L’Ukraine n’est pas satisfaite du niveau de l’aide que l’Allemagne lui a procurée. D’après l’objection de son ambassadeur à Berlin, elle veut s’approvisionner dans les stocks d’armements et d’équipements militaires de l’armée allemande.
Ce mercredi 20 avril, l’ambassadeur de l’Ukraine en Allemagne, Andrei Melnyk, a qualifié d’insuffisante l’annonce de livraisons d’armes faite par le chancelier allemand Olaf Scholz. Ce dernier avait lors d’un point de presse mardi 19 avril, laissé entendre que les armes qu’il pourrait livrer à ce pays sont des armes issues de l’ex-Union soviétique possédées par les pays de l’Europe de l’Est membres de l’Otan. Sommés par des poids lourds de sa coalition gouvernementale pour lui fournir des armes lourdes il est resté évasif.
Selon Melnyk, les déclarations de Scholz ont été accueillies avec une grande déception et amertume dans la capitale ukrainienne Kiev.
Il a précisé au gouvernement allemand les armes qu’il pourrait lui fournir.
« L’hypothèse selon laquelle l’armée allemande ne pourra rien livrer à l’Ukraine est incompréhensible », a-t-il affirmé, notant que l’armée allemande possède plus de 400 véhicules blindés de transport de troupes Marder et en utilise environ 100 pour l’entraînement.
« Ainsi, ils peuvent être livrés immédiatement en Ukraine », a-t-il dit.
L’ambassadeur ukrainien a ajouté que « l’armée allemande dispose également d’environ 800 véhicules blindés de transport Fuchs, dont la plupart sont inutilisés. Par conséquent, ils peuvent être envoyés en Ukraine ».
Même suggestion pour la livraison des obusiers 2000 qualifiée de « très importante », il a fait remarquer que l’armée allemande en a dans ses magasins 120 pièces laissant entendre qu’il les convoite.
Bien que « l’Ukraine se félicite de la volonté de l’Allemagne de fournir des fonds supplémentaires pour l’approvisionnement en armes, il y a encore beaucoup plus de questions ouvertes que de réponses », a dénoncé Melnyk. Il s’est plaint d’un manque de coordination concernant l’achat d’armes à l’industrie allemande, expliquant que « les priorités de l’Ukraine ont reçu peu d’attention ».
Selon lui, le gouvernement allemand devrait « traiter franchement cette question critique et ne pas contourner les choses », estimant que « tout nouveau retard inutile coûte plus de vies ».
La semaine passée, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré que « l’Allemagne a presque épuisé toutes ses capacités pour approvisionner l’Ukraine en équipements de ses réserves militaires, mais elle travaille sur des livraisons qui seront effectuées directement par les producteurs d’armes ».
Lors de consultations vidéo avec des partenaires internationaux, Sholtz a confrmé « qu’il n’y aura presque pas d’approvisionnement à partir des stocks de l’armée allemande », ajoutant : « Nous devons réaliser ici que nos capacités ont atteint leurs limites ».
Mais Sholz a en revanche proposé à Kiev de l’argent pour se procurer les armes auprès de l’industrie allemande.
« Nous avons demandé à l’industrie allemande de l’armement de nous dire quels matériaux elle pourrait fournir dans le futur proche… L’Ukraine a maintenant choisi un groupe sur cette liste, et nous lui fournirons l’argent pour l’acheter », a-t-il déclaré, notant que parmi ce groupe se trouvaient des armes antichars, des équipements antiaériens et des munitions.
« Les partenaires de l’OTAN qui fournissent des armes de fabrication soviétique à l’Ukraine obtiendront des remplacements pour ces armes de l’Allemagne », a-t-il dit, ajoutant : « C’est quelque chose que nous ferons avec beaucoup d’autres qui ont emprunté le même chemin que nous ».
Dernière évolution de ce dossier : L’armée allemande s’est opposée à la fourniture de ses armes lourdes à l’Ukraine.
« Pour la gestion des forces armées allemandes, ainsi que pour la formation de nouveaux soldats, nous avons besoin de ces armes », a déclaré le contrôleur général adjoint des forces armées allemandes, Markus Lubenthal, dans une déclaration à la chaîne de télévision allemande « ZDF », ce mercredi.
Il a ajouté que l’Allemagne avait toujours besoin de véhicules de combat d’infanterie Marder pour remplir ses diverses obligations, y compris au sein de l’OTAN.
Sinon « l’armée allemande n’aurait rien pour envoyer une division à la Force de réaction rapide de l’OTAN, si elle a besoin de soutien », a-t-il objecté.
Source: Médias