Le dossier des déplacés syriens au Liban inquiète de plus en plus avec l’arrivée de nouveaux flux via la contrebande. D’autant que leur majeure partie sont des jeunes hommes qui vivaient dans le nord syrien lequel échappe au contrôle de l’Etat syrien, faisant craindre qu’ils ne soient chargés d’attentats terroristes sur le territoire libanais.
Depuis New York où il s’est rendu pour participer à l’assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre libanais par intérim Najib Mikati a demandé à la communauté internationale de soutenir le Liban pour résoudre la crise des déplacés syriens dont l’expansion constitue un danger pour le Liban et son tissus social ».
Selon des sources politiques, le chiffre des syriens qui sont entrés ces deux derniers mois est nettement supérieur à celui qui a été déclaré. Il serait de l’ordre de 10 mille.
La Sûreté générale libanaise estime le nombre de Syriens résidant au Liban à deux millions et 80 000 réfugiés, dont la plupart n’ont pas de papiers légaux. Les données du HCR montrent que 840 000 réfugiés y sont enregistrés et qu’il existe environ 3 100 camps répartis sur le territoire libanais, dont la plupart se trouvent dans la Bekaa et dans le Nord.
Avec cette nouvelle vague, le gouvernement libanais a décrété toute une série de mesures, mobilisant les différents appareils de l’Etat pour contrôler et empêcher ces nouveaux flux.
La semaine passée, une force de l’armée libanaise escortée par une patrouille du renseignement a perquisitionné plusieurs camps des déplacés syriens dans la Bekaa et arrêté 43 syriens qui sont entrés au Liban illégalement.
Il a chargé entre autres les agences sécuritaires et militaires de coopérer et de coordonner entre elles pour contrôler les frontières terrestres et maritimes, empêcher l’entrée illégale de Syriens et prendre des mesures immédiates à leur encontre en termes de retour dans leur pays.
De même, le gouvernement a décidé de former une délégation ministérielle présidée par le chef de la diplomatie pour se rendre en Syrie.
Toutes les associations, notamment étrangères, ont été sommées de coordonner avec les ministères, les départements et agences militaires et de sécurité sous peine de leur retirer autorisation.
Car selon les connaisseurs de ce dossier, c’est la position européenne et américaine qui pose problème.
Depuis deux mois, avant le nouveau flux de déplacés syriens, le Parlement européen a voté à la majorité écrasante une résolution en faveur du maintien des déplacés syriens au Liban. Ce qui provoqué un choc dans les milieux libanais.
Les voix se sont élevées de plusieurs milieux politiques, toutes communautés confondues, réclamant de ne plus chercher à rassurer les Européens et de laisser les choses déborder, laissant passer les déplacés syriens qui désirent se rendre en Europe.
« Je crois que l’Europe va palper sérieusement dans les prochains mois que le Liban ne sera pas la station finale des déplacés syriens mais leur station passagère. Nous aurons un grand nombre qui chercherons à rejoindre l’Europe via la mer ou depuis l’aéroport de Beyrouth », a averti le ministre libanais des Affaires sociales Hector Hajjar pour le micro d’al-Manar.
« La politique européenne et américaine dans le dossier des déplacés a échoué. Ils voulaient qu’ils soient maintenus dans les pays hôtes, ce qui n’aura pas lieu », a-t-il mis en garde.
Selon lui, les Européens n’ont pas tardé à envoyer des messages dans lesquels ils font part de leur appréhension que le Liban ne devienne une plateforme pour exporter les déplacés vers l’Europe.
La semaine passée, Chypres a lancé un appel de détresse, assurant par la voix de son ministre de l’Intérieur que « le Liban est un barrage s’il s’effondre toute l’Europe sera confrontée à un problème ». Konstantinos Ioannou s’est engagé à tenter de persuader l’Union européenne et les Nations Unies de mettre fin au statut actuel de la Syrie d’Etat non sécurisée pour permettre le retour des déplacés.
Le Hezbollah pour sa part a exprimé sa disposition à mettre en œuvre tous ses moyens pour parachever ce retour. Proposant de présenter un projet de loi devant le Parlement pour réclamer ce retour.
Après une rencontre avec des membres de la Campagne nationale pour le retour des déplacés syriens, le député de son bloc Ibrahim Moussaoui a déclaré : « ce danger de l’implosion démographique des déplacés syriens fait partie d’un complot international, il faut insister sur ce point-là d’autant que nous sommes tous d’accord là-dessus. Le gouvernement libanais se devrait d’élever le niveau de sérieux pour aborder ce sujet, faire preuve de souveraineté et prendre l’initiative de parler avec le gouvernement syrien directement ».
Le député Moussaoui a toutefois déploré « l’absence d’une seule décision unifiée souverainiste dans le traitement de cette affaire ».
Source: Divers