Il y a près de deux semaines, le Liban semblait à la veille d’une nouvelle agression israélienne. Le président de la République et le secrétaire général du Hezbollah ont d’ailleurs tour à tour, chacun à sa manière et selon sa fonction, haussé le ton pour transmettre aux Israéliens le message suivant: toute nouvelle agression contre le Liban aura de graves conséquences sur l’intérieur israélien. En expliquant à une chaîne égyptienne que les armes du Hezbollah s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie de défense nationale, le chef de l’État a aussi voulu montrer aux Israéliens que toute attaque contre cette formation est une agression contre tout le Liban et sera donc considérée comme un acte de guerre. De même, Hassan Nasrallah a expliqué que si le Liban était attaqué, le Hezbollah pourrait envoyer des missiles non seulement à Haïfa où se trouvent les dépôts d’ammonium, mais aussi à Dimona (au sud d’Israël) où se trouvent les installations nucléaires israéliennes. Immédiatement, le ton israélien est descendu d’un cran et les risques d’une attaque semblent soudain moins grands.
Selon une source militaire, les déclarations musclées du chef de l’État et du secrétaire général du Hezbollah ont donc largement contribué à calmer les velléités belliqueuses des dirigeants israéliens. Mais ces derniers n’ont pas renoncé, pour autant, à toute idée de porter un coup au parti chiite. La possibilité qui est le plus souvent évoquée parle de raids aériens contre des positions du Hezbollah le long de la frontière libano-syrienne, ou alors dans la région syrienne limitrophe du Liban, où le Hezbollah est présent.
La source militaire précitée rappelle à cet égard que depuis la victoire enregistrée par le Hezbollah et les forces du régime syrien à Qousseir et dans le Qalamoun syrien, cette région est devenue un véritable bastion des forces alliées de l’armée arabe syrienne. La géographie montagneuse des lieux est favorable à l’installation par le Hezbollah de nombreuses rampes de missiles de moyenne et longue portée dans les grottes naturelles qui pullulent dans cette région. Il semble ainsi que le Hezbollah ait profité du retrait des combattants de l’opposition syrienne de la plus grande partie du Qalamoun syrien pour installer plusieurs bases militaires dans cette région qui surplombe la Syrie, le Liban, et même la Palestine occupée et un bout de la Jordanie. Il s’agit donc d’une zone stratégique dont le Hezbollah essaie de tirer profit au maximum.
Les Israéliens ne sont pas sans savoir que le Hezbollah a largement renforcé sa présence dans cette zone et ils songeraient à y effectuer quelques raids, en guise d’avertissement, à défaut de pouvoir mener une large offensive contre cette formation au Liban. La possibilité est d’autant plus évoquée qu’il existe encore des poches entre les mains des combattants de l’opposition dans le Qalamoun syrien et dans l’environnement proche de Zabadani et Madaya, ainsi que dans la zone limitrophe du jurd de Ersal. Ces poches pourraient donc être utilisées ou même servir de prétexte pour justifier une opération aérienne israélienne dans ce secteur.
Il faut préciser, dans ce contexte, qu’il a été à plusieurs reprises question pour l’armée arabe syrienne et ses alliés d’en finir avec ces poches, mais la décision n’a jamais été clairement annoncée. Il en est question dans les médias, mais l’exécution est sans cesse reportée. Selon la même source militaire, la raison du maintien de ces poches, alors qu’en raison du rapport des forces dans cette zone, elles pourraient être fermées, serait la crainte de représailles des forces de l’opposition syrienne contre les deux villes encerclées Kfaria et Fouha dans le rif nord d’Alep. À plusieurs reprises, l’armée arabe syrienne et ses alliés ont tenté de lever le blocus imposé à ces deux localités qui comptent encore près de 30 000 habitants sans y parvenir. L’armée arabe syrienne et ses alliés se heurtent donc à chaque fois à l’équation suivante: toute action militaire contre Zabadani, Madaya ou le Qalamoun déclencherait une attaque systématique contre les deux localités de Kfaria et Fouha. Pour cette raison, il n’y a donc eu, depuis la reprise de cette région par l’armée arabe syrienne et ses alliés, aucune tentative véritable d’en finir avec les poches des différentes factions de l’opposition syrienne dans le Qalamoun.
C’est dire qu’en dépit de la victoire de l’armée arabe syrienne et de ses alliés dans cette région, celle-ci continue à être à hauts risques. Mais un nouveau développement est survenu récemment qui est susceptible de changer la donne. Loin du nord de la Syrie où se déroulent actuellement les plus importants combats et loin de la base de Tartous, les Russes auraient décidé d’installer des postes fixes dans cette région montagneuse. Pour certains, il s’agit de simples observateurs, mais pour d’autres, ce sont de véritables positions militaires. Quelle que soit la version retenue, cette décision russe ne serait pas le fait du hasard. Selon la source militaire précitée, il s’agirait d’un message adressé par les Russes aux Israéliens pour qu’ils ne songent pas à attaquer cette région, car ce serait provoquer une riposte à partir de leurs positions militaires. Le message est visiblement parvenu à destination et globalement, après des menaces précises, la tension a baissé entre les Israéliens et les Libanais…
Source : L’Orient-Le Jour