Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé jeudi un « nouveau carnage » et des morts « totalement inacceptables » après la mort annoncée par le Hamas de plus de 110 personnes lors d’une distribution d’aide à Gaza qui a été attaqué par l’arme israélienne.
« Je suis horrifié par les informations sur un nouveau carnage parmi des civils de Gaza qui cherchaient désespérément à obtenir de l’aide humanitaire », a dit M. Borrell sur le réseau social X.
« Ces morts sont totalement inacceptables », a-t-il ajouté.
Selon le Hamas, au moins 112 Palestiniens ont été tués et 760 autres blessés jeudi lorsque l’armée israélienne a ouvert le feu sur la foule affamée, qui s’est ruée sur un convoi d’aide alimentaire dans la rue al-Rachid, à l’ouest de la ville de Gaza. Le mouvement de résistance a aussi accusé les chars d’avoir écrasé les gens. Jeudi, un médecin de l’hôpital al-Chifa et des témoins ont affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur la foule affamée qui se précipitait vers les camions d’aide.
L’armée d’occupation tente de se dédouaner de ce nouveau massacre. Reconnaissant des « tirs limités » de soldats qui se sentaient « menacés », arguant que la majorité des personnes tuées l’ont été dans une bousculade ou ont été écrasés par les camions qui transportaient de l’aide, comme l’ont rapporté les médias israéliens.
« Priver les gens de l’aide humanitaire constitue une violation grave » du droit humanitaire international, a précisé M. Borrell. « Un accès humanitaire sans entrave à Gaza doit être accordé. »
OMS: 10 enfants morts de faim
Selon l’OMS, se référant à des statistiques du gouvernement de Gaza, au moins 10 enfants sont morts des suites de la malnutrition.
Un chiffre certainement en-deçà de la réalité, a ajouté son porte-parole, Christian Lindmeier. « Les fondements mêmes de la subsistance quotidienne des gens sont détruits », a-t-il dénoncé.
Evoquant la mort des victimes du « carnage de la farine », le porte-parole de l’OMS a souligné à quel point les gens devaient avoir faim pour prendre ce genre de risques.
« Ce qui est important, c’est que les gens ont tellement besoin de nourriture, d’eau douce, de tout approvisionnement, qu’ils risquent leur vie pour obtenir de la nourriture, des fournitures pour subvenir aux besoins de leurs enfants et pour subvenir à leurs propres besoins », a-t-il lancé. « C’est le vrai drame, la vraie catastrophe ».
OCHA : Lorsque la famine sera déclarée, il sera trop tard
Pour sa part, l’agence de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a alerté une nouvelle fois vendredi qu’« Une famine est quasiment inévitable, si rien ne change ».
Selon l’AFP, l’ONU et les agences humanitaires ont des critères très précis pour déterminer un état de famine et elle n’a pas encore été déclarée pour le territoire palestinien malgré une situation catastrophique.
Mais « une fois qu’une famine est déclarée, il est trop tard pour trop de gens », a insisté le porte-parole l’OCHA, Jens Laerke.
En Somalie en 2011, quand la famine a été officiellement déclarée, la moitié du nombre total de victimes qu’a fait la catastrophe était déjà morte de faim.
Réactions internationales au massacre de la farine. Guterres, « choqué »
Concernant les réactions intenrationales au massacre de jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence et à huis clos, après que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, « choqué », a plaidé pour » « une enquête indépendante efficace ».
Ce drame, a reconnu le président américain, Joe Biden, va compliquer les pourparlers en vue d’une trêve. Fidèle allié d’Israël, les Etats-Unis ont exigé des « réponses » du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie de jeudi, appelant à une « enquête approfondie ».
« Le meilleur moyen d’alléger les souffrances du peuple palestinien est de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu temporaire (…) », a affirmé le département d’Etat jeudi, en parlant d’une situation « incroyablement désespérée » à Gaza.
L’Italie et l’Espagne ont condamné le drame de Gaza, jugeant « urgent » un cessez-le-feu. La France a dénoncé des tirs contre des civils « pris pour cible par des soldats israéliens » et réclamé une « enquête indépendante ». L’Allemagne a appelé Israël à « mener une enquête complète » et appelé à une « trêve humanitaire ».
La Chine a appelé à un « cessez-le-feu » et à garantir l’entrée des aides humanitaires dans le territoire, soumises au feu vert d’Israël.
Poids lourd du monde arabe, l’Arabie saoudite a condamné « la prise pour cible de civils sans défense par les forces d’occupation ».
Le Qatar, l’un des principaux médiateurs dans la guerre, a appelé à une « action internationale pour mettre fin immédiatement à l’agression (israélienne) ».
Source: Agences