Le journal américain Wall Street Journal avait rapporté dans un article que le prince héritier d’Abou Dhabi, cheikh Mohammad ben Zayed, et le prince héritier d’Arabie saoudite, le prince Mohammad ben Salman, avaient refusé de répondre aux appels du président américain Joe Biden pour faire baisser les prix du pétrole en raison des répercussions de la crise ukrainienne.
Certaines informations, avec lesquelles l’un des experts est d’accord, indiquent que les positions de Washington sur de nombreuses questions liées à la sécurité du Golfe étaient à l’origine de la récente position saoudo-émiratie.
Deux experts ont convenu que Washington faisait chanter les États du Golfe à travers le dossier du Yémen, et que ses positions sur de nombreuses questions n’étaient que des actes de pression et de chantage.
L’ancien diplomate américain, Alberto Kegel Fernandez, a lié « la position saoudo-émiratie à celle de l’administration américaine envers le groupe Ansarullah au Yémen et envers l’Iran, affirmant: »L’administration Biden a passé sa première année à renforcer les positions des Houthis et de l’Iran, alors que les deux pays arabes riches en pétrole ne méritent pas son attention ? Quelle choquante surprise ».
Intérêts d’Etat
Pour sa part, le professeur de droit saoudien Asil Al-Juaid a déclaré : « Tout pays dans le monde, que ce soit l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis, cherchent à protéger ses propres intérêts, ce qui est normal dans les relations internationales ».
Dans un entretien à « Sputnik », il a souligné : « L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis jouissent d’une présence internationale forte et importante à tous les niveaux, et leurs intérêts ne font qu’un, tout comme les intérêts des autres pays du Conseil de coopération du Golfe, et donc les deux pays ne souhaitent se rallier avec aucune partie dans la crise mondiale pour le moment, à la lumière des bonnes relations avec toutes les parties ».
Il a estimé que « les positions récentes des deux pays sont basées sur la realpolitik, fondée sur le pragmatisme, et régie par des intérêts au premier et au dernier degré ».
Il a souligné que « les USA exploitent le dossier du Yémen et celui de l’Iran pour négocier avec les États du Golfe afin d’obtenir leur soutien pour réduire les prix du pétrole et nuire à la Russie, sachant que Moscou est également un allié important de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du reste des pays du Golfe. »
Il a expliqué que « l’Arabie saoudite est en mesure de gérer le dossier Iran-Yémen sans ingérence ni assistance, d’autant plus que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi dernier une résolution visant à renouveler le régime de sanctions contre le Yémen, qualifiant les « Houthis » de groupe terroriste pour la première fois, et l’incluant dans la liste des sanctions contre le Yémen en leur imposant un embargo sur les armes ».
La résolution de l’ONU proposée par les Émirats arabes unis étend l’embargo sur les armes à plusieurs dirigeants pour inclure l’ensemble du mouvement.
La politique américaine fluctue
L’analyste politique spécialisé dans les affaires internationales, Abdullah Al-Asiri, a souligné que « les politiques de l’administration américaine actuelle sont fluctuantes, et ne servent pas les intérêts de la coopération conjointe entre les deux pays (soit l’Arabie et les USA), elles sont censées prendre en considération l’intérêt d’une coopération positive avec le Royaume, notamment dans le dossier du Yémen ou en ce qui concerne la sécurité du Golfe et le dossier nucléaire. »
Le chantage de Washington aux États du Golfe
A ce titre, un analyste politique spécialisé dans les affaires internationales, Mohammad Saeed Al-Raz, a déclaré : « De nombreux liens solides et anciens sur les plans économique, bancaire et politique lient l’Arabie saoudite et les États-Unis d’Amérique, mais l’administration de la Maison Blanche -et avec elle des membres importants du Congrès du Parti démocrate- ont sous-estimé ces liens et ne les ont pas respectés, ce qui constitue une grave insulte à l’Arabie saoudite et à son rôle essentiel dans les relations entre les nations arabes et islamiques ».
Il a ajouté, dans un entretien à Sputnik, que « dans le contexte des tentatives américaines de mettre en œuvre le plan d’un nouveau Moyen-Orient, l’Arabie saoudite faisait partie des pays arabes qui devaient être divisés en trois zones, et avant cela, il y avait le plan de Hart Rodman en 2002, qui recommandait à la Maison Blanche de mettre en œuvre un plan visant à retirer l’autorité des familles royales dirigeantes en Arabie saoudite et dans tout le Golfe avant l’année 2025 ».
Il a souligné que « Washington a ignoré la vision de 2030 du prince héritier saoudien visant à ouvrir des perspectives d’avenir au Royaume, sans compter sa position indifférente à l’égard de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, y compris l’hésitation de l’administration américaine à exécuter des contrats d’armement signé avec Riyad plus d’une fois ».
Et d’ajouter: » le résultat de tout cela a été que le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane s’est entretenu par téléphone avec le président russe Vladimir Poutine et a refusé de parler avec le président Joe Biden. Cette position traduit ses priorités de préserver l’intérêt national et la souveraineté de l’État et son droit de prendre une position qui correspond à ses circonstances et à ses objectifs. La Maison Blanche a tenté en vain d’organiser des conversations téléphoniques entre le président américain Joe Biden, et le prince héritier saoudien, le prince Mohammad bin Salman, et le prince héritier d’Abu Dhabi, cheikh Mohammad ben Zayed, à un moment où Washington tente de mobiliser un soutien international pour affronter la Russie et contenir la hausse des prix du pétrole ».
Source: Traduit à partir de Sputnik Arabic