Le Liban a protesté contre une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, la 2650, sur le renouvellement de la mission de la FINUL qui bafoue la souveraineté du Liban.
Le ministère libanais des Affaires étrangères a annoncé, ce mercredi, que « la résolution du Conseil de sécurité dans laquelle le renouvellement de la FINUL a eu lieu comprend un langage incompatible avec ce qui était indiqué dans l’accord-cadre ».
Le 31 août, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé pour un an le mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) et a recommandé un soutien à l’armée libanaise, qui est « important pour la stabilité du pays ».
Dans la foulée, il a ajouté un paragraphe dans la clause 16.
Garantir la liberté de mouvement de la FINUL
Il y est question que « la FINUL n’a pas besoin d’autorisation ou de permission préalable de quiconque pour mener à bien les tâches qui lui sont assignées, et qu’elle est autorisée à mener ses opérations de manière indépendante ». Le communiqué a appelé « les parties à garantir la liberté de mouvement de la FINUL, notamment en autorisant la conduite de patrouilles déclarées et non déclarées ».
Le texte précédent en vigueur depuis 2006 stipulait que l’organisation onusienne se doit de coordonner son action avec l’armée libanaise au préalable.
Selon le ministère libanais des AE, après avoir comparé la décision de prolonger les travaux de la FINUL en 2021, par rapport à celle de cette année, il est clair que la phrase « la FINUL n’a pas besoin d’autorisation préalable » n’existait pas et qu’elle a été ajoutée à la clause 16 de la décision de prolongation.
Le ministère a déclaré avoir demandé une réunion avec le chef de la mission FINUL pour souligner l’importance de poursuivre une coordination permanente avec l’armée libanaise.
Tentatives précédentes de changer la mission de la FINUL
Selon l’expert militaire libanais, le général à la retraite Amine Hoteit, depuis le retrait israélien du Liban en l’an 2000, l’entité sioniste s’attelle pour changer la mission de maintien de la paix de la FINUL, dictée par la résolution 425 qui stipule le retrait israélien de tous les territoires libanais
‘Israël’ aspirait à ce que « cette force assume les fonctions de garde-frontières et de surveillance de la zone frontalière libanaise au service de sa sécurité et faire face à la résistance au Liban », a-t-il ecrit dans un article publié dans le journal électronique Assaad-alard. Mais ses tentatives ont été vaines, en dépit des pressions et des manœuvres américaines.
Amine Hoteit a rappelé qu’après la guerre 2006, l’entité sioniste a essayé avec l’aide des Etats-Unis d’inclure dans la résolution 1701 de cessation des hostilités ce même changement, incitant à modifier toute la structure de la résolution 425.
« Ils avaient alors tenté de la placer sous le chapitre VII et de transformer la FINUL en une force multinationale dont la mission serait de nature combative, contrairement à la mission de maintien de la paix telle avait été destinée initialement », a-t-il rapporté, soulignant que la tentative a échoué, et la mission est restée la même, en mettant l’accent sur le fait que c’est l’armée libanaise qui est responsable de la sécurité dans le sud, avec le soutien de la FINUL.
Depuis, cette dernière n’a pas le droit d’entreprendre de mission opérationnelle de manière unilatérale ou indépendante, sans la présence de l’armée libanaise, sans coordonner avec elle, ou qu’elle l’escorte de la manière qu’elle juge appropriée. Et ce en application avec le principe de préservation de la souveraineté du Liban sur son territoire et d’empêcher les forces étrangères d’entreprendre toute action militaire non décidée ou approuvée par l’armée libanaise.
2650: la FINUL devient une force d’occupation
Mais depuis cette date, indique Amine Hoteit, les tentatives israéliennes et américaines n’ont pas connu de répit.
La nouvelle résolution 2650 constitue selon lui « une violation de la souveraineté du Liban ».
Il rapporte qu’elle stipule aussi que « le Conseil condamne le harcèlement et l’intimidation du personnel de la FINUL, ainsi que le recours à des campagnes de désinformation contre les soldats de la paix. Il demande également à la mission de prendre des mesures pour surveiller et combattre la désinformation ».
A la lumière de cette nouvelle résolution, le général libanais à la retraite met en garde « que la FINUL va effectuer tout travail de terrain qu’elle juge approprié à sa mission, sans avoir besoin de l’approbation de l’armée libanaise, de sa participation ou de la coordination avec elle, ce qui est une dérogation flagrante à la finalité de la présence de ces forces au Liban ».
Ce qui veut dire d’après lui « qu’elle est devenue indépendante dans son travail de celui dont elle avait été chargée, notamment de la question de l’extension de la souveraineté de l’État sur ses terres ».
Il en découle d’après lui que la FINUL pourra « ériger des barrières et des points de contrôle, piller des propriétés privées et poursuivre des personnes selon son commandement, sans impliquer, coordonner ou exiger la présence de l’armée libanaise ».
« Ce qui signifie que la FINUL est ainsi transformée en un système militaire et de sécurité indépendant des services officiels libanais, il se transforme ainsi en une force d’occupation loin de sa position de soutien à l’armée libanaise pour établir la sécurité et la souveraineté de l’État sur ses terres », ajoute-t-il.
Amine Hoteit a dit aussi s’attendre à ce l’organisation onusienne « construise son propre système d’information et de renseignement sans coordination avec l’armée libanaise, ce qui en fait, compte tenu de ses relations et de celles de ses dirigeants avec Israël, un système d’espionnage pour l’ennemi sans surveillance de personne ».
Une ingérence dans le travail de l’armée libanaise
Il s’est arrêté aussi sur la demande formulée dans la résolution sur « la création d’un régiment libanais exemplaire et de son déploiement dans le sud ».
« Elle constitue une ingérence injustifiée dans le travail et l’organisation de l’armée libanaise », déplore-t-il.
Il a aussi critiqué le fait que « la résolution a ignoré de parler des frontières internationales qui stipulent que la Ligne Bleue ne se substitue en aucun cas aux frontières fixes, sachant que c’est une ligne temporaire non convenue, à laquelle le Liban a émis des réserves dans 3 domaines, en l’an 2000, pour s’assurer du retrait israélien et rien de plus.
En l’an 2000, le général Amine Hoteit avait été chargé par l’armée et le gouvernement libanais des tractations sur les frontières avec l’ONU.
L’accord sur la Ligne bleue « stipule dans sa carte qu’elle n’affecte en rien les droits acquis décidés par les accords internationaux, notamment l’accord Paulet-Newcomb, qui définit les frontières internationales du Liban avec la Palestine occupée » assure-t-il. Avant de conclure que le Liban se devrait au plus vite de remédier aux lacunes de la résolution 2650 et en adressant des messages à l’ONU pour insister sur le droit du Liban « pour ne pas imposer un fait accompli qui réalise les objectifs de l’ennemi israélien aux dépens du Liban ».
Source: Divers