Evoquant les défis que le Liban affronte, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a exprimé ses doutes sur des velléités américaines de pousser le Liban vers le chaos et l’effondrement, menaçant dans ce cas d’en découdre avec « Israël ».
Sayed Nasrallah s’exprimait lors d’un discours consacré à la mémoire des commandants martyrs, célébré chaque année le 16 février pour rendre hommage à cheikh Ragheb Harb, sayed Abbas Moussawi et haj Imad Moughniyeh, trois personnages clés dans la création de la résistance et du Hezbollah et dans la réalisation de ses exploits.
Il a violemment critiqué les Etats-Unis sur plusieurs dossiers, celui de la conjoncture économique et financière actuelle au Liban et celui du séisme en Syrie dans lequel « ils ont montré leur vrai visage féroce », d’après ses termes.
Aux USA: Vous allez perdre tout au Liban
« Si les Américains et certains de l’intérieur planifient pour le chaos et l’effondrement du pays, je leur dis vous allez perdre tout au Liban », a-t-il menacé.
Il a mis en garde quiconque voulant « miser sur la souffrance » du peuple libanais « afin de le pousser à renoncer à ses choix » et à « renoncer à sa sécurité, à son existence, à sa souveraineté, à la sauvegarde de son honneur et des richesses », lui assurant qu’il est dans l’illusion.
Et d’avertir d’un ton menaçant : « Si vous poussez le Liban vers le chaos vous allez perdre car nous allons en découdre avec votre filleul « Israël ». Celui qui voudrait pousser le Liban vers le chaos et l’effondrement devrait s’attendre de notre part à quelque chose qui n’est jamais passé dans son esprit ni dans son imagination. L’avenir vous le dira ».
Dans son discours, sayed Nasrallah avait évoqué la crise traversée par le Liban sur le plan économique et financier, marquée ces derniers jours par une nouvelle dévaluation de la livre libanaise par rapport au dollar qui a franchi la barre de 80.000 avant de passer en dessous.
Selon lui, la cause de ce qu’il se passe au Liban est « les pressions américaines et la politique de retrait des fonds et des dépôts bancaires d’une manière planifiée d’avance ». Réaffirmant qu’il faut relancer les secteurs industriel et agricole et celui des hydrocarbures.
Gare aux atermoiements dans le dossier du gaz et pétrole
Il a soupçonné des velléités destinées à laisser trainer le dossier de l’extraction du gaz des gisements offshores libanais, sur lequel un accord a été conclu entre le Liban et l’entité sioniste l’été dernier, avec la médiation américaine, non sans pression et mises en gardes du Hezbollah à l’adresse des Israéliens s’ils entament le forage avant un accord.
« Si nous savons qu’il y a des atermoiements dans le sujet de l’extraction de gaz et de pétrole de nos gisements, nous n’accepterons pas que l’ennemi extraie son gaz de Karish », a-t-il averti, après avoir signalé qu’Israël a entamé le forage de ce gisement qui faisait partie de la transaction avec le Liban. Il a aussi insisté sur la nécessité que les Libanais œuvrent pour « une économie puissante et la recherche de nouveaux marchés à l’instar de la Russie et la Chine ».
Les demandes américaines sont sans fin
Selon lui, il ne faut pas miser sur les Etats-Unis dont il accuse l’administration d’exploiter « la corruption, les lacunes, les erreurs de gestion et les manquements dans les responsabilité », car « leurs demandes sont sans fin et ils ne sont jamais satisfaits ». Rappelant un discours de l’ex-président américain Barak Obama, lors d’une conférence universitaire en 2022, dans laquelle il explique comment Washington œuvrent pour contrôler les autres pays.
« Obama a dit : nous avons seulement besoin de corrompre l’opinion publique d’un pays en envoyant des messages chaotiques, en soulevant des interrogations et en diffusant des rumeurs et l’idée des complots », rapporte sayed Nasrallah.
Il a déclaré que le Liban est entré, à partir de 2019, dans un nouveau ciblage afin de remettre le Liban sous contrôle américain.
« Les Etats-Unis voudraient que le peuple perde confiance dans tous ses dirigeants et dans toutes les institutions politiques, comme ils l’ont fait d’innombrables fois dans les révolutions oranges qu’ils ont supervisés », a-t-il expliqué, opérant un lien avec le slogan qui avait été scandé lors des émeutes de novembre 2019, stigmatisant tous les leaders politiques du pays et les mettant tous dans un même sac.
Séisme en Syrie : fiasco des USA
Dans son discours sayed Nasrallah a parlé aussi du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier. Estimant qu’il est l’évènement le plus important qui a traversé notre région ces semaines et que « c’est une épreuve pour toute l’humanité ».
« Dans cette épreuve, les États-Unis ont une nouvelle fois échoué. L’administration américaine a dévoilé son vrai visage féroce », a-t-il souligné.
Et de poursuivre : « nous avons vu comment la communauté internationale et beaucoup d’Etats et de médias dans le monde se sont comportés avec les victimes sur le sol turc d’une part et les victimes dans les territoires syriens de l’autre. C’est une chute horrible. L’administration américaine a laissé les gens mourir les premiers jours du séisme via ses sanctions contre la Syrie et elle a attendu 9 jours pour accorder une exception bien limitée à la loi de César sur la Syrie ».
S’inspirer de l’esprit des commandants martyrs
Dans son allocution, le numéro un du Hezbollah s’est attardé sur les apports des trois commandants martyrs, affirmant qu’il faut préserver leurs exploits et leur revenir lorsque le pays traverse des défis majeurs afin de s’inspirer de leur lutte et leur persévérance.
« C’est grâce au sang de tous les martyrs au Liban que les exploits majeurs ont pu être réalisés en 40 ans, notamment la libération du Liban par étapes, la libération des prisonniers, le rétablissement de l’État et de la paix civile au Liban, la libération des eaux territoriales, de la zone économique et du secteur pétrolier et gazier », a-t-il entre autres, souligné.
Source: Al-Manar