Si les régimes des pays occidentaux cherchent activement des solutions dans la crise énergétique actuelle, il devient désormais assez évident que les difficultés observées aujourd’hui pourraient au contraire que croître.
Les prix du pétrole et du gaz continuent de battre des records de plusieurs années. Si les USA ont annoncé l’interdiction des importations de pétrole et de gaz russes, l’UE semble incapable de pouvoir franchir le pas même si les responsables bruxellois continuent de gesticuler quant à la nécessité de réduire la forte dépendance aux livraisons énergétiques en provenance de Russie.
La Norvège, deuxième fournisseur de l’UE derrière la Russie (20 et 45% des besoins européens respectivement) a d’ores et déjà déclaré ne pas être en mesure de pouvoir augmenter ses livraisons de gaz. Les bureaucrates bruxellois s’activent également en ce moment du côté des pays africains, notamment l’Algérie et le Nigéria, mais là aussi le constat parait évident: il ne sera pas possible, d’autant plus à court terme de pouvoir compenser le volume d’importation de gaz russe de manière sérieuse et notable.
Des faits très intéressants sont en train de se passer également au Moyen-Orient. The Wall Street Journal rapporte que les dirigeants saoudien et émirati ont refusé les appels téléphoniques du président US Joe Biden et auraient également signalé qu’ils n’aideront pas à atténuer la flambée des prix du pétrole, à moins que Washington ne les soutienne officiellement dans la guerre au Yémen.
En parlant toujours des pays du Golfe, il faudrait rappeler que les Emirats arabes unis, n’ont pas souhaité se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie et s’étaient abstenus lors du vote au Conseil de sécurité onusien sur le dossier ukrainien en qualité de membre non-permanent.
Tous ces événements confirment une fois de plus que la spirale des pressions, intimidations et sanctions en tout genre se retourne contre ses instigateurs. L’establishment occidental a beau vouloir faire passer l’idée de son extrême puissance dans les affaires planétaires, tout en continuant d’espérer un retour radical à l’ordre unipolaire – la réalité actuelle démontre que d’une part l’effet boomerang se fera ressentir de plein fouet sur la partie occidentale du monde, et de l’autre que nombre de pays de la planète, longtemps considérés comme ses alliés, s’éloignent progressivement de l’Occident.
Evidemment, les plus radicaux des atlantistes mettront en avant l’idée que l’unité occidentale est aujourd’hui la priorité absolue. Le fait est que même si cette prétendue unité saurait être obtenue, il leur sera extrêmement difficile d’expliquer à leurs populations les effets économiques que ces mêmes populations vont subir. Et pour beaucoup – subissent déjà. Probablement plus important encore, les événements récents auront démontré que le monde dans sa globalité – est effectivement énormément plus grand que le simple petit monde occidental, même si ce dernier continue d’activer des leviers sur lesquels il possède encore un contrôle.
L’autre avantage des événements en cours est qu’il aura également montré que de nombreux pays du monde n’ont plus peur de se libérer du joug «démocratique» occidental. Les masques de l’extrême arrogance et d’hypocrisie au summum sont définitivement tombés, et les nombreuses nations du monde comprennent parfaitement que le monde d’aujourd’hui et à venir ne peut être que post-occidental.
En attendant, les élites atlantistes peuvent continuer à chercher des solutions pour tenter de diminuer les effets de choc qui sont d’ailleurs loin d’avoir atteint toute leur intensité. Le souci est que leur incompétence professionnelle, alliée à une mentalité néocoloniale de supériorité, ne présagent absolument rien de bon. Y compris à destination de leurs propres populations.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur Continental