Le Honduras va établir des relations « officielles » avec Pékin, a annoncé le mardi 14 mars la présidente Xiomara Castro, à qui Taipei a aussitôt demandé de ne pas prendre cette « mauvaise décision ».
« J’ai donné instruction au ministre des Affaires étrangères Eduardo Reina de gérer l’ouverture de relations officielles avec la République populaire de Chine », a annoncé Mme Castro sur Twitter.
Elle n’a pas évoqué explicitement l’avenir des relations avec Taïwan, que le Honduras est l’un des 14 derniers pays à reconnaître diplomatiquement.
La Chine qui revendique la souveraineté sur Taïwan, n’accepte pas que des pays puissent avoir des relations diplomatiques à la fois avec elle et avec Taipei. Toute reconnaissance de Pékin par un pays entraîne de facto la rupture entre celui-ci et Taïwan.
« Nous demandons au Honduras de bien réfléchir et de ne pas tomber dans le piège de la Chine en prenant une mauvaise décision qui nuirait à l’amitié à long terme entre Taïwan et le Honduras », a réagi le ministère des Affaires étrangères taïwanais dans un communiqué, cité par l’AFP.
Xiomara Castro, qui a pris ses fonctions début 2022, avait annoncé avant son arrivée au pouvoir son intention de reconnaître « immédiatement » la Chine.
Le 1er janvier dernier, le chef de la diplomatie hondurienne avait rencontré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Xie Feng, en marge de la cérémonie d’investiture du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Le 2 février, M. Reina avait annoncé des négociations avec la Chine pour construire un barrage hydroélectrique, tout en démentant que Tegucigalpa voulait reconnaître diplomatiquement Pékin.
Pékin avait déjà financé à hauteur de 300 millions de dollars un autre barrage au Honduras, inauguré en 2021 par le président de l’époque Juan Orlando Hernandez.
Alignés sur Washington, tous les pays d’Amérique centrale sont restés pendant des décennies liés à Taïwan. Mais aujourd’hui, seuls le Honduras, le Guatemala et le Belize entretiennent des liens avec l’île. Le Costa Rica (en 2007), le Panama (2017), le Salvador (2018) et le Nicaragua (2021) ont rompu avec Taipei et ont reconnu Pékin. La République dominicaine a fait de même en 2018.
Seuls 14 pays dans le monde reconnaissent Taïwan, dont le Paraguay, Haïti, le Vatican, l’Eswatini et sept petites nations insulaires des Caraïbes et du Pacifique. Taipei dispose cependant de bureaux de représentation faisant office « d’ambassades officieuses » dans de nombreux pays.