Les Etats-Unis se sont dits prêts mardi à « remuer ciel et terre » pour faire gagner l’Ukraine, pour le président ukrainien la victoire n’est qu’une question de temps, mais le moral des troupes de Kiev se dégrade et les forces russes continuent à grignoter du terrain dans l’est.
Voici un point de la situation, à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
Plusieurs localités comme Izioum et Kreminna sont tombées ces deux dernières semaines et l’armée russe continue de grignoter du terrain, poche par poche.
« L’offensive peut démarrer d’un jour à l’autre », a estimé lundi sur France 24 Ighor Zhovkva, directeur adjoint du cabinet du président ukrainien.
« Les Russes tentent d’avancer vers les villes de Sloviansk et Kramatorsk depuis le nord et l’est », selon le ministère britannique de la Défense.
Dans les régions du Donbass, « l’ennemi effectue des frappes sur les positions de nos troupes sur toute la longueur de la ligne de front avec mortiers, artillerie et lance-roquettes multiples », a indiqué mardi le ministère de la Défense ukrainien sur Telegram.
Dans la région de Lougansk notamment, la ville de Popasna continue d’être pilonnée, avec trois morts retrouvés sous les décombres d’un immeuble effondré, a indiqué mardi son gouverneur Serguiï Gaïdaï.
Et dans la région de Donetsk, au moins deux civils ont été tués et six autres blessés dans différentes localités, selon son gouverneur Pavlo Kyrylenko.
« On a une ligne de front très morcelée, qui ne suit pas une rivière, une route ou une autoroute. Maintenant c’est un village à nous, un à eux, un à nous, comme sur un échiquier », résume une porte-parole de l’armée ukrainienne.
Dans un bombardement à Kharkiv (Kharkov) , deuxième plus grande ville d’Ukraine, trois personnes ont été tuées et sept blessées, dont deux grièvement, selon les autorités régionales.
Deux missiles russes ont touché mardi matin la ville de Zaporijjia, faisant au moins un mort et un blessé et touchant une entreprise non précisée, selon l’administration régionale.
Zaporijjia, grand centre industriel sur le fleuve Dniepr, au sud duquel se trouve aussi la plus grande centrale nucléaire d’Europe, a été ces dernières semaines le point d’accueil des civils ukrainiens fuyant le siège de Marioupol et d’autres villes bombardées du Donbass.
Le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mardi que la ville se prépare maintenant à une attaque des forces russes venues de la côte.
A Marioupol, presqu’entièrement contrôlée par les Russes mais où sont toujours coincés quelque 100.000 civils selon Kiev, la situation est toujours bloquée.
Les forces russes continuent d’y pilonner le vaste complexe métallurgique Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants ukrainiens avec selon eux près de 1.000 civils, a indiqué mardi le gouverneur Kyrylenko.
Le niveau de radioactivité à Tchernobyl est « anormal » a estimé mardi le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, lors d’une visite sur le site 36 ans jour pour jour après la pire catastrophe nucléaire de l’Histoire, en 1986.
L’occupation du site à 150 au nord de Kiev par l’armée russe, entre le 24 février et fin mars, était « très, très dangereuse », a-t-il dénoncé. Le site avait notamment était touché par une coupure d’électricité.
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles. Rien qu’à Marioupol, les autorités ukrainiennes parlent de 20.000 morts, en raison des combats mais aussi de l’absence de nourriture, d’eau et d’électricité.
La Russie est « prête à coopérer » avec les Nations unies pour « soulager » les populations civiles en Ukraine, a assuré mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à Moscou.
Sur le plan militaire, le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu’environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués depuis le début du conflit et quelque 10.000 blessés.
Le Kremlin a récemment admis de son côté des « pertes importantes ». Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales font état de jusqu’à 12.000 soldats russes morts.
Quelque 8,3 millions de personnes pourraient avoir fui cette année l’Ukraine, a indiqué mardi l’ONU, qui a doublé son appel humanitaire pour ceux qui sont à l’intérieur du pays, envahi le 24 février par l’armée russe. Un peu plus de 5,2 millions d’Ukrainiens ont déjà fui leur pays, selon l’organisation.
Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait une population de 37 millions de personnes dans les régions sous le contrôle de son gouvernement. Ce chiffre exclut la Crimée (sud), annexée en 2014 par la Russie, et les régions de l’est contrôlées par des séparatistes prorusses.
Source: AFP