La famille de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, assassinée en mai dernier, a pressé le mardi 26 juillet Antony Blinken de faire rendre des comptes à ‘Israël’, mais le chef de la diplomatie américaine est resté sourd aux appels à une enquête indépendante.
Les proches de la journaliste, tuée alors qu’elle couvrait un assaut israélien contre la Cisjordanie occupée, se sont rendus à Washington à l’invitation de M. Blinken après avoir tenté, sans succès, de rencontrer le président Joe Biden lors de sa récente visite dans les Territoires palestiniens occupés.
« Nous continuons à demander des comptes et à réclamer justice pour Shireen », a déclaré à l’AFP la nièce de la journaliste, Lina Abu Akleh, à sa sortie du département d’Etat après un entretien de près d’une heure avec M. Blinken.
« Si personne n’est tenu responsable du meurtre de Shireen, c’est une sorte de feu vert donné à d’autres gouvernements pour tuer des citoyens américains », a ajouté la jeune femme de 27 ans, notamment accompagnée du frère de la journaliste, Tony Abu Akleh.
Lina Abu Akleh a indiqué que le secrétaire d’Etat américain avait compris les inquiétudes de la famille et promis « d’établir un meilleur canal de communication ».
Mais il « n’a pris aucun engagement » sur les appels de la famille à lancer une enquête américaine indépendante sur les circonstances de la mort de la reporter, a-t-elle ajouté.
Star de la chaîne panarabe Al Jazeera, Shireen Abu Akleh était équipée d’un gilet pare-balles avec la mention « presse » et d’un casque de reportage lorsqu’elle a été tuée d’une balle israélienne dans la tête le 11 mai à Jénine.
Aucun combattant palestinien n’était à proximité de la reporter, et des soldats israéliens étaient, eux, postés, à environ 200 mètres.
Le 4 juillet, les Etats-Unis avaient conclu dans un communiqué qu’elle avait « vraisemblablement » été tuée par un tir provenant d’une position israélienne, sans avoir de raison de croire que sa mort ait été intentionnelle. La famille avait critiqué ce communiqué.
Interrogé sur la possibilité d’une nouvelle enquête américaine, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, s’est toutefois contenté d’invoquer le communiqué du 4 juillet.
Blinken avait critiqué « l’intrusion de la police israélienne » lors des obsèques de la journaliste. Des policiers israéliens armés de matraques avaient tenté de disperser une foule brandissant des drapeaux palestiniens. A la suite de cette intervention, le cercueil avait failli tomber des mains des porteurs mais avait été rattrapé in extremis.
Les proches de Shireen Abu Akleh doivent aussi rencontrer des élus du Congrès qui ont appelé à une enquête du FBI.
« Si nous permettons que le meurtre de Shireen soit oublié, nous envoyons le message que les vies des citoyens américains de l’étranger n’ont pas d’importance, que les vies des Palestiniens qui vivent sous occupation israélienne n’ont pas d’importance, et que les journalistes les plus courageux du monde, ceux qui couvrent l’impact humain des conflits armés et de la violence, peuvent être sacrifiés », avait noté Tony Abu Akleh, avant les entretiens avec les dirigeants américains.