Au moins 49 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées dans une gigantesque explosion de produits chimiques, déclenchée par un incendie, dans un dépôt de conteneurs à Sitakunda, à environ 40 kilomètres du grand port de Chittagong, dans le sud-est du Bangladesh. L’incendie s’est déclaré le 4 juin vers 21h30.
Une aggravation du bilan était à craindre, certains blessés se trouvant dans un état critique. Des sauveteurs bénévoles, parfois chaussés uniquement de tongs, extrayaient des cadavres du dépôt calciné et jonché de débris, et affirmaient qu’il en restait encore à l’intérieur.
Des centaines de pompiers se sont précipités sur place pour l’éteindre mais, une heure après le déclenchement du sinistre, plusieurs conteneurs de produits chimiques ont explosé, ont indiqué les services d’incendie.
«Plus de 300 personnes sont blessées», a déclaré à l’AFP Elias Chowdhury, le principal responsable sanitaire de la région.
Selon lui, plusieurs personnes sont encore portées disparues, notamment des journalistes qui couvraient l’incendie en direct.
«Le nombre de morts va augmenter car les opérations de secours ne sont pas encore terminées», a-t-il averti.
«Il reste encore des corps dans les endroits affectés par le feu. J’ai vu huit ou dix cadavres», a raconté un secouriste aux médias.
Au moins sept pompiers sont morts et quatre sont portés disparus, a indiqué Reazul Karim, un responsable des services d’incendie.
Une explosion ressentie à des kilomètres
La gigantesque explosion a fait trembler des immeubles situés à plusieurs kilomètres de là, ont rapporté des témoins.
«Un cylindre a volé environ un demi-kilomètre depuis le lieu de l’incendie pour atterrir dans notre petit étang», a raconté Mohammad Ali, un épicier de 60 ans.
«L’explosion a envoyé des boules de feu dans le ciel. Des boules de feu qui tombaient comme de la pluie. Nous avons eu tellement peur que nous avons immédiatement fui», a-t-il ajouté.
«L’explosion m’a projeté à une dizaine de mètres de là où je me trouvais. Mes mains et mes jambes sont brûlées», a déclaré pour sa part Tofael Ahmed, un camionneur qui se trouvait dans l’entrepôt.
Le dépôt contenait du peroxyde d’hydrogène, un produit chimique aux multiples usages industriels, a déclaré aux journalistes le brigadier général Main Uddin, chef des pompiers.
«Nous n’avons toujours pas pu maîtriser l’incendie en raison de l’existence de ce produit chimique», a-t-il ajouté.
L’armée a annoncé l’envoi de 250 soldats pour aider aux opérations de secours, notamment pour empiler des sacs de sable afin d’empêcher des produits chimiques de se déverser dans la mer.
Le dépôt employait environ 600 personnes, a indiqué son directeur, Mujibur Rahman, qui a dit ignorer l’origine de l’incendie.
Mominur Rahman, l’administrateur en chef du district de Chittagong, a annoncé l’ouverture d’une enquête. Il a précisé que le dépôt contenait aussi des vêtements valant des millions de dollars qui devaient être exportés vers des pays occidentaux.
Environ 90% des quelque 100 milliards de dollars d’échanges commerciaux annuels du Bangladesh transitent par Chittagong. Ce grand port connaît un regain d’activité depuis la fin de l’année dernière grâce à la reprise économique mondiale après la pandémie.
Les incendies sont fréquents au Bangladesh, où les normes de sécurité sont peu respectées. En juillet 2021, 54 personnes étaient mortes dans l’incendie d’une gigantesque usine de transformation alimentaire située à l’extérieur de la capitale, Dacca. En février 2020, 70 personnes avaient péri dans un autre incendie qui avait ravagé plusieurs immeubles d’habitation à Dacca.