Le ministre français de l’Economie a alerté sur l’«impact absolument majeur» que pourrait avoir la crise énergétique sur la vie des Français et sur les entreprises. Il considère, notamment, qu’une «coupure totale du gaz russe» est fort probable.
S’exprimant le 10 juillet face à la presse dans le cadre des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Bruno Le Maire a décrit la crise énergétique actuelle comme «le sujet le plus important des mois qui viennent».
«Le plus dur, nous y sommes. Il va falloir faire des choix courageux», a prévenu le membre du gouvernement.
Selon lui, en effet, la France est actuellement confrontée à une crise pouvant avoir un «impact absolument majeur» sur le quotidien des citoyens, sur l’emploi, sur le fonctionnement des entreprises et sur «l’outil industriel français».
Dans ce contexte, Bruno Le Maire souhaite une «accélération» de l’indépendance énergétique de la France, qualifiant la désindustrialisation du pays ces dernières décennies de «scandale politique».
Or, la nationalisation à 100% d’EDF, récemment annoncée par la Première ministre Elisabeth Borne, devrait permettre d’agir plus vite face à la crise énergétique : la mainmise totale de l’Etat sur EDF lui permettra «de prendre des décisions plus rapides sur le sujet stratégique de la production d’électricité décarbonée en France», a ainsi fait valoir le ministre de l’Economie.
En outre, sur le moyen terme, le gouvernement prépare pour l’hiver prochain une série de mesures pour prioriser les ménages et certaines industries en cas de production insuffisante d’électricité.
«Il faut nous mettre en ordre de bataille maintenant sur l’organisation, le délestage, la sobriété, la réduction de consommation… C’est maintenant que nous devons prendre les décisions», a détaillé Bruno Le Maire, cité par l’AFP.
Les pays européens font face à une flambée des prix de l’énergie, en partie liée au conflit en Ukraine.
En effet, l’Union européenne a décidé de bannir la majeure partie des importations de pétrole russe, dans le cadre de ses sanctions prises depuis le lancement de l’opération militaire de la Russie en Ukraine.
Côté russe, le géant gazier Gazprom a récemment réduit ses livraisons à plusieurs pays européens, invoquant des problèmes techniques, les Européens dénonçant eux une «décision politique».
Bruno Le Maire a considéré, à ce sujet, qu’une «coupure totale du gaz russe» était «l’option la plus probable».
L’Allemagne, autrement plus dépendante au gaz russe que la France, est déjà sur le qui-vive.
Le Bundestag a adopté un plan d’économie : plus de chauffage au-dessus de 20 degrés l’hiver et plus d’eau chaude dans les bureaux individuels, par exemple.
L’augmentation des prix de l’énergie contribue d’ores et déjà à une inflation généralisée, qui risque de plomber durablement la consommation et la croissance.
Ces dernières semaines, les autorités russes ont nié toute responsabilité dans l’augmentation générale des prix, en particulier des denrées alimentaires, pointant notamment du doigt les politiques de relance américaines massives dans le contexte de pandémie de Covid-19, les choix énergétiques européens précédant le conflit en Ukraine et les sanctions occidentales antirusses.