
Il a contribué au renforcement des capacités militaires des Brigades al-Qassam dans la bande de Gaza à commencer par les Qassam-1 et jusqu’aux obus anti chars Yassin 105, obus Chawaz, les systèmes de lances roquettes, les drones Zawari et de l’unité de l’Ombre. Il a joué un rôle clé dans l’édification des tunnels souterrains dans la bande de Gaza.
Il a dirigé la résistance dans les ripostes aux 4 offensives israéliennes meurtrières menées contre l’enclave palestinienne en 2008-2009, 2012, 2014, et 2021 qui ont fait des milliers de victimes civiles palestiniennes.
C’est lui qui a annoncé l’opération Déluge d’al-Aqsa le 7 octobre 2023 qui est considérée comme l’opération la plus importante depuis la Nakba et l’usurpation de la Palestine en 1948. Après avoir pris en captivité plus de 250 israéliens, des réservistes dans leur majeure partie, pour les échanger contre les milliers de Palestiniens enlevés par l’armée d’occupation en Cisjordanie occupée, ses combattants se sont livrés à des combats acharnés avec les soldats israéliens dans l’enveloppe de Gaza. Pendant cette bataille d’une vingtaine de jours, l’armée israélienne avait activé la règle de Hannibal qui lui permet de tuer des Israéliens en traquant les résistants. Sur les 1180 tués israéliens reconnus officiellement, le gouvernement israélien évite de préciser le chiffre de ceux qui ont succombé aux tirs israéliens. Jusqu’à présent, il refuse de mener l’enquête sur ce jour.
Le martyre d’Abou Khaled, son surnom, a été annoncé le jeudi 30 janvier, par le porte-parole des Qassam Abou Ubaida qui n’a pas précisé la date de son assassinat. L’armée d’occupation avait assuré l’avoir éliminé en mai 2024.
À l’annonce de sa mort et de celle de 6 commandants du conseil militaire des Qassam, des milliers de jeunes sont descendus dans les rues de Gaza et de Cisjordanie, en scandant un slogan devenu un mot d’ordre : « Préparez les épées, nous sommes les hommes de Mohammad Deif ».
« Le martyr Mohammad Deif , le commandant icône du jihad et de la résistance, l’homme que des millions ont idôlé et avaient acclamé sans connaitre son portrait », c’est en ce termes que le chef du Hamas Khalil al-Hayya lui a rendu hommage ce vendredi.
Evoquant tous les commandants qui se sont élevés en martyrs dans cette guerre, il a déclaré : « Nos commandants sont à l’avant-garde des martyrs, ils sont avec leur peuple dans la même tranchée… Ils ont offert leur âme généreusement sur la voie de Dieu… Ils ne craignent pas la mort. Ils ont combattu dans les premières lignes sur la voie de la résistance pour une Palestine libre et fière… Ils ont remis la bannière à une nouvelle génération».
Source: Divers