Le géant pétrolier BP détient toujours sa part de 19,75% de Rosneft neuf mois après s’être engagé à sortir du groupe russe d’hydrocarbures dans la foulée de la guerre en Ukraine par Moscou et plaide que cette cession est « complexe ».
Le britannique a nié toutefois mercredi avoir reçu un dividende de Rosneft, après que le site d’informations sur la corruption et l’environnement Global Witness l’a accusé d’avoir touché 580 millions de livres.
« Depuis notre décision de sortir de Russie nous n’avons reçu aucun dividende », a déclaré David Nicholas, porte-parole de BP, à l’AFP.
Une parlementaire travailliste, Margaret Hodge, a également dénoncé mercredi au Parlement britannique « l’argent du sang ».
« Malgré sa promesse, BP reste l’un des plus importants actionnaires » de Rosneft, a déploré Mme Hodge, appelant Downing Street à « persuader BP de donner la totalité de ses dividendes russes à la reconstruction de l’Ukraine ».
BP dit « étudier ses options » mais qualifie de « complexe » la cession de ses 19,75% dans Rosneft, promise le 27 février, quelques jours après le début de l’offensive russe en Ukraine. Le groupe britannique met en avant les « sanctions internationales » et des « restrictions du gouvernement russe ».
« Nous avons vu des informations de presse selon lesquelles Rosneft dit nous avoir fait un paiement. Nous n’en avons aucune confirmation formelle et selon les réglementations russes, les entreprises (du pays) ne peuvent pas faire de paiements à des entreprises ou actionnaires provenant d’un pays +inamical+ », à l’instar du Royaume-Uni, a détaillé le porte-parole.
Selon lui, « si un paiement avait été fait par Rosneft, nous supposons qu’il aurait été déposé sur un compte bancaire spécial dont nous ne pourrions faire de transferts sans la permission expresse du gouvernement russe ».
Dans ses résultats du troisième trimestre parus début novembre, BP expliquait aussi « ne pas être en mesure de vendre ses actions de Rosneft à la Bourse de Moscou ».
M. Nicholas s’est refusé à détailler les options éventuelles étudiées par BP pour sortir de Rosneft, la probabilité de succès ou une échéance.
Le secrétaire au Trésor britannique James Cartlidge a quant à lui indiqué que vendre des actifs russes, depuis le début de la guerre en Ukraine, n’est pas « un processus simple ».
BP a passé dans ses comptes du premier trimestre une « charge de plus de 24 milliards de dollars » pour refléter l’impact financier de sa sortie annoncée de Russie.
Au premier trimestre, il avait essuyé une perte massive de 20,4 milliards de dollars.
Source: AFP