Tout porte à croire que l’Occident est en train de démolir ce « droit international » qu’il a lui-même imposé aux Balkans dans les années 1990: le principe défendant de « changer les frontières dans les Balkans » est violé presque chaque jour.
Ainsi, ces quelques dernières semaines il a été proposé de diviser le Kosovo, d’échanger des territoires entre la Serbie et cette république autoproclamée ou de créer une troisième entité, cette fois croate, en Bosnie.
Pis encore, Dana Rohrabacher, cet éternel membre républicain du Congrès des États-Unis, a pris dans le collimateur la Macédoine. Mercredi, il a déclaré à la chaîne de télévision albanaise Vizion Plus que la création de la Macédoine était « une faute », que la Macédoine « n’était pas un pays », proposant de la partager entre le Kosovo et la Bulgarie. Le département d’État a eu beau déclarer qu’il respectait l’intégrité territoriale de la Macédoine, le projet de Rohrabacher a déjà fait beaucoup de bruit, provoquant l’indignation de Skopje.
Leon Kojen, ancien membre de la délégation serbe aux négociations sur le futur statut du Kosovo, a confié à Sputnik que le changement des frontières dans les Balkans avait été initié par les pays occidentaux. Ces derniers ont imposé le principe d’après lequel les États nouvellement formés recevaient le même territoire qu’ils avaient au sein de l’ex-Yougoslavie. Mais le processus s’est poursuivi dans les années 2000, alors que le Kosovo a proclamé son indépendance à titre unilatéral et avec le soutien des États-Unis.
Vladislav Jovanovic, ex-ministre yougoslave des Affaires étrangères, a déclaré à Sputnik que le thème du recoupage des frontières refaisait surface parce que pendant longtemps les Balkans avaient été considérés comme une zone d’intérêts exclusive de l’Occident, ce qui n’est plus vrai depuis quelques années.
« L’Occident se trompe en croyant contrôler complètement la situation. Il tente de supplanter d’autres acteurs, d’où un large terrain pour des spéculations de toutes sortes. Ainsi, l’Occident insiste sur une normalisation des rapports entre la Serbie et le Kosovo, au détriment de la Serbie bien sûr. Cependant, ce scénario semble de moins en moins réel, car en Serbie on entend de plus en plus souvent les voix appelant à ne pas acheter l’adhésion à l’UE contre l’abandon d’une partie de son territoire », signale M. Jovanovic.
Selon Leon Kojen, les frontières de la Croatie et de la Slovénie sont, dans une grande mesure, fixées définitivement, mais nombre d’interrogations existent à propos d’autres ex-républiques yougoslaves.
« L’élément clé est l’expansionnisme albanais qui bénéficie du soutien tacite des pays occidentaux, au premier chef des États-Unis, depuis le début des années 1990. En ce sens, le sort de la Macédoine reste une question, tout comme le dénouement de la crise kosovare », note l’expert.
Il espère que la politique américaine des années 1990 sera l’apanage du passé, marquant un événement important pour l’Europe et le Proche-Orient.
« En l’occurrence, la situation dans les Balkans se calmera. Difficile toutefois de dire quelle forme prendra ce calme. Du moins, ce sera le meilleur scénario pour notre région », a conclu l’expert.