L’armée d’occupation israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières mercredi sur la grande ville assiégée de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où les habitants tentent de s’abriter des bombardements et des combats parmi les plus intenses en deux mois de guerre contre la bande de Gaza au motif de combattre le Hamas.
Les Palestiniens de Gaza vivent « dans l’horreur la plus totale », a déclaré le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, affirmant craindre des « atrocités ».
Citant des analystes militaires, le Financial Times rapporte que la dévastation infligée au nord de Gaza en moins de sept semaines est proche de la dévastation causée par le bombardement massif des villes allemandes pendant des années pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les rues de Khan Younès, où sont aussi engagées des troupes au sol, étaient quasiment vides mercredi tandis que des morts et des blessés continuaient d’affluer dans les hôpitaux, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Selon un récent bilan du gouvernement de Gaza, le chiffre des martyrs depuis le 7 octobre a dépassé les 16.248, dont 70% d’enfants et de femmes et celui des blessés les 43.616. Il a indiqué que des tirs d’artillerie ont fait « des dizaines de morts et de blessés » dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villages à l’est de Khan Younès.
9 soldats tués. « L’objectif pas encore atteint ».
Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, en parallèle à sa campagne de frappes aériennes et d’artillerie, l’armée d’occupation israélienne a annoncé mardi avoir encerclé Khan Younès.
Elle a rendu compte mardi de la mort de 7 soldats dans les combats au sol et de deux soldats ce mercredi. 6 d’entre eux sont des officiers. Au total, 83 soldats israéliens ont été tués à Gaza depuis le début de l’offensive terrestre, selon l’armée.
« Nous avons sécurisé de nombreux bastions du Hamas dans le nord de la bande de Gaza, et nous menons maintenant des opérations contre ses bastions dans le sud », a déclaré mardi le chef d’état-major de l’armée, le général Herzi Halevi.
« Nos forces trouvent des armes dans presque tous les bâtiments et maisons, des terroristes dans de nombreuses maisons et les affrontent », a-t-il ajouté.
Mais selon le Washington Post, « Israël a ouvert le front sud de Gaza, mais il est encore loin d’avoir atteint son objectif militaire déclaré, qui est la destruction complète du mouvement Hamas ».
Le journal souligne que « les opérations menées par Israël dans le nord de Gaza sont loin d’être terminées ». « Bien que la majorité de la ville de Gaza ait été rasée par des frappes aériennes, les forces terrestres israéliennes ne sont pas encore entrées dans les principaux bastions du Hamas », a-t-il affirmé.
Combats terrestres et opérations
Des sources du Hamas et du Jihad islamique ont indiqué à l’AFP que leurs combattants affrontaient les troupes israéliennes dans le but de les empêcher d’entrer dans Khan Younès et les secteurs situés à l’est de la ville, ainsi que dans les camps de réfugiés à proximité.
Ce mercredi, les Brigades Al-Qassam ont déclaré avoir ciblé une maison dans laquelle s’abritaient des soldats de l’occupation dans l’axe oriental de la ville de Khan Younès. Elles ont assuré avoir abattu deux soldats israéliens.
Elles ont rapporté que leurs combattants ont pris pour cible 12 véhicules ennemis dans l’axe d’incursion du projet Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. Mardi, elles avaient indiqué avoir détruit ou endommagé 24 véhicules.
Les forces d’occupation avancent et reculent dans la zone du projet Beit Lahia et aux abords de la zone de Rabat et de l’école Awni al-Hartani, qui abrite des personnes déplacées, selon l’AFP.
Il est aussi question de violents affrontements entre résistants palestiniens et forces de l’occupation dans le quartier de Choujaiya, à l’est de la ville de Gaza.
250 cibles en 24 heures
L’armée d’occupation a continué à pilonner l’ensemble de la bande de Gaza, affirmant qu’environ 250 cibles ont été frappées en 24 heures. Elle a annoncé avoir tué « la plupart des hauts commandants » des brigades du Hamas opérant depuis un réseau de tunnels dans le nord de Gaza.
