Près d’une semaine après le début de leur offensive pour reprendre la partie ouest de Mossoul au groupe wahhabite terroriste Daesh (Etat-islamique -EI), les forces armées ont sécurisé la plupart des régions entourant la cité, repris l’aéroport et une base militaire contiguë, et pénétré dans les quartiers périphériques. (Vidéo)
L’assaut impliquant des milliers d’hommes de la Force d’intervention rapide (FIR), des unités d’élite du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale, a été lancé le 19 février principalement à partir du sud.
Les militaires se dirigent maintenant vers le centre de la ville septentrionale, sur la rive ouest du fleuve Tigre qui coupe la cité en deux.
« Actuellement, nous nous dirigeons vers le siège du gouvernorat de Mossoul dans le centre », a indiqué à l’AFP le lieutenant-colonel Abdelamir al-Mohammadawi sur la ligne de front, dans le quartier de Jawsaq repris en grande partie aux jihadistes wahhabites.
« Nous sommes à 500 km du consulat turc », a-t-il dit, en précisant que ses forces comptaient s’emparer de cet objectif avant d’atteindre le centre-ville.
En même temps, le Hachd al-Chaabi, une force paramilitaire formée de volontaires agit à l’ouest de Mossoul, jusqu’à la frontière avec la Syrie. Selon Média de guerre, elle a conquis la localité Ral-alZalat située à l’Est de Talafar.
‘Roquettes, chars, snipers’
Au fur et à mesure que les troupes progressent dans les quartiers densément peuplés de Mossoul-Ouest, « Daech utilise des habitants comme boucliers humains », a poursuivi le lieutenant-colonel, alors que les hélicoptères lançaient des roquettes sur les poches jihadistes à Jawsaq et que les tirs de chars pleuvaient pour neutraliser les franc-tireurs de l’EI.
Dans les secteurs « libérés » à Mossoul-Ouest, les habitants se réjouissent d’un retour à la liberté.
Les jihadistes takfiristes « nous obligeaient à porter des pantalons courts et à nous faire pousser la barbe. Les cigarettes étaient interdites. Les femmes devaient même couvrir leurs yeux », a indiqué Othman Raad, 20 ans, assis sur les marches de sa maison à Jawsaq, rapporte l’AFP.
« Là, nous sommes détendus, nos enfants sont en sécurité, nous sommes en sécurité », a-t-il ajouté, même si les combats font rage non loin.
En juin 2014, l’EI avait pris Mossoul et d’autres régions d’Irak avant de proclamer un « califat » à cheval sur l’Irak et la Syrie où il s’est aussi emparé de vastes pans du territoire. C’est à Mossoul que son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, avait fait sa seule apparition publique en juillet de la même année.
Le groupe wahhabite extrémiste a occupé un temps un tiers de l’Irak, mais depuis deux ans les régions sous son contrôle ont fondu.
Tactiques de l’EI
Mossoul est son dernier grand bastion en Irak. Les forces progouvernementales ont lancé le 17 octobre 2016 l’offensive pour reprendre la ville. Le 24 janvier, elles ont reconquis la partie orientale.
A Mossoul-Ouest, la bataille « progresse rapidement pour l’instant mais la prochaine étape pourrait s’avérer plus difficile », a indiqué le lieutenant-général Abdel Wahab al-Saadi du CTS.
L’EI semble avoir renforcé ses défenses à l’intérieur de la ville, creusant entre autres des trous dans les murs des maisons pour se déplacer discrètement.
Il a eu suffisamment de temps pour se préparer à une bataille qui pourrait être son dernier baroud d’honneur.
Des correspondants de l’AFP ont vu des vastes étendues de fumées noires au dessus de l’ouest de Mossoul, des incendies déclenchés par l’EI pour couvrir le ciel selon les commandants irakiens.
Une autre tactique de Daesh est d’étendre des tissus au-dessus des ruelles étroites de la vieille ville pour bloquer la surveillance aérienne, selon des images vues par l’AFP. Sans oublier, les kamikazes lancés contre les soldats.
Une perte totale de Mossoul représenterait un terrible revers pour l’EI qui ne contrôlerait plus alors qu’une région autour de la ville irakienne de Hawija, à 180 km au sud-est de Mossoul, la cité de Tal Afar, à l’ouest, et de petites localités dans l’ouest irakien.
Mais l’EI parvient encore à frapper avec des attentats qui ont fait la veille des dizaines de morts en Irak et en Syrie.