Prêt à tout pour assurer son accès au trône, le prince héritier saoudien Mohamad ben Salmane multiplie ses concessions aux Israéliens, pour s’attirer le soutien des Américains.
Il aurait accepté d’autoriser aux Israéliens de s’acquérir des biens immobiliers dans les deux villes les plus sacrées des Musulmans, La Mecque et La Médine, a révélé le site de l’opposition saoudienne Saudi Leaks citant des sources sous le couvert de l’anonymat.
Selon ce site, ce projet cuit à petit feu a nécessité l’introduction d’un amendement à une loi qui avait été approuvée en avril 2000, et qui stipulait qu' »il n’est pas permis à un non-Saoudien d’acquérir par un moyen autre que par l’héritage, ni par le droit de propriété ou le droit de servitude ou d’usufruit sur des biens immobiliers situés dans les limites des villes de La Mecque et de Médine ».
Le nouvel amendement aurait été introduit le mois d’avril dernier : il permettrait aux non-Saoudiens de posséder des biens immobiliers dans les lieux des Deux Saintes Mosquées. Sont exceptées les «personnes qui sont interdites d’entrée», à condition que les règlements précisent les dispositions nécessaires à cet effet.
Le texte s’est abstenu de préciser qui sont ces « personnes à qui il est interdit d’entrer » dans ces deux villes saintes.
Les raisons de la décision ont été justifiées comme économiques, pour promouvoir le développement, augmenter la part de la contribution du secteur immobilier au produit intérieur, réduire les transferts étrangers, parvenir à un équilibre entre l’offre et la demande de biens immobiliers, stimuler le tourisme et augmenter les taux d’emploi pour les travailleurs de l’immobilier.
Cette décision -si elle s’avère vraie, serait l’une des pires concessions faites aux Israéliens et défie le sentiment des Musulmans. Elle se conjugue toutefois avec la multiplication des efforts de la part du prince héritier saoudien, ces derniers mois, illustrant sa disposition à officialiser la normalisation des relations entre le royaume et l’ennemi sioniste.
En mars dernier, dans un entretien au journal américain The Atlantic, il a dit en parlant d’Israël qu’il ne le voyait pas «comme un ennemi mais comme un allié potentiel », soulignant des intérêts communs entre les deux entités. Le mois suivant, son ministre des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane vantait les avantages de la normalisation.
Fin mai, il a permis à des dizaines d’hommes d’affaires israéliens de se rendre en Arabie saoudite ces derniers mois avec des passeports israéliens pour y effectuer des transactions dans les domaines de l’agriculture et du cyber, selon les médias israéliens.
Début mai, il a été question du «premier investissement saoudien public» en ‘Israël’ : des millions de dollars du gouvernement de Riyad seront investis dans des entreprises de haute technologie israéliennes, via le fonds de capital-investissement Affinity Partners, détenu par l’homme d’affaires Jared Kushner, gendre de l’ancien président américain Donald Trump, d’après le Wall Street Journal.
Ces signes de « bonne volonté » auraient fini par amadouer l’administration américaine. Après avoir boudé le royaume wahhabite, au moins dans les apparences, elle a changé sa politique à l’encontre du royaume au mépris des promesses électorales du président Joe Biden. Validant le document de la CIA qui impute à MBS le meurtre du journaliste saoudien du Washington Post Jamal Khashoggi, il avait alors qualifié l’Arabie saoudite «d’État paria », et y a aussi condamné la poursuite de la guerre contre le Yémen. Sans pour autant suspendre les ventes d’armes au royaume. Elles ont été arrêtées à peine deux mois.
Début juin, Biden a déclaré dans un discours vidéo « qu’il est possible que je me rende dans des pays du Moyen-Orient, et l’Arabie saoudite en fera peut-être partie ».
Quelque jours plus tard, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken posait les conditions du rétablissement des liens avec Washington. Expliquant ouvertement que l’administration Biden cherchait à obtenir de l’Arabie saoudite, entre autres, qu’elle normalise ses relations avec ‘Israël’. Clôturant les tractations menées par des responsables américains depuis le mois passé dans la capitale saoudienne.
Ces déclarations ne sont pas sans lien étroit avec la visite pour l’Arabie, annoncée par Washington pour cette semaine-ci, de l’envoyée spéciale « pour surveiller et combattre l’antisémitisme », l’ambassadrice Deborah Lipstadt. Visite dans le cadre d’une tournée au Moyen-Orient, qui englobera aussi ‘Israël’ et les Emirats arabes unis.
Selon le communiqué de la Maison Blanche, la responsable américaine entend partir des accords de normalisation, récemment conclus, « dans ses discussions avec des hauts fonctionnaires et des dirigeants de la société civile pour discuter des changements importants qui se produisent dans la région ».
« Si l’Arabie saoudite n’a pas encore normalisé ses relations avec Israël, elle a créé une atmosphère dans laquelle elle peut discuter de la normalisation », a dit Lipstadt, dans son discours le jeudi 23 juin, fixant l’objectif de sa visite à Riyad.
Soutenant ouvertement ses alliés qui ont rallié les Accords d’Abraham, l’Arabie saoudite semblait donner l’impression d’être rétardataire pour passer à l’acte, aux yeux des Américains et des Israéliens. Officiellement, Riyad liait sa décision à l’accomplissement d’un accord de paix avec les Palestiniens, une position qui devait lui permettre de garder son influence parmi les pays musulmans. D’autant que l’Iran est en tête de ceux qui refusent un compromis au dépens des droits du peuple palestinien. En tant que pays abritant les deux plus hauts lieux saints de l’Islam, la normalisation de l’Arabie saoudite, à la différence avec les autres pays, vêtirait un aspect hautement symbolique. Elle serait perçue comme une autre nakba.
Source: Divers