Elle a réclamé mercredi que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) puisse avoir accès aux 138 détenus à Gaza par le Hamas et des groupes affiliés. « L’armée israélienne fera tout ce qui est en son pouvoir pour secourir nos otages (…) Nous appelons les autres à faire de même », a déclaré son porte-parole, Daniel Hagari.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, des frappes aériennes contre le camp de Nousseirat, dans le centre, ont fait six morts et 14 blessés. D’après la même source, d’autres frappes sur le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord, ont fait plusieurs morts et blessés. Un charnier a été édifié à Jabalia en raison des difficultés de parvenir aux cimetières publics à cause de la violence des frappes israéliennes.
Le correspondant d’al-Manar a rendu compte de qu’il y a eu des dizaines de martyrs dans les raids qui ont visé Yarmouk, al-Sahaba, al-Touffah, al-Daraj et Choujaaiya dans la ville de Gaza.
De Khan Younès à Rafah
Selon l’ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées.
Des centaines de milliers de civils s’entassent à Khan Younès et ses environs, pour beaucoup déjà déplacés depuis le début de la guerre. Ils sont confrontés à une situation humanitaire catastrophique et acculés dans un périmètre de plus en plus exigu près de la frontière fermée avec l’Egypte. D’autant plus que l’aide n’arrive pratiquement plus à Khan Younès.
Des milliers d’entre eux, à pied, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur les toits de leurs voitures, continuent à fuir vers le sud et la ville voisine de Rafah, répondant aux injonctions de l’armée d’occupation israélienne.
« Toute la ville subit des destructions et des bombardements incessants. Beaucoup de gens arrivent du nord dans des conditions désastreuses, sans abri, à la recherche de leurs enfants », a raconté à l’AFP Hassan Al-Qadi, un habitant de Khan Younès déplacé à Rafah.
« Nous voulons comprendre. S’ils veulent nous tuer, qu’ils nous encerclent dans un seul endroit et nous éliminent tous ensemble. Mais nous pousser à nous déplacer d’un endroit à l’autre, ce n’est pas juste. Nous ne sommes pas de simples chiffres. Nous sommes des êtres humains », a-t-il ajouté.
Fadi Al-Ashi, un habitant de la ville de Gaza, dans le nord, est arrivé à Rafah après une longue errance.
« Nous avons été hébergés dans huit ou neuf maisons avant d’arriver ici », témoigne cet homme, qui a marché jusqu’à Rafah « parce qu’il n’y avait ni voitures ni aucun autre moyen de transport ».
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), Rafah est désormais le seul endroit du territoire, placé depuis le 9 octobre par « Israël » en état de siège total, où de l’aide humanitaire est encore distribuée, mais en quantité limitée.
Mais cette ville est aussi soumise à des raids israéliens. Il y a quelques jours, deux maisons appartenant aux deux familles Jazzar et Bawwab ont été réduits en miettes.
L’endroit le plus dangereux du monde
« Nous voici, errant dans les vastes étendues de la terre de Dieu, à la recherche d’un lieu où nous réfugier. Il semble qu’il n’y ait aucun endroit pour nous abriter », se lamente auprès de l’AFP Oumm Mahmud Tanasi, une habitante de Khan Younès en route vers Rafah, à la frontière avec l’Egypte.
« Aucun endroit n’est sûr à Gaza. Ni les hôpitaux ni les abris ni les camps de réfugiés. Personne n’est en sécurité. Ni les enfants. Ni les travailleurs de la santé. Ni les humanitaires. Ce mépris flagrant des bases de l’humanité doit cesser », a affirmé le coordinateur de l’aide d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths.
« La bande de Gaza est devenue en entier l’endroit le plus dangereux du monde », a déploré l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Chaque jour, les mêmes scènes de chaos se répètent à l’hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, comme dans les autres hôpitaux de la ville, où affluent les blessés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches.
« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il y a eu une explosion et j’ai été atteint par un éclat à la tête. Je me suis immédiatement jeté au sol », a raconté à l’AFP Mohamed al-Maqadma, un homme blessé à la tête par une frappe, soigné à l’hôpital du Croissant-Rouge de Khan Younès.
Source: Divers