Le ministre syrien de la réconciliation Ali Haïdar n’exclut pas une confrontation avec la Turquie, tout en assurant que Damas préfère pour l’instant régler l’affaire de l’ingérence turque par les moyens politiques.
« La politique de l’Etat syrien n’a pas changé et sa position à l’égard de la présence des forces turques également. Il s’agit d’une violation flagrante de la souveraineté syrienne. C’est une occupation. Et la porte est ouverte à une confrontation directe entre les Turcs et nous », a-t-il assuré lors d’un entretien accordé à l’agence russe Sputnik.
Cette position intervient au moment où les autorités turques et les milices syriennes qui leur sont alliées ont annoncé avoir pris la ville d’Al-Bab, située à 25 km de la frontière avec la Syrie. L’armée turque intervient en Syrie depuis Aout 2016, dans le cadre d’une offensive baptise Bouclier de l’Euphrate, sans le consentement du gouvernement syrien.
Selon le ministre Ali Haïdar, c’est la Russie qui est capable d’empêcher une telle escalade, ainsi que le retrait turc des territoires syriens ou le fait de ne pas y rester longtemps.
« Le seul interdit est que la Turquie tente d’imposer sa présence en Syrie d’une façon ouverte et se considère capable de ramener les pendules de l’histoire à l’expérience de la ville d’Iskenderun », a-t-il ajouté. Pour les Syriens, cette dernière a été , pendant la tutelle française, découpée de la Syrie et donnée à la Turquie.
Interrogé sur la relation avec les Kurdes, il a affirmé qu’il s’agit d’une affaire interne.
Interrogé sur le rôle russe en Syrie, M. Haïdar lui attribue d’avoir fourni une aide à Damas dans tous les dossiers dont celui des Kurdes, et qu’elle a été capable d’attirer certains dirigeants des miliciens vers le processus politique à commencer par Astana, ce qui constitue une épreuve pour leurs réelles intentions.
« Le côté russe a fourni de l’aide humanitaire et alimentaire considérable mais maintenant nous tentons de l’investir dans le processus de réconciliation », a-t-il indiqué.
Une bataille à Qaboune
En outre, le ministre syrien a révélé que l’armée gouvernementale est prête à lancer une opération militaire pour déloger les takfiristes du front al-Nosra des quartiers qu’ils occupent encore à l’Est de Damas . Il faisait allusion entre autre au quartier Qaboune que les miliciens takfiristes refusent d’évacuer
« Les takfiristes provoquent et initient les combats. L’Armée prend des mesures pour contrôler la situation. Nous sommes en train d’avancer dans deux directions principales : on se prépare à une opération militaire, que notre commandement déclenchera au moment opportun et l’on deploie des efforts pour la réconciliation qui, comme on l’espère, devancera le scénario militaire à Qaboune. Nous avons besoin de la décision sincère de djihadistes (de se rendre, ndlr) et on espère l’avoir dans les prochains jours », a indiqué le ministre.
Le 5 février, le président syrien Bachar El-Assad a une fois de plus prolongé un décret sur l’amnistie proposée aux miliciens qui rendent les armes, excepté les djihadistes takfiristes de Daech et du Front an-Nosra. À cette fin, de nouveaux centres de désarmement ont ouvert leurs portes aux alentours de la capitale syrienne.
Près de Damas, les autorités syriennes ont réussi, grâce au programme de réconciliation, à reprendre le contrôle des villes de Tall et Darayya.
Durant ces derniers jours, s’est ajouté à ce programme la localité de Serghaya, où près de 250 personnes, dont 80 miliciens ont été évacués vers Idleb, à l’ouest de la Syrie. Et ce dans le cadre « de l’entente de trêve locale conclue avec les autorités syriennes ».
Alors que les autres auront la possibilité de réglementer leur statut et d’être amnistiés après avoir rendus les armes.