Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a informé les ministres lors de la réunion du cabinet politico-sécuritaire de la dissolution du cabinet de guerre, après le départ de Benny Gantz et Gadi Eizenkot.
Cette décision intervient dans le contexte de la demande du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, et du ministre des Finances Betsalel Smotrich, de rejoindre le cabinet restreint, ont rapporté, ce lundi 17 juin, les médias israéliens.
Dans une longue interview accordée à une chaîne israélienne, le député Gadi Eisenkot est revenu sur ce qui avait motivé sa décision.
Il a notamment mis en avant le fait que depuis ces derniers mois, les considérations politiques de Benjamin Netanyahu passaient au premier plan lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions déterminantes dans le domaine sécuritaire. Il a particulièrement dénoncé l’emprise d’Itamar Ben Gvir sur le gouvernement, le qualifiant de « ministre le plus dangereux ».
Selon lui, « au cours des deux ou trois derniers mois, nous avons vu que des considérations extérieures entraient en jeu, et influençaient la manière dont les décisions étaient prises – au point d’altérer notre capacité à atteindre les objectifs de la guerre. »
Et d’ajouter : « une telle situation s’est par exemple produite le 25 avril dernier. Ce jour-là il y a une discussion au cours de laquelle une décision unanime a été prise de donner un mandat à l’équipe de négociation pour un accord devant déboucher sur la libération des otages. Puis soudain, à une heure du matin, tous les chefs d’équipe et les chefs de l’establishment sécuritaire, ont été conviés pour une autre réunion, sans que ni Benny Gantz ni moi ne soyons prévenus. Il s’est avéré que Betsalel Smotrich avait demandé à Netanyahu de ne pas envoyer d’équipe de négociation, sans quoi il menaçait de quitter le gouvernement », a relaté Gadi Eisenkot.
« L’ancien Netanyahu, sous lequel j’étais chef d’état-major, aurait très bien compris qu’il fallait agir beaucoup plus rapidement pour atteindre les objectifs de guerre dans la bande de Gaza. Il aurait compris qu’une campagne à long terme ne pouvait amener une victoire complète. Il aurait compris qu’il était nécessaire de rapatrier les personnes enlevées, à la fois comme obligation morale et comme nécessité stratégique », a poursuivi l’ancien ministre, qui considère que le Premier ministre est mû avant tout par les calculs politiques.
« Les considérations politiques sont devenues centrales. Nous avons dû lutter avec lui pour arrêter les caprices de Ben Gvir pendant le (mois de) Ramadan, afin d’éviter que le Moyen-Orient ne s’enflamme… ».
D’après lui, « Ben Gvir est le ministre le plus influent, le plus menaçant et il est clair pour tout le monde, même s’il ne fait pas partie du cabinet, que son ombre plane en permanence sur le processus de décision ».
Et de conclure : « Le principal problème que j’ai souligné au cours des quatre derniers mois est son manque de prise de décision. Nous verrons dans une semaine ou deux, quand l’opération à Rafah sera terminée, s’il pousse vers un accord pour la libération des otages. Ce sera le grand test. »